Un nouvel espace de prière inauguré à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle, l'amitié interreligieuse à l'affiche

Elle se niche au cœur de la zone internationale – « sous douane » en langage local – de l’aérogare n°1. L’aumônerie flambant neuve du terminal 1 de Paris-Charles de Gaulle a été inaugurée mardi 27 juin en présence des représentants des trois religions du Livre qui y sont abritées mais aussi du PDG du groupe ADP, Augustin de Romanet. Principale originalité de ce lieu de prière et de recueillement, il est géré par une équipe de neuf aumôniers chrétiens, juifs et musulmans qui travaillent ensemble pour accueillir les croyants de toute confession.

Ce n’est cependant pas le premier lieu de ce type ouvert aux voyageurs comme au personnel au sein de l’aéroport, le plus grand de France. Paris-Charles de Gaulle dispose en effet de deux autres centres spirituels depuis plusieurs années : le premier en zone de transit du terminal 2E, le second au niveau des arrivées du terminal 2F. Mais les 80 m2 du nouveau local érigé dans le cadre des travaux de rénovation du terminal 1 sont modulables et permettent d’accueillir un public plus important en cas de fête particulière dans l’un ou l’autre culte.

« La salle de prière musulmane côtoie la chapelle qui s’adosse elle-même à la synagogue », a fait remarquer l'aumônier musulman Abdelkader Arbi dans son discours inaugural. « Je suis convaincu que l’existence de ces espaces multiconfessionnels participent grandement au plébiscite des voyageurs en faveur de l’aéroport de Roissy-CDG. C’est là un message fort que Aéroports de Paris envoie au monde entier, affirmant ainsi sa volonté de célébrer la richesse de nos différences et de cultiver un esprit de coexistence pacifique », a-t-il ajouté, alors qu'arrivent les vacances estivales qui voient une hausse de la fréquentation de l'aéroport.

Si l’ouverture du premier centre multi-cultes de l’aéroport date de 1980, le premier aumônier juif est arrivé en 1993. Et l’arrivée du premier aumônier musulman date de 2004. C’est en effet à l’occasion de l’accident d’avion de Charm el-Cheikh, en Égypte),le 3 janvier 2004, que les responsables de l’aumônerie qui accompagnaient les familles des victimes françaises dans leur voyage sur les lieux du drame, ont fait le constat que nombre n’entre elles étaient de confession musulmane.

« Ces espaces de prière où les religions se côtoient envoient un beau message aux étrangers qui les découvrent à l’occasion d’un voyage en France, estime Abdelkader Arbi. Ces lieux transcendent les différences entre les uns et les autres et chacun peut pratiquer sa religion dans les meilleures conditions. » De son côté, le rabbin Moise Lewin, qui officie dans l'aéroport, voit l’ouverture de ce lieu de prière sous douane comme un moment historique. « Les passagers peuvent venir se recueillir après le passage aux contrôles. Nous avons un accueil commun et nous partageons des moments de spiritualité à l’occasion des différentes fêtes religieuses dont toute la société devrait s’inspirer », a-t-il déclaré en présence du grand rabbin de France, Haïm Korsia.

« On représente le vivre ensemble pour les voyageurs », ajoute Iléna Hatten, pasteur et aumônier qui officie depuis deux ans à Charles de Gaulle. « On accueille chacun dans son histoire pour offrir un peu d’apaisement et d’encouragement. Pour offrir aussi la possibilité de faire un arrêt et de se recueillir. » Un point de vue identique à celui d’Abdelkader Arbi, qui décrit ce lieu comme « un symbole de tolérance, de respect et de paix. Un endroit où les voyageurs de toutes les confessions pourront trouver un moment de quiétude, de recueillement et de connexion spirituelle, indépendamment de leurs croyances personnelles ».

Paris-Charles de Gaulle a accueilli quelque 57,7 millions de passagers en 2022, soit 75,5 % du trafic de 2019 avant la crise sanitaire. En termes de taille, il est le dixième aéroport au niveau mondial et le deuxième plus important en Europe avec ses neuf terminaux. Mieux encore, il a été élu meilleur aéroport d'Europe pour la deuxième année consécutive par Skytrax, l’organisme référent dans le domaine de la qualité aéroportuaire et aérienne. Une qualité de service que le nouvel espace de prière ne fera que rehausser un peu plus.

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