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Points de vue

Pourquoi Dieudonné et pas les autres ?

Rédigé par Draszen Paul | Mardi 1 Mars 2005 à 00:00

           

Nous voici une nouvelle fois confronté à une « affaire Dieudonné ». Une fois de plus, on prête à l’humoriste des idées et des propos qui ne sont pas les siens. Le site sioniste proche-orient.info a lancé cette fausse information qui a été reprise par tous les médias, les politiques et nos « donneurs de leçons médiatiques ». Dieudonné n’a pas tardé à démentir mais bien évidemment son démenti fut loin d’avoir le même écho que « l’information erronée » du site d’Elisabeth Schemla.



Nous voici une nouvelle fois confronté à une « affaire Dieudonné ». Une fois de plus, on prête à l’humoriste des idées et des propos qui ne sont pas les siens. Le site sioniste proche-orient.info a lancé cette fausse information qui a été reprise par tous les médias, les politiques et nos « donneurs de leçons médiatiques ». Dieudonné n’a pas tardé à démentir mais bien évidemment son démenti fut loin d’avoir le même écho que « l’information erronée » du site d’Elisabeth Schemla.

Au regard des propos et du traitement de cette affaire dans les médias, il est plus qu’intéressant de comparer la situation de Dieudonné à celle de Michel Houellebecque et de Claude Imbert.

Quelles sont les différences entre Dieudonné, Claude Imbert et Michel Houellebecq ?

Michel Houellebecq : « Dans ce paysage très minéral, très inspirant, je me suis dit que le fait de croire à un seul Dieu était le fait d'un crétin, je ne trouvais pas d'autre mot. Et la religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran, on est effondré... effondré! »

« L'islam est une religion dangereuse, et ce depuis son apparition. Heureusement, il est condamné. D'une part, parce que Dieu n'existe pas, et que même si on est con, on finit par s'en rendre compte. À long terme, la vérité triomphe. D'autre part, l'Islam est miné de l'intérieur par le capitalisme» voir

 

L’écrivain a été clair dans les termes qu’il a employés. Il est bien question de la religion et non d’une partie de cette religion ou même d’une interprétation que l’on pourrait avoir de cette religion. Reconnaissons à Houellebecq le fait que ses propos sont particulièrement « légers » par rapport aux écrits d’Oriana Fallaci.

Il va de soi que Michel Houellebecq a été poursuivi en justice, mais n’a pas été condamné tout comme d’ailleurs Oriana Fallaci :

'Ecrire que l'islam est la religion la plus con ne revient nullement à affirmer ni à sous-entendre que tous les musulmans devraient être ainsi qualifiés. Ce propos ne renferme aucune volonté d'invective, de mépris ou d'outrage envers le groupe de personnes (...) considéré'

Il est intéressant d’apprendre que l’on peut considérer qu’une religion est con et dangereuse, mais que les personnes qui suivent les préceptes de cette même religion ne sont ni cons ou dangereux…Il y a certes eu des condamnations, mais elles ont été bien timides. Quelles ont été les réactions à la suite de ses propos et de sa relaxe ?

Personne, même les musulmans qui ont été choqués et blessés par ses propos, n’a cherché à briser sa carrière. Personne, même les plus farouches opposants au racisme, n’a harcelé le célèbre écrivain afin qu’il revienne sur ses propos ou du moins qu’il présente des excuses. Personne, et surtout pas le moindre responsable politique, n’a mis en doute la décision de justice en faveur de Michel Houellebecq ou n’a demandé à ce que la justice ne fasse un exemple en le condamnant sévèrement. Personne, pas même celui qu’on nommerait « délinquant musulman de banlieue», n’est allé agresser l’écrivain ou ses fans à l’occasion d’une dédicace ou d’une interview. Personne, pas même le plus infâme des islamistes, n’a cherché à attenter à sa vie ou à lancer des appels au crime pour punir le « blasphémateur ».

Claude Imbert : « Il faut être honnête. Moi, je suis un peu islamophobe. Cela ne me gêne pas de le dire.  (...) J’ai le droit, je ne suis pas le seul dans ce pays à penser que l’islam - je dis bien l’islam, je ne parle même pas des islamistes - en tant que religion apporte une débilité d’archaïsmes divers, apporte une manière de considérer la femme, de déclasser régulièrement la femme » et « en plus un souci de supplanter la loi des Etats par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe ».

Nous ne nous permettrons pas de sous-estimer les capacités intellectuelles de ce vénérable journaliste qui connaît très bien la langue française et qui sait parfaitement quel poids les mots peuvent avoir. Claude Imbert a d’ailleurs eu l’occasion de confirmer ses propos et a bien fait comprendre qu’il n’y avait pas eu de malentendu.

Ici aussi, il n’est pas question pour l’auteur de ces propos de se limiter à certains musulmans ou à une certaine vision de l’islam. Le journaliste parle bien de cette religion dans son ensemble, qu’il considère comme une menace qui vise à « supplanter la loi des Etats… ».

Dans le Petit Robert, le mot « phobie » est défini comme suit :

- Crainte excessive, maladive et irraisonnée de certains objets, actes, situations ou idées.  acrophobie, agoraphobie, claustrophobie, éreuthophobie, hydrophobie, photophobie, zoophobie. Obsessions et phobies. Les phobies, manifestations des névroses. 

- Peur ou aversion instinctive,  dégoût, haine, horreur.

Pour rappel, le mot « xénophobie » est défini comme étant : une hostilité à ce qui est étranger.

Il y eut bien évidemment des condamnations, mais elles ont été une fois de plus bien timides :

Aucun BHL n’est intervenu pour dire qu’une personne qui se permettait d’avouer sa crainte irraisonnée (cf. définition du mot phobie sise plus haut) et son hostilité à l’égard de toute une religion pouvait être considérée comme le digne fils de Le Pen !

Aucun Elie Semoun ni Marc Olivier Fogiel n’est intervenu pour dire que l’expérience de Claude Imbert et son appartenance au Haut Conseil à l’Intégration ne pouvaient pas tout justifier !

Aucun Harlem Désir n’est intervenu pour demander le boycott des différents médias dans lesquels Claude Imbert travaille, que la justice le condamne sans ménagement ni ne l’a traité de « plus grand antisémite de France » (les musulmans sont des sémites au même titre que les juifs) !

Aucun François Hollande n’est intervenu en déclarant que les propos du journaliste du Point  tombaient sous le coup de la loi et qu’il considérait qu'ils étaient déshonorants pour celui qui les exprime !

 

Aucun Dominic Perben ou Jean-Pierre Raffarin n’est intervenu auprès de la justice pour demander une enquête préliminaire sur les déclarations de Claude Imbert !

 

Pourquoi cette différence de traitement avec l’humoriste engagé Dieudonné ? Dieudonné a été accusé de tous les noms car il s’est permis de critiquer la politique de l’Etat israélien, l’idéologie sioniste et les excès d’une minorité de la communauté juive.

 

Chacun de ses propos ont été déformés afin de démontrer qu’il était antisémite, pourtant il n’a cessé de démentir, il a eu le soutien de nombreuses personnalités (juives et non juives) et les tribunaux lui ont donné raison. Alors pourquoi ?

 

Je ne reviendrai pas une nouvelle fois sur le sketch de Dieudonné chez Marc Olivier Fogiel, qui fut l’occasion d’assister à une formidable campagne de manipulation et à un non moins incroyable lynchage médiatique. 1 2 et 3

 

Si pour Claude Imbert et Michel Houellebecq il y a eu des condamnations, certes timides, s’agissant de Dieudonné nous sortons du cadre de la condamnation pour entrer dans celui de l’exécution pure et simple. Pourquoi ?

 

Pourtant les propos de Dieudonné ne sont pas différents de ceux d’intellectuels et de personnalités notamment américaines et israéliennes (Norman G. Finkelstein, Eyal Sivan,… ), qui s’expriment pourtant le plus librement du monde dans leurs pays respectifs en critiquant la politique de l’Etat israélien, les excès d’une partie de la communauté juive et l’intolérable chantage à l’antisémitisme. Alors pourquoi ?

 

Est-ce parce qu’il serait légalement et socialement autorisé de dire tout et n’importe quoi sur l’islam et les musulmans et à l’inverse il serait interdit de formuler la moindre critique à l’encontre de l’Etat israélien et plus généralement à l’encontre de la communauté juive ?

 

À moins que, pour se permettre de formuler des critiques à l’égard d’une communauté, quelle qu’elle soit, il faille être un célèbre écrivain ou journaliste ? Ou peut être n’est-il pas tolérable dans notre société qu’un Noir puisse se permettre d’aborder certains thèmes sérieux au lieu de se contenter de son rôle de saltimbanque ?

 

Nous avons tous en mémoire « l’affaire Baudis ». Le président du CSA avait subi une campagne de calomnie et s’était vu traîner dans la boue dans une affaire de prostitution et de meurtre. Dominique Baudis avait fini par avoir des droits de réponse notamment dans un grand hebdo people et à la télévision au journal de 20h.

 

Dieudonné subit depuis plus d’un an une campagne de destruction de son image, de sa vie professionnelle et personnelle. La quasi totalité des médias le boycotte, nombre de ses spectacles ont été annulés (dont l’Olympia) et il ne compte plus les articles et les interviews le traînant dans la boue sans oublier les lettres d’insultes et de menaces de morts…

 

Le seul droit de réponse qu’un grand média lui ait accordé, c’est l’émission enregistrée de Thierry Ardisson un samedi soir vers 23h où il a appris qu’il ne serait plus invité…

 

Pourquoi ?





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