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La sécu se mobilise contre les antibiotiques

Rédigé par LATRECH Nadia | Samedi 19 Octobre 2002 à 00:00

           

Les Français, ces grands malades imaginaires et leurs drôles de pilules inutiles. Non seulement ils consomment beaucoup de médicaments, mais ils soignent des maladies qui n’existent nulle part ailleurs. Mais comment, mon Dieu, vont-ils survivre ? A partir de l’année prochaine, les Français « connus pour être les plus grands consommateurs de médicaments d’Europe » vont devoir se passer d’un quart de leurs chères pilules.
L’assurance-maladie lance une compagne d’information afin de limiter une pratique chère et nocive.



Les Français, ces grands malades imaginaires et leurs drôles de pilules inutiles. Non seulement ils consomment beaucoup de médicaments, mais ils soignent des maladies qui n’existent nulle part ailleurs. Mais comment, mon Dieu, vont-ils survivre ? A partir de l’année prochaine, les Français «  connus pour être les plus grands consommateurs de médicaments d’Europe » vont devoir se passer d’un quart de leurs chères pilules.

L’assurance-maladie lance une compagne d’information afin de limiter une pratique chère et nocive

 

Pour promouvoir le 'bon usage ' des antibiotiques et limiter le phénomène de résistance des bactéries, la Caisse Nationale d’Assurance-maladie (CNAM) lance, en ce mois d’Octobre, une vaste compagne d’information et de sensibilisation auprès des médecins et du grand public, pour  'préserver l’efficacité des antibiotiques ' lancé en novembre 2001 par Bernard Kouchner, l’ancien ministre de la santé.

 

Modifier les habitudes des Français ?

 

Il n’est guère étonnant que les français, qui consomment trois fois plus de médicaments que les Allemands et les Britanniques, dépensent des fortunes en pilules et potions n’ayant pas d’effet sensible. La France a en effet inventé une série de maladies qui n’existent pas ailleurs. Les symptômes de la crise de foie, cet apport si typiquement français à l’univers des maladies imaginaires, sont diagnostiqués en dehors de l’Hexagone comme ceux de la migraine, de la constipation ou des excès de table. Toutes les pharmacies offrent cependant un large éventail de remèdes aux noms exotiques censés calmer le foie surmené des Français. 

Confronté à un déficit de l’assurance-maladie de 6.1 milliard d’euros, le ministre, Jean-François  Mattéi, a annoncé le mois dernier que 835 des 4500 médicaments les plus couramment prescrits ne seront plus remboursés par la sécurité sociale en raison de leur « faible efficacité thérapeutique ». La liste inclut une gamme de produits très utilisés et typiquement français. ' L’objectif de la compagne d’information est au moins de stabiliser la progression des résistances en diminuant les prescriptions et en améliorant leur qualité, explique le professeur Portier '.

 

L’antibiotique : remède ou facilité ?

 

D’après un sondage mené par Ipso auprès de 1009 personnes et 800 médecins (généralistes, pédiatres, oto-rhino-laryngologistes) fournit quelques explications sur l’engouement des français pour ces médicaments et montre à quel point ils sont mal connus, mal prescrits et mal utilisés. Coté patients, l’antibiotique est considéré comme «le seul qui marche ». Il permet de 'retourner plus vite au travail' ou de ' remettre rapidement son enfant à la crèche' comme si on n’avait plus le temps d’être malade. Seuls 30% des personnes interrogées savent que les antibiotiques sont efficaces uniquement contre les bactéries.

 

Résultat

 

Ces facteurs peuvent expliquer le ralentissant échec des médicaments génériques en France : l’année dernière, ils n’ont représenté que 6% du total, contre 40% en Grande-Bretagne et 60% au Danemark. [L’accord signé en juin entre la Sécurité sociale et les syndicats de médecin prévoit que d’ici à novembre 2003 les génériques représentent un quart des ordonnances. Le plan Mattéi prévoit de rembourser les médicaments de marque au prix des génériques.] 

  En présentant son train de mesures, le ministre de la Santé a exprimé son  espoir de réduire le déficit de l’assurance maladie de près de 2 milliards d’euros en cinq ans et d’investir les fonds ainsi économisés dans la recherche médicale. Mais ses promesses n’ont pas, et pour cause, enthousiasmé beaucoup de Français.

 

On se demande si cette mobilisation est due à l’inquiétude de la santé des êtres humains ou au déficit financier de l’Etat ?





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