Le pays des droits de l’homme n’est certes pas celui des femmes. Une langue française sexiste, une représentation rétrograde des femmes axée sur leur appareil reproducteur, un nombre exorbitant de viols passés sous silence, un traitement discriminatoire en matière de salaire et de représentation sociale. Et avec tout ça des femmes qui jouent le jeu de l’infériorité, se disant « non pas égales mais différentes », entendez inférieures, en brandissant la maternité. Des femmes retournées au rang de femmes de ménage, dépoussiérant leur rôle traditionnel subalterne pour remettre au goût du jour les valeurs de la domination masculine. Et feuilletant les magazines de leur sexe afin d’instituer la discrimination et la soumission.
Pourtant ces Français, hommes et femmes, se déclarent les champions de l’égalité sexuelle en débusquant les atteintes à la dignité féminine dans les autres cultures. Se morfondant devant les mariages arrangés, les femmes voilées qui le sont bien sûr contre leur volonté, toutes ces femmes manipulées qui constituent les populations indigènes des peuples sous-développés. Des expressions toutes faites sont nées comme « la-lapidation-de-la-femme-adultère », alors qu’hommes et femmes sont susceptibles d’être lapidés dans le droit musulman. Une véritable cristallisation sur les femmes pour mieux les inférioriser. Un sport national bien hypocrite si l’on considère que la France compte 10 000 viols déclarés par an, que certains estiment à 50 000. Que ces mêmes Français brandissent les droits de l’homme, alors que le terme homme n’a jamais désigné les femmes ni ne possède pas le sens générique que nos pseudo-défenseurs de l’égalité décrètent. Voilà donc un mal bien français, dont les symptômes ont envahi toute la presse, qui revient à projeter sur l’Autre les manifestations de son propre sexisme rendu tabou, à fantasmer ses désirs inavouables de ravaler l’autre au rang de bête.