Les inquiétudes de la mosquée de Lyon
La Grande Mosquée de Lyon tient à faire part de ses plus vives inquiétudes devant le projet de loi soumis à la discussion, tendant à réformer la politique de l'immigration.
A l'évidence, un Etat ne peut se désintéresser des conséquences économiques de ces choix sociaux, dans le domaine de l'immigration comme ailleurs.
En revanche, calquer la politique de l'immigration sur les seuls besoins économiques de la France est une option qui se place en rupture avec les traditions humanistes du pays, et qui nie les apports des immigrés à la société française.
Défendre ce modèle, c'est prendre le risque d'accréditer l'idée que la société aurait atteint, le seuil de tolérance, et que les étrangers ne peuvent être acceptés qu'ils servent les intérêts actuels de la France.
L'avenir d'une grande puissance telle la France dépendra de sa capacité à rayonner dans le monde, à affronter les défis du temps présent, et à se monter un modèle alors que la grande question est celle des équilibres de population entre le Nord et le Sud. L'œil rivé sur les sondages, et par crainte de fâcher les marges les plus rétrogrades de la société, le projet de loi s'enferme dans la conception d'une France faiblissante qui doit préserver ses forces, et refuse son ouverture au monde.
Les populations immigrées, par le sang versé, par le travail qu'elles ont fourni, par la force qu'apporte sa jeunesse, par les mixités sociales qui, quoiqu'il soit dit, entrent dans les réalités, ne pourraient que se sentir bafouées si la loi était votée, car leur reviendrait le statut définitif de supplétifs de la République.
La Grande Mosquée de Lyon voit dans ce projet un retournement qui a valeur d'atteinte au pacte républicain. Alors que les courants xénophobes revendiquent d'avoir pignon sur rue, ce projet, qui souffle sur les braises de l'incompréhension, ne peut avoir notre soutien
La Grande Mosquée de Lyon invite au regroupement de toutes les grandes familles de pensée, pour dans une vraie diversité, réaffirmer ce qui fonde la pacte social.
Lyon le 22 avril 2006