© UNHCR/Alfredo D’Amato
Salim n’est pas si différent de nous autres. À l’adolescence comme tant d’autres, on aspire aux meilleures choses. Il devait écouter du rock ou du rap ; cela agissait pour lui comme une soupape. Il se disait que, au moins de ce monde, il s’en échappe. Il en écoute sûrement encore aujourd’hui. Cela lui permet-il d’oublier la pluie ?
Il l’a décidé, il était obligé de faire ce choix. Ses amis lui ont assuré que c’était là sa survie. Surtout quand on est dans le désarroi. Sans cesse dans ses pensées, il se noie. Des rêves, il en a, lui tant habitué aux cauchemars. Salim, c’était sa famille, ses parents. Comme tout un chacun sur cette planète. On n’y pense pas, quand on est adolescent.
L¹individu lui a pourtant certifié que tout se passerait en beauté : « T’inquiète mon frère, t’as pas à t’inquiéter. » Alors, il s’en est remis aux mains du destin. Il priait , c’était sa force contre ce qui était incertain. Il se souvint des moments joyeux, même si lointains. Triste ironie, quand on doit payer pour se séparer. Triste salaire quand la misère, on ne peut plus soigner. C’est la guerre ici ; or c’était son paradis déclaré. Des rêves, il en a. Que disparaisse le brouillard.
Salim avait des projets, des ambitions : pouvoir offrir aux siens une meilleure situation. Il savait que cela ne se ferait pas sans passion. Hélas, il a vu son univers finir par sombrer, ses proches disparaître, lui pour toujours abandonné. Il avait enfin fini par rejoindre tant d’autres, écœurés. Le soir du départ, torturé fut son sommeil. Des insectes étranges peuplaient sa veille. Ils le survolaient de la tête aux orteils. Inconscient, il se voyait se noyer. On lui avait assuré que là-bas, c’était le bon endroit. Certains lui disaient qu’il était dans son bon droit. Certes, le voyage serait long. Ici, c’est un chemin de croix.
Salim ne s’imaginait pas grandir aussi vite. S’était-y mal comporté pour voir sa vie détruite ? Il constatait bien que tous également étaient en fuite. Il n’aurait jamais pensé voir chez ses parents le chagrin. De ses larmes il avait honte, lui qui feignait d’être serein. L’infamie n’aurait pas été de partir, il y était contraint. Ses compagnons lui avait conseillé de ne pas prendre d¹affaires : « Tu sais, tout ce qui sera à toi se trouve au loin sur cette terre. »
Au matin, le voila avançant, suivant les gens, sans colère. « Tu verras, là-bas, ta vie sera belle, comme à la télévision. » C’est vrai, la sienne ne pouvait pas être pire, en conclusion. Seulement, devenir un héros de série, il tournait ça en dérision. Ce n’était pas les épisodes où il était le roi.
Il l’a décidé, il était obligé de faire ce choix. Ses amis lui ont assuré que c’était là sa survie. Surtout quand on est dans le désarroi. Sans cesse dans ses pensées, il se noie. Des rêves, il en a, lui tant habitué aux cauchemars. Salim, c’était sa famille, ses parents. Comme tout un chacun sur cette planète. On n’y pense pas, quand on est adolescent.
L¹individu lui a pourtant certifié que tout se passerait en beauté : « T’inquiète mon frère, t’as pas à t’inquiéter. » Alors, il s’en est remis aux mains du destin. Il priait , c’était sa force contre ce qui était incertain. Il se souvint des moments joyeux, même si lointains. Triste ironie, quand on doit payer pour se séparer. Triste salaire quand la misère, on ne peut plus soigner. C’est la guerre ici ; or c’était son paradis déclaré. Des rêves, il en a. Que disparaisse le brouillard.
Salim avait des projets, des ambitions : pouvoir offrir aux siens une meilleure situation. Il savait que cela ne se ferait pas sans passion. Hélas, il a vu son univers finir par sombrer, ses proches disparaître, lui pour toujours abandonné. Il avait enfin fini par rejoindre tant d’autres, écœurés. Le soir du départ, torturé fut son sommeil. Des insectes étranges peuplaient sa veille. Ils le survolaient de la tête aux orteils. Inconscient, il se voyait se noyer. On lui avait assuré que là-bas, c’était le bon endroit. Certains lui disaient qu’il était dans son bon droit. Certes, le voyage serait long. Ici, c’est un chemin de croix.
Salim ne s’imaginait pas grandir aussi vite. S’était-y mal comporté pour voir sa vie détruite ? Il constatait bien que tous également étaient en fuite. Il n’aurait jamais pensé voir chez ses parents le chagrin. De ses larmes il avait honte, lui qui feignait d’être serein. L’infamie n’aurait pas été de partir, il y était contraint. Ses compagnons lui avait conseillé de ne pas prendre d¹affaires : « Tu sais, tout ce qui sera à toi se trouve au loin sur cette terre. »
Au matin, le voila avançant, suivant les gens, sans colère. « Tu verras, là-bas, ta vie sera belle, comme à la télévision. » C’est vrai, la sienne ne pouvait pas être pire, en conclusion. Seulement, devenir un héros de série, il tournait ça en dérision. Ce n’était pas les épisodes où il était le roi.
Salim espérait un jour parcourir tous les cieux, aller à la rencontre de ce qui le rendait curieux. Là, son premier départ serait périlleux. Il allait embarquer comme un amer passager. Il espérait néanmoins qu’il s’était bien engagé. Son espoir, c’est ce qu’il le faisait s’encourager. D’ailleurs, l’heure de l’embarquement approchait. Il avait si peu dormi, qu’y aurait-il après ? Tout ceux autour de lui pour le départ était prêts. Peut-être avaient-ils raison, le paradis valait bien cette peine. Certains se mirent à chanter leur victoire prochaine. Il se mit à chanter avec eux cette aubaine. Cette mer n’a rien d’un mur, il suffit de se lancer. Le sable, la chaleur, la faim, il l’avait déjà tant enduré.
Salim aperçut l’embarcation, il manqua de chanceler. On leur avait promis que leur vaisseau ne pouvait couler. Il se demandait si celui-ci pouvait encore naviguer. Salim défaillait, ses membres tremblaient, il voulut détaler. Il ferma les yeux, terrifié, il aurait voulu se réveiller, se boucher les oreilles, ne plus entendre les autres se lamenter. Son sang se glaça lorsque des menaces se firent entendre. Des hommes agressifs : il ne mit pas longtemps à comprendre.
C’était donc ceux-là qui les pousseraient dans les méandres. Il voulait faire demi-tour, il n’avait plus assez de courage. Certains de ses compagnons se risquèrent à quitter le rivage. Devant des hommes menaçants, il valait mieux rester sage. Salim compris qu’on les avait floué, ils étaient les condamnés.
Salim regarde autour de lui. Un océan les encerclait. Il constatait : les visages qui l¹entouraient étaient inquiets L’embarquement avait ressemblé au pire des méfaits. Des individus les avaient terrorisés, sûr de leurs armes.
Celui qui ne partait plus, qu’advenait-il de son âme ? Des cris et des pleurs, pouvait-on imaginer pire drame ? Quelques uns n’auraient jamais voulu connaître la mer. L’euphorie passée leur a fait oublier qu’ils étaient de la terre. Mais tous osaient espérer que ce périple soit salutaire. Il fallait maintenant être solidaire, quelque soit la direction. C’était l’unique manière de conjurer leur propre condition. Que pouvait-on attendre de ceux dont ils ne sont pas l’attention. Salim souhaitait malgré tout que le chemin vaille leur peine.
Salim se réveilla, se demanda un instant où il se trouvait. Ses paupières s'ouvrirent sur le plafond. Il cessa d'être inquiet. Tout ça n'était que terribles songes ? Non, maintenant, il se souvenait. Son pays n'était plus vraiment le sien. Encore moins que lorsqu'il l'avait quitté. Et dans ce paradis inconnu, Il avait eu tant de mal à se faire accepter. Tout lui avait semblé étranger, avait-on envie de l'adopter ? Les droits de l'homme, l'accueil chaleureux, ce n'était peut-être pas pour eux. Il subissait désormais la violence de ceux portant les insignes de ce lieu. La mort s'était déjà nourri de ses compagnons de route. Il trouvait tout
cela odieux.
Malgré tout, il était certain que c'était le bon endroit, ici. Dans ce logis, dans ce lit, il se disait qu'il était pour de bon chez lui. Si tout était compliqué sur ce continent, qu'il fallait être endurci. Il fût rassuré quand des hommes, et des femmes l'aidaient, l'aimaient. Le voyage serait long sûrement, mais il était enfin accompagné par un « Salam aleykoum Salim ».
*****
Alban Bourrat, technicien informatique, a pour passion l'écriture qu'il exerce sur son blog Augustus.
Lire aussi :
De la Syrie à la Turquie - Immersion dans un camp de réfugiés
Exode des réfugiés : le périple photographique à travers l'Europe
Salim aperçut l’embarcation, il manqua de chanceler. On leur avait promis que leur vaisseau ne pouvait couler. Il se demandait si celui-ci pouvait encore naviguer. Salim défaillait, ses membres tremblaient, il voulut détaler. Il ferma les yeux, terrifié, il aurait voulu se réveiller, se boucher les oreilles, ne plus entendre les autres se lamenter. Son sang se glaça lorsque des menaces se firent entendre. Des hommes agressifs : il ne mit pas longtemps à comprendre.
C’était donc ceux-là qui les pousseraient dans les méandres. Il voulait faire demi-tour, il n’avait plus assez de courage. Certains de ses compagnons se risquèrent à quitter le rivage. Devant des hommes menaçants, il valait mieux rester sage. Salim compris qu’on les avait floué, ils étaient les condamnés.
Salim regarde autour de lui. Un océan les encerclait. Il constatait : les visages qui l¹entouraient étaient inquiets L’embarquement avait ressemblé au pire des méfaits. Des individus les avaient terrorisés, sûr de leurs armes.
Celui qui ne partait plus, qu’advenait-il de son âme ? Des cris et des pleurs, pouvait-on imaginer pire drame ? Quelques uns n’auraient jamais voulu connaître la mer. L’euphorie passée leur a fait oublier qu’ils étaient de la terre. Mais tous osaient espérer que ce périple soit salutaire. Il fallait maintenant être solidaire, quelque soit la direction. C’était l’unique manière de conjurer leur propre condition. Que pouvait-on attendre de ceux dont ils ne sont pas l’attention. Salim souhaitait malgré tout que le chemin vaille leur peine.
Salim se réveilla, se demanda un instant où il se trouvait. Ses paupières s'ouvrirent sur le plafond. Il cessa d'être inquiet. Tout ça n'était que terribles songes ? Non, maintenant, il se souvenait. Son pays n'était plus vraiment le sien. Encore moins que lorsqu'il l'avait quitté. Et dans ce paradis inconnu, Il avait eu tant de mal à se faire accepter. Tout lui avait semblé étranger, avait-on envie de l'adopter ? Les droits de l'homme, l'accueil chaleureux, ce n'était peut-être pas pour eux. Il subissait désormais la violence de ceux portant les insignes de ce lieu. La mort s'était déjà nourri de ses compagnons de route. Il trouvait tout
cela odieux.
Malgré tout, il était certain que c'était le bon endroit, ici. Dans ce logis, dans ce lit, il se disait qu'il était pour de bon chez lui. Si tout était compliqué sur ce continent, qu'il fallait être endurci. Il fût rassuré quand des hommes, et des femmes l'aidaient, l'aimaient. Le voyage serait long sûrement, mais il était enfin accompagné par un « Salam aleykoum Salim ».
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Alban Bourrat, technicien informatique, a pour passion l'écriture qu'il exerce sur son blog Augustus.
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