Les étudiants préparent la prochaine manifestation : « Lille 3 en lutte. Facs fermées aux intérêts privés. »
On se rappelle la métaphore inventée par un fonctionnaire haut placé à propos de la réforme pour le CPE (contrat première embauche), « (les étudiants), c’est comme du dentifrice, quand ils sont sortis du tube, on ne peut plus les faire rentrer ». Malgré le blocage persistant d’une dizaine de facultés, le gouvernement ne fléchit pas sur le projet de loi sur les universités. Un système éducatif en crise, un pas en arrière dans la lutte pour l’égalité des chances.
Le discours du président Nicolas Sarkozy, jeudi 14 mai, à l’Élysée, a fait l’effet « cerise sur le gâteau ». Alors que les contestations s’enflamment dans le monde universitaire, le chef de l’État assure que le gouvernement « ne reviendrait pas » sur le projet de loi des universités (« loi relative aux libertés et responsabilités des universités », LRU), « parce que c’est l’intérêt de nos étudiants et de nos universités ».
Un discours ferme, qui ne satisfait évidemment ni les étudiants ni les chercheurs et universitaires, qui attendaient de sa part des « gestes d’apaisement », dans un appel adressé, le jour même, au gouvernement dans le journal Le Monde. Vingt-neuf personnalités ont signé un manifeste paru dans le quotidien du soir, jeudi, pour « refonder l’université ».
Le discours du président Nicolas Sarkozy, jeudi 14 mai, à l’Élysée, a fait l’effet « cerise sur le gâteau ». Alors que les contestations s’enflamment dans le monde universitaire, le chef de l’État assure que le gouvernement « ne reviendrait pas » sur le projet de loi des universités (« loi relative aux libertés et responsabilités des universités », LRU), « parce que c’est l’intérêt de nos étudiants et de nos universités ».
Un discours ferme, qui ne satisfait évidemment ni les étudiants ni les chercheurs et universitaires, qui attendaient de sa part des « gestes d’apaisement », dans un appel adressé, le jour même, au gouvernement dans le journal Le Monde. Vingt-neuf personnalités ont signé un manifeste paru dans le quotidien du soir, jeudi, pour « refonder l’université ».
Examens reportés
Les perturbations s’accentuent dans l’organisation des examens et alimentent l’inquiétude des étudiants. Le Premier ministre François Fillon a déclaré jeudi qu’un éventuel report des examens en septembre serait envisagé, dans le cas où les universités toujours bloquées à l’heure qu’il est se verraient dans l’impossibilité de les planifier en juillet. « Dans ces six universités, il y a 60 000 étudiants dont, effectivement, la fin des études est menacée par des blocages qui, la plupart du temps, sont le fruit d’une minorité qui refuse qu’il y ait des votes dans des assemblées générales », a souligné M. Fillon au Sénat.
Bien que beaucoup d’étudiants attestent que le blocage est « la seule solution », inquiets, ils sont de plus en plus nombreux dans les assemblées générales à souhaiter la reprise des cours et la tenue des examens. Période d’examen oblige, le mouvement contestataire s’essouffle, mais les syndicats affirment leur détermination et ne comptent pas lâcher du lest.
Bien que beaucoup d’étudiants attestent que le blocage est « la seule solution », inquiets, ils sont de plus en plus nombreux dans les assemblées générales à souhaiter la reprise des cours et la tenue des examens. Période d’examen oblige, le mouvement contestataire s’essouffle, mais les syndicats affirment leur détermination et ne comptent pas lâcher du lest.
Assia, Wissal, Rihab et Hizia, étudiantes en 2e année de psychologie : « La fac, ça devient la jungle. »
Une égalité des chances en danger
Côté étudiants, l’heure est au pessimisme. « On se sacrifie pour plus tard », commente Wissal, étudiante en deuxième année de psychologie à l’université Lille-3. Hizia et Assia, ses camarades, montent au créneau : « Se sacrifier ? On n’est déjà pas suffisamment favorisées comme cela ! » « Cette nouvelle loi va diminuer l’égalité des chances », s’inquiète à son tour Rihab, étudiante elle aussi. « Ce n’est plus un fossé qu’ils veulent creuser, c’est un océan », poursuit Hizia.
Faisant allusion aux minorités visibles, Khalil Ould El Mounir, président des Étudiants musulmans de France (EMF), se montre tout aussi inquiet : « La politique menée par le ministère (de l’Enseignement supérieur, ndlr) est inquiétante pour les couches les plus fragiles de notre société. »
Pour Elias Ould Said, enseignant-chercheur à l’université du Littoral (Pas-de-Calais), les réformes devraient l’arranger : « Je passe beaucoup de temps dans la recherche et publie donc beaucoup, je verrai mon salaire augmenter, c’est tout à mon avantage ! » « Mais je ne suis pas pour autant favorable à la LRU, nuance-t-il, car on va droit à une politique de clientélisme dans les facs. » Et évoquant les étudiantes musulmanes qui portent le foulard, il estime qu’« elles figureront parmi les premières victimes de ce système ».
La LRU, votée en août 2007, s’inscrit dans une série de mesures échelonnées sur cinq ans, visant à « revaloriser » les universités, en les rendant notamment plus compétitives par une gestion des ressources humaines et financières indépendante. Hausse des frais d’inscription, « masterisation » des concours, réforme du statut des enseignants-chercheurs... autant de mesures qui suscitent le tollé dans le monde universitaire, lequel dénonce une privatisation de l’enseignement susceptible de renforcer les inégalités sociales.
Raouf, étudiant en première année de master de sciences de l’éducation, dresse un sombre constat : « Les luttes sociales se radicalisent toujours quand les négociations sont méprisées. » « Je pense, poursuit le jeune homme, qu’il ne faut pas isoler ce qui se passe au niveau des universités du reste des réformes, car elles poursuivent toutes le même but : l’effritement de l’État comme garant de la cohésion sociale. »
Faisant allusion aux minorités visibles, Khalil Ould El Mounir, président des Étudiants musulmans de France (EMF), se montre tout aussi inquiet : « La politique menée par le ministère (de l’Enseignement supérieur, ndlr) est inquiétante pour les couches les plus fragiles de notre société. »
Pour Elias Ould Said, enseignant-chercheur à l’université du Littoral (Pas-de-Calais), les réformes devraient l’arranger : « Je passe beaucoup de temps dans la recherche et publie donc beaucoup, je verrai mon salaire augmenter, c’est tout à mon avantage ! » « Mais je ne suis pas pour autant favorable à la LRU, nuance-t-il, car on va droit à une politique de clientélisme dans les facs. » Et évoquant les étudiantes musulmanes qui portent le foulard, il estime qu’« elles figureront parmi les premières victimes de ce système ».
La LRU, votée en août 2007, s’inscrit dans une série de mesures échelonnées sur cinq ans, visant à « revaloriser » les universités, en les rendant notamment plus compétitives par une gestion des ressources humaines et financières indépendante. Hausse des frais d’inscription, « masterisation » des concours, réforme du statut des enseignants-chercheurs... autant de mesures qui suscitent le tollé dans le monde universitaire, lequel dénonce une privatisation de l’enseignement susceptible de renforcer les inégalités sociales.
Raouf, étudiant en première année de master de sciences de l’éducation, dresse un sombre constat : « Les luttes sociales se radicalisent toujours quand les négociations sont méprisées. » « Je pense, poursuit le jeune homme, qu’il ne faut pas isoler ce qui se passe au niveau des universités du reste des réformes, car elles poursuivent toutes le même but : l’effritement de l’État comme garant de la cohésion sociale. »