Rachid Adda
SaphirNews : Les élections se suivent et ne se ressemblent pas. Quels enjeux mettez-vous dans cette candidature ?
Rachid Adda : Effectivement, l’élection de juin avait un caractère national car il s’agissait de choisir la couleur politique de la majorité à l’Assemblée Nationale. Elle s’inscrivait dans le contexte de l’élection présidentielle. Cette fois-ci, c’est différent. Un député PS ou UMP de plus ne changeront rien à la donne nationale. D’autant que ces deux partis se retrouvent majoritairement pour remettre en cause la volonté populaire contre la constitution européenne massivement rejetée le 29 mai 2005. La question centrale de cette partielle est de choisir celle ou celui qui sera le plus apte et le plus digne pour représenter les habitants de la circonscription. Ma candidature, issue de la gauche sociale et républicaine, est le moyen de sanctionner à la fois une politique nationale de droite et une gestion locale de gauche qui sont toutes deux coresponsables de la situation difficile que connaît notre circonscription. Tous les clignotants sont au rouge alors que les atouts de nos communes sont nombreux.
Concrètement qu'est ce qui va mal dans cette situation ?
DSK et François Pupponi ont véhiculé l'imagerie d'Epinal sur la ville de Sarcelles au lieu de valoriser les atouts de la commune dont la richesse de sa population et une position géographique sans équivalent. Cela a contribué à maintenir la commune et plus généralement l'agglomération dans une relégation quand d'autres communes, comme Saint-Denis par exemple, ont pu en sortir grâce à un effet "stade de France". En dix ans aucune plus value locale n’a été apportée par l'équipe municipale afin de corriger les effets dévastateurs dans nos quartiers des politiques menées au plan national par la droite.
Et vous que proposez-vous ?
Des clauses d’insertion doivent être incluses dans les appels d’offres pour imposer que les entreprises recrutent ou contribuent à la formation des habitants de nos communes. Il faut avoir l’objectif de la mixité sociale en réservant une part de logements sociaux dans tous les projets immobiliers même privés. Il faut s’assurer de la diversité des fonctions urbaines (habitat, activités, services publics) dans les projets de rénovation urbaine afin de requalifier durablement nos quartiers et agir dans ce domaine dans la concertation et au profit des habitants actuels. Il faut surtout mettre le paquet sur l’Ecole pour qu’elle redevienne à nouveau une promesse d’extraction sociale pour chacun dans nos quartiers.
Je terminerai sur la méthode. L’instrumentalisation des communautés par certains élus à des fins électorales, selon l’adage « diviser pour mieux régner », porte atteinte au vivre ensemble. Elle crée un climat de défiance et de méfiance entre les habitants de nos communes en segmentant la population et en séparant des destins pourtant liés. Il faut avoir le même discours pour tous et forger une identité forte pour nos communes par des projets fédérateurs et non en s’adressant différemment en fonction de son auditoire. Dans nos communes plus qu’ailleurs, cela doit être la profession de foi de tout élu républicain. C’est le sens même de mon engagement en politique auprès de Jean-Pierre Chevènement et de ma candidature à cette élection dans la circonscription où je suis né.
On ne peut pas s'empêcher de penser à l'échec national des candidats dits de la diversité.
C’est justement parce que les partis politiques qui en ont fait la promotion étaient dans une logique d’affichage et qu’elles ont été présentées comme telles qu’elles ont été un échec. Et on a vu, dans des circonscriptions difficiles, toute une série de parachutages de personnalités politiques ou médiatiques souvent déconnectées de la réalité de terrain et imposées aux militants des sections locales. Les gros partis politiques fonctionnent à deux vitesses : d'un côté les colleurs d’affiches, et de l'autre une poignée de responsables, cumulant mandats et fonctions, qui verrouillent le fonctionnement démocratique. Pour que la France ait une assemblée qui lui ressemble vraiment, il faut permettre à la démocratie de vivre dans les partis et que les partis aient des élus à l’image de leurs militants.
Ceci dit, il est essentiel que l’Assemblée Nationale reflète d’avantage la réalité de la diversité française et des différentes sensibilités politiques. Je crois que cette élection partielle peut-être aussi une occasion saisie pour cela…
Dans vos priorités, vous promettez de recevoir les jeunes diplômés en recherche d’emploi. C'est bien, mais pour leur dire quoi exactement ?
D’abord une précision : je ne recevrai pas seulement les jeunes diplômés sans emploi qui m’en feront la demande mais aussi les jeunes qui sont dans une démarche d’insertion. Pas pour leur dire quelque chose mais pour agir et faire quelque chose face aux difficultés d’accès à l’emploi et même à des stages pour les jeunes de nos quartiers. Le chômage atteint des taux proches de 40 % dans certains quartiers et y touche notre jeunesse deux fois plus qu’ailleurs. Et pourtant le Val d’Oise est un département où les créations d’entreprises sont nombreuses et qui possède le premier pôle d’emploi de France autour de l’aéroport de Roissy. Or les habitants de l’Est du Val d’Oise profitent peu de ces emplois pourtant à quelques encablures à vol d’avion.
Pour expliquer ce chômage plus important qu’ailleurs, il y a bien entendu des raisons liées à l’inadéquation entre formations et emplois, les difficultés d’accès en transports collectifs vers Roissy-CDG ou aux dysfonctionnements des missions locales mais aussi des raisons liées à la stigmatisation de nos communes et de leurs habitants. Le délit d’adresse existe et les jeunes de nos quartiers sont parfois écartés par des employeurs potentiels parce qu’ils habitent Sarcelles, Garges ou Villiers-le-Bel.
Avec votre candidature, on ne peut s'empêcher de penser aussi à votre plainte contre le maire actuel de Sarcelles, M. Pupponi. Où en est l’affaire ?
C’est pourtant une affaire à dissocier totalement du contexte électoral puisque c’est en tant que citoyen que j’ai porté plainte dès janvier 2007. L’audience du 17 novembre à laquelle le Maire de Sarcelles ne s’est pas rendu avait été programmée avant même que l’on sache que DSK serait le candidat de Nicolas Sarkozy à la direction du FMI. Bien entendu les écrits de M. Pupponi prennent une dimension particulière dans une ville comme Sarcelles et quand leur auteur prétend par ailleurs vouloir être le porte parole de la banlieue.
Ce qui me gène plus c’est le silence de la presse pourtant alertée alors que les propos similaires d’un ministre algérien sur les origines supposées de Nicolas Sarkozy ont fait la une des médias nationaux. Dire d’un élu de la République Française que son action politique est motivée par ses origines ou sa religion supposée relève du racisme le plus nauséabond qu’il soit. Et c’est cela que je reproche aux propos de François Pupponi dans son livre et dans un article récent du journal Le Parisien. Les écrits sont tels que je ne veux même pas les reproduire dans votre interview. La société ne peut accepter de tels comportements de quiconque mais encore moins de la part d’un Maire d’une ville symbole comme Sarcelles. Il n’y a pas de droit d’antériorité ou de certificat d’origine contrôlée dans la conception républicaine de la Citoyenneté. L’affaire est reportée au 21 décembre. J’attends donc avec confiance et impatience que la justice suive son cours et sanctionne François Pupponi pour des écrits que je considère comme diffamatoire et injurieux.
C'est un peu anachronique, mais si vous aviez siégé à l'Assemblée, auriez vous soutenu la loi sur le contrôle ADN ?
Bien entendu que non. Tout comme je condamne la création de statistiques ethniques qui nous rappelleraient les heures les plus sombres de notre pays. Derrière l’alibi de faciliter les démarches des demandeurs d’asiles ou de lutter contre les discriminations, ces deux mesures sont contraires à l’éthique républicaine. Je suis soulagé que le conseil constitutionnel ait vidé de sa substance l’article sur les tests ADN et ait rejeté celui sur les statistiques ethniques. Ces deux mesures qui sont une véritable tache morale pour ce gouvernement ont contribué à instrumentaliser la question de l’immigration à des fins électoralistes. Mais le PS doit aussi balayer devant sa porte. Il ne peut pas être scandalisé à juste titre contre les tests ADN et se taire quand un de ses élus assigne à origine un autre élu en considérant la religion pourrait être transmise de façon héréditaire.
Rachid Adda : Effectivement, l’élection de juin avait un caractère national car il s’agissait de choisir la couleur politique de la majorité à l’Assemblée Nationale. Elle s’inscrivait dans le contexte de l’élection présidentielle. Cette fois-ci, c’est différent. Un député PS ou UMP de plus ne changeront rien à la donne nationale. D’autant que ces deux partis se retrouvent majoritairement pour remettre en cause la volonté populaire contre la constitution européenne massivement rejetée le 29 mai 2005. La question centrale de cette partielle est de choisir celle ou celui qui sera le plus apte et le plus digne pour représenter les habitants de la circonscription. Ma candidature, issue de la gauche sociale et républicaine, est le moyen de sanctionner à la fois une politique nationale de droite et une gestion locale de gauche qui sont toutes deux coresponsables de la situation difficile que connaît notre circonscription. Tous les clignotants sont au rouge alors que les atouts de nos communes sont nombreux.
Concrètement qu'est ce qui va mal dans cette situation ?
DSK et François Pupponi ont véhiculé l'imagerie d'Epinal sur la ville de Sarcelles au lieu de valoriser les atouts de la commune dont la richesse de sa population et une position géographique sans équivalent. Cela a contribué à maintenir la commune et plus généralement l'agglomération dans une relégation quand d'autres communes, comme Saint-Denis par exemple, ont pu en sortir grâce à un effet "stade de France". En dix ans aucune plus value locale n’a été apportée par l'équipe municipale afin de corriger les effets dévastateurs dans nos quartiers des politiques menées au plan national par la droite.
Et vous que proposez-vous ?
Des clauses d’insertion doivent être incluses dans les appels d’offres pour imposer que les entreprises recrutent ou contribuent à la formation des habitants de nos communes. Il faut avoir l’objectif de la mixité sociale en réservant une part de logements sociaux dans tous les projets immobiliers même privés. Il faut s’assurer de la diversité des fonctions urbaines (habitat, activités, services publics) dans les projets de rénovation urbaine afin de requalifier durablement nos quartiers et agir dans ce domaine dans la concertation et au profit des habitants actuels. Il faut surtout mettre le paquet sur l’Ecole pour qu’elle redevienne à nouveau une promesse d’extraction sociale pour chacun dans nos quartiers.
Je terminerai sur la méthode. L’instrumentalisation des communautés par certains élus à des fins électorales, selon l’adage « diviser pour mieux régner », porte atteinte au vivre ensemble. Elle crée un climat de défiance et de méfiance entre les habitants de nos communes en segmentant la population et en séparant des destins pourtant liés. Il faut avoir le même discours pour tous et forger une identité forte pour nos communes par des projets fédérateurs et non en s’adressant différemment en fonction de son auditoire. Dans nos communes plus qu’ailleurs, cela doit être la profession de foi de tout élu républicain. C’est le sens même de mon engagement en politique auprès de Jean-Pierre Chevènement et de ma candidature à cette élection dans la circonscription où je suis né.
On ne peut pas s'empêcher de penser à l'échec national des candidats dits de la diversité.
C’est justement parce que les partis politiques qui en ont fait la promotion étaient dans une logique d’affichage et qu’elles ont été présentées comme telles qu’elles ont été un échec. Et on a vu, dans des circonscriptions difficiles, toute une série de parachutages de personnalités politiques ou médiatiques souvent déconnectées de la réalité de terrain et imposées aux militants des sections locales. Les gros partis politiques fonctionnent à deux vitesses : d'un côté les colleurs d’affiches, et de l'autre une poignée de responsables, cumulant mandats et fonctions, qui verrouillent le fonctionnement démocratique. Pour que la France ait une assemblée qui lui ressemble vraiment, il faut permettre à la démocratie de vivre dans les partis et que les partis aient des élus à l’image de leurs militants.
Ceci dit, il est essentiel que l’Assemblée Nationale reflète d’avantage la réalité de la diversité française et des différentes sensibilités politiques. Je crois que cette élection partielle peut-être aussi une occasion saisie pour cela…
Dans vos priorités, vous promettez de recevoir les jeunes diplômés en recherche d’emploi. C'est bien, mais pour leur dire quoi exactement ?
D’abord une précision : je ne recevrai pas seulement les jeunes diplômés sans emploi qui m’en feront la demande mais aussi les jeunes qui sont dans une démarche d’insertion. Pas pour leur dire quelque chose mais pour agir et faire quelque chose face aux difficultés d’accès à l’emploi et même à des stages pour les jeunes de nos quartiers. Le chômage atteint des taux proches de 40 % dans certains quartiers et y touche notre jeunesse deux fois plus qu’ailleurs. Et pourtant le Val d’Oise est un département où les créations d’entreprises sont nombreuses et qui possède le premier pôle d’emploi de France autour de l’aéroport de Roissy. Or les habitants de l’Est du Val d’Oise profitent peu de ces emplois pourtant à quelques encablures à vol d’avion.
Pour expliquer ce chômage plus important qu’ailleurs, il y a bien entendu des raisons liées à l’inadéquation entre formations et emplois, les difficultés d’accès en transports collectifs vers Roissy-CDG ou aux dysfonctionnements des missions locales mais aussi des raisons liées à la stigmatisation de nos communes et de leurs habitants. Le délit d’adresse existe et les jeunes de nos quartiers sont parfois écartés par des employeurs potentiels parce qu’ils habitent Sarcelles, Garges ou Villiers-le-Bel.
Avec votre candidature, on ne peut s'empêcher de penser aussi à votre plainte contre le maire actuel de Sarcelles, M. Pupponi. Où en est l’affaire ?
C’est pourtant une affaire à dissocier totalement du contexte électoral puisque c’est en tant que citoyen que j’ai porté plainte dès janvier 2007. L’audience du 17 novembre à laquelle le Maire de Sarcelles ne s’est pas rendu avait été programmée avant même que l’on sache que DSK serait le candidat de Nicolas Sarkozy à la direction du FMI. Bien entendu les écrits de M. Pupponi prennent une dimension particulière dans une ville comme Sarcelles et quand leur auteur prétend par ailleurs vouloir être le porte parole de la banlieue.
Ce qui me gène plus c’est le silence de la presse pourtant alertée alors que les propos similaires d’un ministre algérien sur les origines supposées de Nicolas Sarkozy ont fait la une des médias nationaux. Dire d’un élu de la République Française que son action politique est motivée par ses origines ou sa religion supposée relève du racisme le plus nauséabond qu’il soit. Et c’est cela que je reproche aux propos de François Pupponi dans son livre et dans un article récent du journal Le Parisien. Les écrits sont tels que je ne veux même pas les reproduire dans votre interview. La société ne peut accepter de tels comportements de quiconque mais encore moins de la part d’un Maire d’une ville symbole comme Sarcelles. Il n’y a pas de droit d’antériorité ou de certificat d’origine contrôlée dans la conception républicaine de la Citoyenneté. L’affaire est reportée au 21 décembre. J’attends donc avec confiance et impatience que la justice suive son cours et sanctionne François Pupponi pour des écrits que je considère comme diffamatoire et injurieux.
C'est un peu anachronique, mais si vous aviez siégé à l'Assemblée, auriez vous soutenu la loi sur le contrôle ADN ?
Bien entendu que non. Tout comme je condamne la création de statistiques ethniques qui nous rappelleraient les heures les plus sombres de notre pays. Derrière l’alibi de faciliter les démarches des demandeurs d’asiles ou de lutter contre les discriminations, ces deux mesures sont contraires à l’éthique républicaine. Je suis soulagé que le conseil constitutionnel ait vidé de sa substance l’article sur les tests ADN et ait rejeté celui sur les statistiques ethniques. Ces deux mesures qui sont une véritable tache morale pour ce gouvernement ont contribué à instrumentaliser la question de l’immigration à des fins électoralistes. Mais le PS doit aussi balayer devant sa porte. Il ne peut pas être scandalisé à juste titre contre les tests ADN et se taire quand un de ses élus assigne à origine un autre élu en considérant la religion pourrait être transmise de façon héréditaire.