Amadou Hampaté Bâ disait que l'islam n'a pas de forme fixée ni de couleur déterminée: « il prend la forme et la couleur du vase qui le contient ». Cette observation vaut pour l'islam en France. En décidant d'élire leurs représentants, les musulmans de France ne se réfèrent pas à une tradition prophétique, ils s'inspirent de la culture dans laquelle ils baignent en France.
Le démocratie du compromis
Le fait est qu'il ne suffit pas de voter pour se dire démocrate. Les deux premiers mandats du CFCM l'ont prouvé. Les mosquées ont effectivement voté, mais le compromis l'a remporté. Le Cheikh Dalil Boubakeur de la Grande Mosquée de Paris a pris la tête d'un Conseil sans bénéficier d'une majorité. Fouad Alaoui de l'UOIF (Union de organisations islamiques de France), cible privilégiée de l'islamophobie française, a évité la vindicte médiatique pour asseoir une respectabilité méritée. Quant à la FNMF (Fédération nationale des musulmans de France) de Mohamed Bechari, elle a eu l'occasion de montrer qu'elle n'était plus une coquille vide. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, a prouvé que l'Etat avait bien la main sur ses barbus et que la droite extrême pouvait dormir tranquille. Ce fut donc une démocratie de compromis.
Au cours de ses deux mandats, le CFCM a vécu dans un montage hybride et inopérant. Pour survivre, sa recette fut d'en faire le moins possible. « Maigre bilan » reconnaît le Président. « Apathie » se désole un Vice-président. Mais soyons positifs.
Le CFCM a permis aux musulmans de France de travailler ensemble. Avant le CFCM, ils se concertaient par nécessité. Depuis le CFCM, ils se concertent par volonté. Fondamentalement, leurs divergences idéologiques n'opposent pas les fédérations musulmanes. Elles s'affrontent à cause de leur prétention à représenter tous les musulmans de France. Depuis deux décennies, elles couvent ce désir puéril d'hégémonie sur l'ensemble des musulmans de France.
La CCMTF (Coordination des musulmans turcs de France) échappe cependant à cette ambition. Il en va de même pour la FFAIACA (Fédération française des associations islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles). Ces petites fédérations ont un autre défaut de taille: elles sont engoncées dans la référence à des origines culturelles.
Le démocratie du compromis
Le fait est qu'il ne suffit pas de voter pour se dire démocrate. Les deux premiers mandats du CFCM l'ont prouvé. Les mosquées ont effectivement voté, mais le compromis l'a remporté. Le Cheikh Dalil Boubakeur de la Grande Mosquée de Paris a pris la tête d'un Conseil sans bénéficier d'une majorité. Fouad Alaoui de l'UOIF (Union de organisations islamiques de France), cible privilégiée de l'islamophobie française, a évité la vindicte médiatique pour asseoir une respectabilité méritée. Quant à la FNMF (Fédération nationale des musulmans de France) de Mohamed Bechari, elle a eu l'occasion de montrer qu'elle n'était plus une coquille vide. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, a prouvé que l'Etat avait bien la main sur ses barbus et que la droite extrême pouvait dormir tranquille. Ce fut donc une démocratie de compromis.
Au cours de ses deux mandats, le CFCM a vécu dans un montage hybride et inopérant. Pour survivre, sa recette fut d'en faire le moins possible. « Maigre bilan » reconnaît le Président. « Apathie » se désole un Vice-président. Mais soyons positifs.
Le CFCM a permis aux musulmans de France de travailler ensemble. Avant le CFCM, ils se concertaient par nécessité. Depuis le CFCM, ils se concertent par volonté. Fondamentalement, leurs divergences idéologiques n'opposent pas les fédérations musulmanes. Elles s'affrontent à cause de leur prétention à représenter tous les musulmans de France. Depuis deux décennies, elles couvent ce désir puéril d'hégémonie sur l'ensemble des musulmans de France.
La CCMTF (Coordination des musulmans turcs de France) échappe cependant à cette ambition. Il en va de même pour la FFAIACA (Fédération française des associations islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles). Ces petites fédérations ont un autre défaut de taille: elles sont engoncées dans la référence à des origines culturelles.
Le CFCM des nationalités d'origine
J'accuse le CFCM d'avoir amplifié la question des « pays d'origine » dans l'islam de France. En voulant démocratiser le choix des représentants, le CFCM a poussé au débat partisan. Aux fédérations, il fallait des arguments pour convaincre. Le critère national jusqu'alors marginal est apparu comme argument de campagne. Des lieux de culte ouverts à tous ont dû se positionner en « marocains » ou en « algériens ». Le « pays d'origine » est aujourd'hui le talon d'Achille du CFCM.
En la matière, la palme d'or revient à la FNMF. Parce qu'elle était une coquille vide et qu'elle n'avait rien de concret pour séduire les mosquées, la FNMF a pincé la corde marocaine. Le terrain était favorable. Les Français de références marocaines sont les plus nombreux dans la gestion des lieux de cultes. Autrement, la nationalité n'avait aucune importance à la FNMF. Youssouf Leclerc, à l'initiative de cette fédération, aurait du mal à se reconnaître dans cette « marocanité ».
Même la Grande mosquée de Paris, fédératrice et riche en symboles pour notre histoire commune, a fini par céder à la facilité du discours nationaliste. L'on peut comprendre qu'elle dénonce « le mètre carré cultuel » instauré par le CFCM, pour fixer le nombres de délégués par mosquée. Mais dans le même temps, la Grande mosquée de Paris se pose en représentant des « musulmans Algériens ». Depuis quand l'appartenance à l'islam est en rapport avec la nationalité ?
L'on se doit de reconnaître l'intelligence de l'UOIF sur cette question. Cette grande fédération a su échapper à la dérive nationaliste. Qualifiés d'intégristes par nos journaux, les dirigeants de l'UOIF ont aussi des références au Maghreb. Pour autant Fouad Alaoui soutient que « peu importe le pays d’origine, peu importe la couleur. Un musulman est un frère. Et il peut figurer sur notre liste qu’il soit d’Afrique noire ou d’ailleurs. »
J'accuse le CFCM d'avoir amplifié la question des « pays d'origine » dans l'islam de France. En voulant démocratiser le choix des représentants, le CFCM a poussé au débat partisan. Aux fédérations, il fallait des arguments pour convaincre. Le critère national jusqu'alors marginal est apparu comme argument de campagne. Des lieux de culte ouverts à tous ont dû se positionner en « marocains » ou en « algériens ». Le « pays d'origine » est aujourd'hui le talon d'Achille du CFCM.
En la matière, la palme d'or revient à la FNMF. Parce qu'elle était une coquille vide et qu'elle n'avait rien de concret pour séduire les mosquées, la FNMF a pincé la corde marocaine. Le terrain était favorable. Les Français de références marocaines sont les plus nombreux dans la gestion des lieux de cultes. Autrement, la nationalité n'avait aucune importance à la FNMF. Youssouf Leclerc, à l'initiative de cette fédération, aurait du mal à se reconnaître dans cette « marocanité ».
Même la Grande mosquée de Paris, fédératrice et riche en symboles pour notre histoire commune, a fini par céder à la facilité du discours nationaliste. L'on peut comprendre qu'elle dénonce « le mètre carré cultuel » instauré par le CFCM, pour fixer le nombres de délégués par mosquée. Mais dans le même temps, la Grande mosquée de Paris se pose en représentant des « musulmans Algériens ». Depuis quand l'appartenance à l'islam est en rapport avec la nationalité ?
L'on se doit de reconnaître l'intelligence de l'UOIF sur cette question. Cette grande fédération a su échapper à la dérive nationaliste. Qualifiés d'intégristes par nos journaux, les dirigeants de l'UOIF ont aussi des références au Maghreb. Pour autant Fouad Alaoui soutient que « peu importe le pays d’origine, peu importe la couleur. Un musulman est un frère. Et il peut figurer sur notre liste qu’il soit d’Afrique noire ou d’ailleurs. »
Beaucoup de boulot
Par son histoire, mais aussi à cause des bourdes qu'elle accumule depuis qu'elle a marginalisé ses intellectuels, l'UOIF est mal lotie pour mener le CFCM. C'est à juste titre que le RMF (rassemblement des musulmans de France) et le CCMTF se sont officiellement portés candidats à la succession de Dalil Boubakeur en désignant M. Mohamed Moussaoui et M. Haydar Demiryurek.
Ses adversaires qualifient le RMF de rassemblement des Marocains de France. Le reproche n'est pas sans fondement. Mais comment faire autrement puisqu'en démocratie la loi du plus grand nombre est de mise. N'en déplaise aux donneurs de leçons, les musulmans de France savent ce qu'est un bulletin de vote. Ils ont fait leur choix et l'on se doit de le respecter. Chacun pourra ensuite juger sur pièce.
Ce dimanche 22 juin, quel que soit le choix des mosquées, le président du CFCM devra prendre en compte trois points incontournables : 1- Rétablir le CFCM dans sa fonction de gestion du culte musulman. 2- Quitter le bourbier des nationalismes pour répondre aux besoins des musulmans de France. 3- Intégrer les associations musulmanes non affiliées aux mosquées, dans une démarche participative, pour combler le déficit de représentativité des seules mosquées .
« Paris ne s'est pas faite en jour », le CFCM ne sera pas achevé dimanche. Alors qu'il est mal né, ce conseil semble condamné à (sur)vivre. Son enfance est jalonnée d'échecs. Mais un des secrets de la réussite est de pouvoir « changer les défaites en victoires ». Le CFCM n'a plus droit à certaines erreurs. Il est sorti de l'enfance et doit assumer l'adolescence. Le nouveau président du CFCM aura besoin d'énergie, de courage, d'esprit d'initiative et surtout de liberté dans ses actions. Car il a du boulot à faire, beaucoup de boulot.
Par son histoire, mais aussi à cause des bourdes qu'elle accumule depuis qu'elle a marginalisé ses intellectuels, l'UOIF est mal lotie pour mener le CFCM. C'est à juste titre que le RMF (rassemblement des musulmans de France) et le CCMTF se sont officiellement portés candidats à la succession de Dalil Boubakeur en désignant M. Mohamed Moussaoui et M. Haydar Demiryurek.
Ses adversaires qualifient le RMF de rassemblement des Marocains de France. Le reproche n'est pas sans fondement. Mais comment faire autrement puisqu'en démocratie la loi du plus grand nombre est de mise. N'en déplaise aux donneurs de leçons, les musulmans de France savent ce qu'est un bulletin de vote. Ils ont fait leur choix et l'on se doit de le respecter. Chacun pourra ensuite juger sur pièce.
Ce dimanche 22 juin, quel que soit le choix des mosquées, le président du CFCM devra prendre en compte trois points incontournables : 1- Rétablir le CFCM dans sa fonction de gestion du culte musulman. 2- Quitter le bourbier des nationalismes pour répondre aux besoins des musulmans de France. 3- Intégrer les associations musulmanes non affiliées aux mosquées, dans une démarche participative, pour combler le déficit de représentativité des seules mosquées .
« Paris ne s'est pas faite en jour », le CFCM ne sera pas achevé dimanche. Alors qu'il est mal né, ce conseil semble condamné à (sur)vivre. Son enfance est jalonnée d'échecs. Mais un des secrets de la réussite est de pouvoir « changer les défaites en victoires ». Le CFCM n'a plus droit à certaines erreurs. Il est sorti de l'enfance et doit assumer l'adolescence. Le nouveau président du CFCM aura besoin d'énergie, de courage, d'esprit d'initiative et surtout de liberté dans ses actions. Car il a du boulot à faire, beaucoup de boulot.