Napoléon, cinq ans avant son sacre d'empereur.
Il est minuit. Nous sommes à Paris, en ce jour du 15 juillet, de l’an 1801. Napoléon Bonaparte, Premier Consul de France et le pape Pie VII, viennent de signer le Concordat, un texte qui proclame que la religion catholique est la "religion de la grande majorité des citoyens français" abolissant au passage la loi de 1795 séparant l'Église et l'État. En échange de ce compromis, le Premier Consul pourra dorénavant nommer les évêques et obtient la reconnaissance officielle du Consulat par Rome.
Mais les choses n’auront pas été simples pour Napoléon.
Menées par le curé Étienne Bernier, curé de Saint-Laud, à Angers, qui avait déjà négocié la paix civile dans l'ouest vendéen, les discussions se poursuivent avec le cardinal Spina en novembre 1800. Les négociations bloquent sur la volonté de Bonaparte de confirmer des évêques constitutionnels dans leur charge, un signe en direction des républicains.
Il faudra l’intervention de Consalvi, le Secrétaire d'État du Saint-Siège, et celle de Joseph Bonaparte, le frère de Napoléon, pour que l’accord soit définitif.
En signant le Concordat, Pie VII reconnaît la République et renonce définitivement aux biens du clergé prélevés durant la Révolution française.
Mais les choses n’auront pas été simples pour Napoléon.
Menées par le curé Étienne Bernier, curé de Saint-Laud, à Angers, qui avait déjà négocié la paix civile dans l'ouest vendéen, les discussions se poursuivent avec le cardinal Spina en novembre 1800. Les négociations bloquent sur la volonté de Bonaparte de confirmer des évêques constitutionnels dans leur charge, un signe en direction des républicains.
Il faudra l’intervention de Consalvi, le Secrétaire d'État du Saint-Siège, et celle de Joseph Bonaparte, le frère de Napoléon, pour que l’accord soit définitif.
En signant le Concordat, Pie VII reconnaît la République et renonce définitivement aux biens du clergé prélevés durant la Révolution française.
Un accord inégal
La conséquence de ce texte sera pour le gouvernement français de s’assurer un contrôle sur l’église catholique de France et l’ensemble des confessions religieuses. Tous les ministres du culte sont désormais financés par l’Etat, catholiques, protestants luthériens et calvinistes et, en 1808, les juifs.
On peut dire que le Concordat a davantage bénéficié à la politique napoléonienne qu’au Saint-siège. Les évêques, nommés et rémunérés par l’Etat, deviennent de facto des fonctionnaires, possiblement révocables et le nombre de diocèses est réduit de moitié passant de cent vingt à soixante diocèses.
Mais Napoléon n’en restera pas là. En faisant rédiger les articles de loi précisant les termes du Concordat, il va restreindre davantage les dispositions de l’accord.
Sur conseil de Talleyrand, ministre des affaires étrangères, Napoléon introduit soixante dix-sept articles dits organiques, qui impliquent notamment l’obligation d’enseigner dans les séminaires les quatre article de la profession de foi gallicane.
Ces articles stipulent que "les papes ne peuvent déposer les souverains ni délier leurs sujets de leur obligation de fidélité, que les décisions des conciles oecuméniques priment sur les décisions pontificales, que le pape doit respecter les pratiques des Églises nationales, qu’il ne dispose enfin d'aucune infaillibilité".
On peut dire que le Concordat a davantage bénéficié à la politique napoléonienne qu’au Saint-siège. Les évêques, nommés et rémunérés par l’Etat, deviennent de facto des fonctionnaires, possiblement révocables et le nombre de diocèses est réduit de moitié passant de cent vingt à soixante diocèses.
Mais Napoléon n’en restera pas là. En faisant rédiger les articles de loi précisant les termes du Concordat, il va restreindre davantage les dispositions de l’accord.
Sur conseil de Talleyrand, ministre des affaires étrangères, Napoléon introduit soixante dix-sept articles dits organiques, qui impliquent notamment l’obligation d’enseigner dans les séminaires les quatre article de la profession de foi gallicane.
Ces articles stipulent que "les papes ne peuvent déposer les souverains ni délier leurs sujets de leur obligation de fidélité, que les décisions des conciles oecuméniques priment sur les décisions pontificales, que le pape doit respecter les pratiques des Églises nationales, qu’il ne dispose enfin d'aucune infaillibilité".
Le Pape Pie VII
La paix retrouvée
Les décisions des synodes et des conciles dépendront aussi de l’aval gouvernemental.
En dépit de cette manœuvre napoléonienne tardive, le Concordat sera plutôt bien accueilli par les Français. Il va mettre fin, en effet, à douze années de conflit religieux, depuis la Révolution et le vote de la Constitution civile du clergé par l'Assemblée constituante, le 12 juillet 1790.
Cette nouvelle constitution abrogeait le précédent Concordat qui datait de 1516, signé par le roi François 1er et le pape Léon X. Elle nationalisait l’église, faisait rémunérer les religieux par l’Etat et élire les évêques par les fidèles. Une fois élus, les évêques devaient aussi prêter serment de fidélité à "la nation, à la loi, au roi".
A l’époque, ce régime avait été condamné par le Saint-Siège. Un schisme était né entre le clergé assermenté ou constitutionnel et le clergé insermenté ou réfractaire, fidèle à Rome.
En 1905, les députés votent une loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat qui réaffirme le caractère laïque de la République française. A ce moment-là, trois régions françaises sont toujours annexées par l’Allemagne et échappent à ce régime laïc, le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la Moselle. Lorsqu’elles réintégreront le giron français, après la première guerre mondiale, elles conserveront leur statut concordataire jusqu’à aujourd’hui.
Le Concordat apaisa donc les esprits et permit, en outre à Napoléon, de renforcer son régime en s’assurant du soutien des milieux catholiques. Peu après sa signature, sort en librairie Le Génie du Christianisme de Chateaubriand qui va connaître un succès démentiel. C’est alors l’âge d’or du romantisme…
En dépit de cette manœuvre napoléonienne tardive, le Concordat sera plutôt bien accueilli par les Français. Il va mettre fin, en effet, à douze années de conflit religieux, depuis la Révolution et le vote de la Constitution civile du clergé par l'Assemblée constituante, le 12 juillet 1790.
Cette nouvelle constitution abrogeait le précédent Concordat qui datait de 1516, signé par le roi François 1er et le pape Léon X. Elle nationalisait l’église, faisait rémunérer les religieux par l’Etat et élire les évêques par les fidèles. Une fois élus, les évêques devaient aussi prêter serment de fidélité à "la nation, à la loi, au roi".
A l’époque, ce régime avait été condamné par le Saint-Siège. Un schisme était né entre le clergé assermenté ou constitutionnel et le clergé insermenté ou réfractaire, fidèle à Rome.
En 1905, les députés votent une loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat qui réaffirme le caractère laïque de la République française. A ce moment-là, trois régions françaises sont toujours annexées par l’Allemagne et échappent à ce régime laïc, le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la Moselle. Lorsqu’elles réintégreront le giron français, après la première guerre mondiale, elles conserveront leur statut concordataire jusqu’à aujourd’hui.
Le Concordat apaisa donc les esprits et permit, en outre à Napoléon, de renforcer son régime en s’assurant du soutien des milieux catholiques. Peu après sa signature, sort en librairie Le Génie du Christianisme de Chateaubriand qui va connaître un succès démentiel. C’est alors l’âge d’or du romantisme…