Le film « Centaure » de Aktan Arym Kubat sort en salles le 31 janvier 2018.
On connait très peu le Kirghizistan, pays montagneux d’Asie centrale, enclavé entre la Chine à l’est, le Kazakhstan au nord, l’Ouzbékistan à l’ouest et le Tadjikistan au sud. Ancienne république soviétique qui a gagné son indépendance en 1991, le Kirghizistan est habité par un peuple à l’origine nomade et aujourd’hui essentiellement rural, même si de grandes villes ont émergé, dont la capitale Bichkek. La langue officielle est le russe, mais c’est le kirghize qui est le plus couramment parlé. La religion principale est l’islam sunnite, implanté depuis le XIIIe siècle, mais le chamanisme, venu de Sibérie dont les Kirghizes sont historiquement issus, imprègne toujours la culture. Une culture où le cheval détient une grande place, à la fois économique pour ce peuple de nomades et symbolique dans l’imaginaire collectif.
« Le cheval est les ailes de l’homme », dit le dicton populaire. Et c’est à travers cet animal qu’Aktan Arym Kubat, cinéaste kirghize ayant déjà plusieurs films à son actif très remarqués par la critique et primés, nous conte son pays, aspiré aujourd’hui par les attraits du capitalisme et le rigorisme wahhabite qui permet de laver les péchés dudit capitalisme.
Dans un village situé dans les environs de Bichkek, un magnifique cheval, appartenant à un riche parvenu et qui le destinait à une course hippique, est volé durant la nuit, malgré la présence de deux gardes. Le mode opératoire du vol oriente tous les soupçons vers Centaure, ex-voleur de chevaux et ancien projectionniste au ciné-club du village, qui vit tranquillement avec sa jeune épouse, sourde et muette, et son jeune fils. L’enfant se terre dans un mutisme mais reste joyeux à jouer avec son père et à écouter les histoires qu’il lui raconte. Une façon pour le spectateur de découvrir, lui aussi, les contes traditionnels kirghizes.
Le titre du film « Centaure » – du nom de cette créature de la mythologie grecque constituée d’un corps de cheval et d’un buste d’homme – rappelle à la fois la robustesse de cet animal mythique capable de combattre ses ennemis et la fragilité de l’être humain prêt à succomber à ses bas appétits.
Et l’histoire que raconte le film « Centaure », à travers ses superbes paysages, ses envolées lyriques et la narration de l’envie irrépressible de Centaure de faire recouvrer la liberté aux chevaux enfermés et utilisés par des hommes cupides, n’est rien d’autre qu’une belle découverte de la culture kirghize, de sa double résistance face aux travers du capitalisme (égoïsme, corruption, pouvoir de l'argent, autoritarisme de potentats locaux...) et face à l'emprise du wahhabisme (envoilement et invisibilisation des femmes…) jusque dans ce pays. « Les hommes se prennent pour des dieux, accumulent des biens et toujours plus de pouvoir », déplore Centaure. « Les femmes kirghizes ont guidé leur peuple ! », s’insurgent des villageois devant l’imam local et ses affidés.
Pour justifier son comportement, le personnage principal (incarné par le réalisateur lui-même) explique qu’il a fait un rêve et s’être vu investi par Kambar Ata, l’esprit protecteur des chevaux (issu de la mythologie turque et kirghize), d’une mission, celle de délivrer les chevaux. En même temps, il cite al-Bouraq, le coursier ailé du Prophète de l’islam qu’il chevaucha (selon la tradition islamique) pendant son Voyage nocturne de La Mecque à Jérusalem. Un moment quasi mystique, à la fois drôle, sincère et émouvant, pour exprimer l’appel indicible vers la liberté.
L’une des scènes du film est aussi un bel hommage au cinéma, quand Centaure projette de façon inopinée dans l'ancienne salle du ciné-club du village transformée en mosquée un extrait du film « La Pomme rouge », du réalisateur Tolomouch Okeev. La projection d’une saynète du film où l’on voit un homme et une femme à cheval habillés en costumes typiquement kirghizes sur le mur de la mosquée au moment même où des hommes habillés en « habitus musulman » viennent d’achever leurs prières constitue un admirable clin d’œil de la résistance culturelle face à l’islamisation.
Car ce qui est au cœur du propos du réalisateur Aktan Arym Kubat, c’est que l’être humain ne retrouvera son réconfort et son équilibre, son état spirituel primordial qu’en renouant avec sa culture et avec la Nature, pour se défaire de l’emprise idéologique, qu’elle soit capitaliste, politique ou religieuse. Et il le dit joliment, avec humour, grâce et poésie, avec une infinie tendresse et un grand lyrisme.
« Le cheval est les ailes de l’homme », dit le dicton populaire. Et c’est à travers cet animal qu’Aktan Arym Kubat, cinéaste kirghize ayant déjà plusieurs films à son actif très remarqués par la critique et primés, nous conte son pays, aspiré aujourd’hui par les attraits du capitalisme et le rigorisme wahhabite qui permet de laver les péchés dudit capitalisme.
Dans un village situé dans les environs de Bichkek, un magnifique cheval, appartenant à un riche parvenu et qui le destinait à une course hippique, est volé durant la nuit, malgré la présence de deux gardes. Le mode opératoire du vol oriente tous les soupçons vers Centaure, ex-voleur de chevaux et ancien projectionniste au ciné-club du village, qui vit tranquillement avec sa jeune épouse, sourde et muette, et son jeune fils. L’enfant se terre dans un mutisme mais reste joyeux à jouer avec son père et à écouter les histoires qu’il lui raconte. Une façon pour le spectateur de découvrir, lui aussi, les contes traditionnels kirghizes.
Le titre du film « Centaure » – du nom de cette créature de la mythologie grecque constituée d’un corps de cheval et d’un buste d’homme – rappelle à la fois la robustesse de cet animal mythique capable de combattre ses ennemis et la fragilité de l’être humain prêt à succomber à ses bas appétits.
Et l’histoire que raconte le film « Centaure », à travers ses superbes paysages, ses envolées lyriques et la narration de l’envie irrépressible de Centaure de faire recouvrer la liberté aux chevaux enfermés et utilisés par des hommes cupides, n’est rien d’autre qu’une belle découverte de la culture kirghize, de sa double résistance face aux travers du capitalisme (égoïsme, corruption, pouvoir de l'argent, autoritarisme de potentats locaux...) et face à l'emprise du wahhabisme (envoilement et invisibilisation des femmes…) jusque dans ce pays. « Les hommes se prennent pour des dieux, accumulent des biens et toujours plus de pouvoir », déplore Centaure. « Les femmes kirghizes ont guidé leur peuple ! », s’insurgent des villageois devant l’imam local et ses affidés.
Pour justifier son comportement, le personnage principal (incarné par le réalisateur lui-même) explique qu’il a fait un rêve et s’être vu investi par Kambar Ata, l’esprit protecteur des chevaux (issu de la mythologie turque et kirghize), d’une mission, celle de délivrer les chevaux. En même temps, il cite al-Bouraq, le coursier ailé du Prophète de l’islam qu’il chevaucha (selon la tradition islamique) pendant son Voyage nocturne de La Mecque à Jérusalem. Un moment quasi mystique, à la fois drôle, sincère et émouvant, pour exprimer l’appel indicible vers la liberté.
L’une des scènes du film est aussi un bel hommage au cinéma, quand Centaure projette de façon inopinée dans l'ancienne salle du ciné-club du village transformée en mosquée un extrait du film « La Pomme rouge », du réalisateur Tolomouch Okeev. La projection d’une saynète du film où l’on voit un homme et une femme à cheval habillés en costumes typiquement kirghizes sur le mur de la mosquée au moment même où des hommes habillés en « habitus musulman » viennent d’achever leurs prières constitue un admirable clin d’œil de la résistance culturelle face à l’islamisation.
Car ce qui est au cœur du propos du réalisateur Aktan Arym Kubat, c’est que l’être humain ne retrouvera son réconfort et son équilibre, son état spirituel primordial qu’en renouant avec sa culture et avec la Nature, pour se défaire de l’emprise idéologique, qu’elle soit capitaliste, politique ou religieuse. Et il le dit joliment, avec humour, grâce et poésie, avec une infinie tendresse et un grand lyrisme.
Centaure, film de Aktan Arym Kubat (Kirghizistan, Pays-Bas, Allemagne, France, 1 h 29).
Avec Aktan Arym Kubat, Nuraly Tursunkojoev, Zarema Asanalieva...
Prix CICAE Berlinale 2017.
En salles le 31 janvier 2018.
Avec Aktan Arym Kubat, Nuraly Tursunkojoev, Zarema Asanalieva...
Prix CICAE Berlinale 2017.
En salles le 31 janvier 2018.