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Points de vue

Si Jésus n'avait pas été crucifié nous serions tous Musulmans aujourd'hui!

Rédigé par Chems Youssef | Lundi 15 Mars 2004 à 00:00

           

Si Jésus n’avait pas été crucifié,…
Nous serions tous Musulmans aujourd’hui ! Le Christianisme aurait disparu et Mohamed, paix et bénédictions de Dieu sur lui, dernier Prophète, aurait dispensé un Islam incontestable, pour tous et pour toujours, universel.



Si Jésus n’avait pas été crucifié,…Nous serions tous Musulmans aujourd’hui ! Le Christianisme aurait disparu et Mohamed, paix et bénédictions de Dieu sur lui, dernier Prophète, aurait dispensé un Islam incontestable, pour tous et pour toujours, universel.

J comme Judas, J comme Jésus

Il fallût que Judas trahisse pour que Jésus prenne toute sa dimension et que son sacrifice place et installe un christianisme qui brisât le lien sémite et permît aux mystiques celtes ou autres saints d’installer une Foi plus douce et sensible, rompant avec l’originelle doctrine juive beaucoup plus contraignante et sévère. Là est le commencement, là tout se mit en place autour d’une couronne d’épines, là, les lettres de sang et les souffrances d’un homme, « ISSA », installèrent à jamais cette religion qui ne perdurât que parce qu’un homme en dénonçât un autre. Les fils d’Islam, ne sont pas concernés par la polémique qui agite depuis deux millénaires Juifs et Chrétiens. Ce différent est le leur, qu’ils en démêlent les origines et surtout les conséquences. Que le saltimbanque Mel Gibson et sa toute fraîche passion pour le Christ fasse recette ou pas, que son film sorte comme par hasard la veille des Oscars d’Hollywood nous est indifférent. Marketing ou Foi sincère, c’est son affaire et Dieu seul jugera de sa conviction, pas nous qui savons que Jésus est mort en homme respecté par son statut de Prophète. Il est monté aux cieux et une tombe ouverte l’attend à Médine aux côtés de Mohamed (ass) entre Omar et Abou Bakr. C’est tout et c’est bien. Le reste n’est que remue-méninges de financiers en mal de copies ou de recettes exceptionnelles, sans grand intérêt.

La foi revient et déborde des mosquées

L’Occident n’a plus d’idéal. Il en devient vulnérable. La vague de fond des courants politico-religieux dépose sur tous les rivages de la planète un bien vieux principe, « le divin ». Quoi que l’on fasse on n’arrache pas si facilement le politique au religieux. Les  belles notions de souveraineté, d’Etat-nation pèsent peu. On essaie par tous les moyens de dévaloriser le sacré et voilà que l’homme se révolte et hurle ses besoins de mémoire et d’identité. De nombreuses constitutions s’appuient plus ou moins ouvertement sur le fait religieux, se donnant une apparence de supériorité morale. Un Etat simplement laïc peut être conduit en brisant les croyances de son peuple, à assouvir les envies de pouvoir et de puissance d’un homme, seulement d’un homme, avec toutes les dérives qu’on peut imaginer. Et pourtant la résistance existe bien et les religions officielles sont nettement plus installées qu’on ne l’imagine. Les cathédrales se vident et les mosquées débordent. Dans dix ans la Terre comptera plus d’un milliard et demi de Musulmans. Cela se sait, effraie un peu et inquiète surtout ceux qui les connaissent mal.

Charia ou Droit Canon, à chacun ses extrémistes

Il n’y a pas d’innocence en religion. Chacune a ses intégristes, les Catholiques comme les autres qui ne se sont pas contentés de la bonne parole des prédicateurs. Après le massacre des protestants, les expulsions musclées des Maures d’Andalousie, ils ont exterminés Cathares et autres schismes, sans état d’âme. « L’Eglise persécuterait par amour et les autres par haine », justificatif facile et un peu court pour remplacer un absolu par « son » absolu. Finalement la modernité en essayant de couper l’homme de ses racines profondes, loin d’effacer le sentiment religieux l’a renforcé au point de l’inviter à s’y référer dans l’élaboration de nombreuses constitutions. On ne réunit pas un conseil de gouvernement à la Maison Blanche sans prier auparavant et dans les contrées musulmanes tout ou presque se réfère au Coran. C’est le temps du maître du monde apparent, qui relégua les penseurs de l’Orient et consacra une mésentente nourrie par de nouveaux enjeux, identités nationales, communautarismes…Enfin toute une batterie ravitaillée par le concept des Lumières, et tout fut joué. Des retours cinglants à la Foi déstabilisèrent ou effacèrent des dynasties trop portées à l’occidentalisation. Le shah d’Iran en fit les frais rapidement, d’autres suivirent. Les réactions s’enchaînèrent avec leurs cortèges de haines, filles des peurs. Les slogans et tee-shirts anti-occidentaux fleurissent, les animosités se renforcent et les exactions commencent, des deux côtés. Les civilisations des uns et des autres, des uns face aux autres ne se respectent plus et ne s’affrontent pas seulement dans les mots ou les pensées mais désormais sur le terrain. La mondialisation arrive et les pays ne sont que des marchés qui font table rase des civilisations et des spécificités de chacun. Le malaise s’installe et des agitateurs s’imposent trop facilement dans des esprits le plus souvent analphabètes. Deux mondes trop différents pour se comprendre vont s’affronter. Ils sont étrangers l’un à l’autre et l’Occident persiste à vouloir en faire des clones. Le sacrifice est ancré dans les cœurs d’Islam et l’Occident démobilisé, trop imbibé de satisfactions immédiates ne peut comprendre cette résistance farouche. Il accumule les erreurs, les incompréhensions. Le fossé se creuse.

Vivons ensemble, pas besoin de s’intégrer 

L’Orient est désormais en Occident, les anciennes colonies abandonnées trop vite, comme dans une fuite, sont désormais dans les villes, dans les campagnes allemandes ou françaises. L’émigré est inexpugnable et bientôt, il va voter, dès qu’il prendra conscience de son poids. Est-ce que les asiatiques s’intègrent ! Non, ils vivent en parallèle, avec leurs habitudes, leur foi, leurs tontines et leurs triades. Ils se sont enfermés dans des ghettos aseptisés, « bruits et odeurs » comme cela fût dit un jour… et accueillent sans agitation, mais avec efficacité, de plus en plus de coreligionnaires réfugiés politiques autorisés ou clandestins. Laissons tous les nouveaux arrivés vivre en paix, on en a besoin, et surtout ceux qui français de la deuxième ou troisième génération ont reconstruit la France des années cinquante. Tous ces « étrangers » veulent cohabiter tranquillement, ils suffit qu’on les laisse sereins, sans vouloir en faire systématiquement des occidentaux, même si la couleur de leur peau sera toujours un peu plus foncée, et encore là, laissons faire les « mariages-dominos ».

Depuis le 11/9, tout se radicalise

Il n’y a pas un avant et un après 11 septembre. Il y a le terrible 11 septembre, point. La mort d’un seul homme est un assassinat, celui de toute l’humanité. Mais pourquoi cet homme a-t-il été tué ! ? Quel désespoir a conduit le bras fou du meurtrier ? C’est le révélateur d’une situation extrême, c’est la vraie question. Condamner ne suffit pas, expliquer serait mieux, même s’il s’agit là de l’inexcusable. Afghanistan, Kosovo, Irak, Iran … autant de terrains minés, aux bombes de chairs et d’âmes dégoupillées. La poudrière palestinienne s’islamise de plus en plus. L’échec politique est évident. Un petit Etat sans souveraineté s’insurge et se bat avec la même violence qu’ont les israéliens à imposer leur drapeau. Depuis le 11 septembre un nouveau rapport entre les civilisations émerge et va ébranler le monde. Tout se radicalise et ce n’est pas le film de Mel Gibson, promu à si grands battages, qui va calmer le jeu. On s’en serait bien passé.

Youssef Chems est écrivain islamologue

(Derniers ouvrages  Nass  et  Hadj Amor,aux éditions E-Dite)




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