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Société

Militantisme et féminisme au coeur du Forum social des quartiers populaires

Rédigé par Fouad Bahri | Mardi 3 Juillet 2007 à 18:40

           

Le Forum social des quartiers populaires, qui s’est tenu les 21, 22 et 23 juin à Saint-Denis, a été l’occasion, pour les militants et les habitants des quartiers, d’ouvrir des débats et de tirer des bilans sur vingt ans de travail associatif. Ce fut notamment le cas de l’atelier intitulé "Quelle implication des musulmans dans les luttes ?", qui a rencontré un relatif succès. Avec au programme de cet atelier, la question du militantisme, du féminisme et de l'autonomie politique des quartiers.



Militantisme et féminisme au coeur du Forum social des quartiers populaires
Samedi, 12 h. Nous sommes à la bourse du travail de Saint-Denis, dans le 93. Depuis la veille, les habitants des quartiers et plusieurs cadres associatifs organisent leur Forum, celui des quartiers populaires. Un rendez-vous crucial, censé accoucher de vingt années de militantisme. Les discussions sont animés et les esprits, attentifs.

Un peu plus bas, dans une salle bondée de 10 m sur 8, un atelier rencontre un succès particulier. Il s’agit de l’atelier Quelle implication des musulmans dans les luttes ?
Un homme est à la tribune. D’un ton passionné, il martèle un discours qui suscite l’enthousiasme du public. Un discours atypique pour un cadre associatif musulman. Il s’agit d’Abdelaziz Chaambi, l’un des fondateurs de l’Union des jeunes musulmans de Lyon et actuel membre du Collectif des musulmans de France (lire l’interview).

"Moi, Abdelaziz, je ne veux plus défendre les mosquées. C’est à l’Etat de faire respecter la laïcité et le droit de culte en permettant aux musulmans de pratiquer le leur. Défendre le culte musulman, c’est exiger l’application de la laïcité, ni plus, ni moins. En dehors de cela, il y a d’autres problèmes. Des problèmes sociaux, de la misère, des guerres, et il faut agir là-dessus aussi."


Dans la foulée, Farouk, un militant du MIB, lui endosse le pas, en s’adressant au public. "On est pas là pour savoir ce qu’a fait l’un ou l’autre. On est là pour construire le demain de demain, en prenant le mail ou le téléphone de chacun."

Sortir du féminisme colonial

Féminisme, problèmes sociaux et politiques, expériences de terrains, les analyses se croisent et les propos pleuvent. Plusieurs femmes musulmanes, militantes associatives, expriment leurs indignations et leurs espoirs. "Il faut mettre les préjugés de côté et redonner le sens de la citoyenneté aux jeunes. Beaucoup d’entre eux ne se sentent pas français. J’ai proposé un jour à un jeune d’aller au théâtre. Il m’a répondu : "le théâtre, c’est pour les gouairs (NDLR : les français) ".

Pour Soumia, du Collectif féministe pour l’égalité, il n’y a rien à attendre des politiques.
"Il faut se prendre en main et je n’attends rien des politiques. Beaucoup parlent du communautarisme, mais le jour où ma fille me dira je veux être médecin, je serais bien obligé de lui dire que la République laïque, démocratique et égalitaire, le lui interdit."


Certaines de ces femmes souhaitent sortir de ce qu'elles appellent le féminisme colonial, qui perpétueraient, selon elles, des schémas de domination en imposant l’idée que l’émancipation passe par la sortie du religieux. Mais, précisent-elles, sortir d’une domination sans en imposer une autre. "Nous voulons proposer et partager une spiritualité, non l’imposer."

Progressivement, les conclusions de l'atelier se profilent. Avec deux mots clés : autonomie politique. C’est la conséquence que tire Chaambi, après plus de vingt ans de militantisme.

"Nous devons sortir des actions sociales comme le soutien scolaire, ou culturelle, pour nous orienter vers l’action politique autonome. Trop longtemps, nous avons assuré les carences de l’Etat. Résultat, il a fallu une loi scélérate pour exclure des petites filles voilées. Scélérate, car la laïcité c’est la neutralité religieuse de l’Etat et non de ses usagers. Sur le devoir de mémoire, le constat est aussi amer. Nous ne sommes pas égaux sur le plan de l’histoire et de la mémoire."






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