Connectez-vous S'inscrire

Points de vue

L’humanisme, un idéal malmené !

Rédigé par Youssouf Omarjee | Lundi 31 Mars 2025

           


L’humanisme, un idéal malmené !
L’époque que nous traversons, est celle de l’instantanéité. En effet, il n’est plus question de faire l’éloge de la lenteur. On veut tout, tout de suite, point de place aux frustrations, ni aux doutes, encore moins aux hésitations. L’émotionnel règne, en maître, sur nos vies. De la télévision qui diffuse l’actualité, en continu et sans recul, à la détérioration progressive de la qualité des relations humaines. L’accélération voulue par certains et soutenue par l’omniprésence des technologies dont les capacités croissent, chaque jour, de façon exponentielle, a enlevé une part de notre humanité, à tel point qu’on peut s’interroger si nous sommes encore dotés d’une âme.

De la course effrénée au réarmement massif de tous les pays qui versent dans une dérive autocratique à la faveur de l’avènement des gouvernements populistes en passant par la multiplication des actes d’incivilité tels que la dégradation de biens publics civils et/ou religieux aux guerres qui se jouent aux quatre coins de la planète pour l’accaparement des dernières richesses qui sortent des entrailles de la terre, nous assistons malheureusement à une déshumanisation notable de nos relations sociales.

Aujourd’hui, on ne prend plus le temps de la maturation des idées et de la confrontation pacifiste de nos divergences. On est constamment dans l’hypocrisie de la comédie humaine, en oubliant l’horizon de notre propre finitude. On loue nos disparus, quand on prend le temps de penser à nos souvenirs avec eux, sans pour autant s’inspirer de leur parcours ou tirer les leçons du passé. On s’habitue à notre petit confort en méprisant la précarité des conditions d’existence de nos semblables. On n’est nullement capable de s’élever par soi-même sans pour autant rabaisser son prochain. On manifeste son mécontentement, et, dans le même temps, on boude les urnes. On s’indigne constamment sans disposer des moyens concrets de mettre un terme aux nuisances contre lesquelles on s’érige. On écoute l’Autre, en étant incapable d’alléger le fardeau qui est le sien. On n’est plus en mesure de recevoir les opinions contraires aux nôtres, sans jugement ni censure.

Toutes ces petites démissions, au quotidien, alignées, font de nous des êtres qui ne sont plus en capacité de faire briller la flamme de l’humanisme, si ce n’est le temps d’un beau discours qui a pour vocation de rassurer notre interlocuteur, de gagner sa confiance ou d’engranger plus de crédibilité. Nous sommes devenus tel un vernis qui maquille le visage défait de l’amour vrai, désintéressé et sincère de notre prochain. Nous avons affaire à des personnes qui sont dans la duplicité et se révèlent être des personnes à deux visages tantôt affables avec les uns, tantôt cruelles avec les autres. Nous considérons nos semblables en fonction de la place qu’ils occupent au sein de la société et du potentiel pouvoir qu’ils ont de servir nos intérêts dans l’instant et surtout à terme.

L’humanisme vicié de notre époque, reste, de fait, un idéal malmené dès lors que nos engagements ne témoignent pas de l’égale dignité en droits de tous les Hommes. Si l’humanisme était un phare, sachons qu’il s’est définitivement éteint sur l’autel de nos petites et grandes lâchetés.

*****
Youssouf Omarjee est membre fondateur du collectif Musulmans engagés pour le respect et la concorde par l'inclusion dans l'île de La Réunion (Merci 974).

Lire aussi :
Sortir du cercle vicieux de la conflictualité
La xénophobie n’est pas une opinion et l’humanisme en est la victime collatérale
Le temps de vivre, d’aimer, de voyager vers les Autres !
La paix dans les cœurs et le courage de l'esprit pour une extinction des foyers de tension




Complete your gift to make an impact