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Religions

Formation des imams : la Grande Mosquée de Paris inaugure l'école nationale Ibn Badis

Rédigé par | Jeudi 27 Février 2025

           

A Vitry-sur-Seine, en région parisienne, la Grande Mosquée de Paris a ouvert une école nationale visant à renforcer la formation d'une nouvelle génération d'imams en France. Un projet adoubé par l'Etat français et qui a pu aboutir avec l'aide de l'Algérie.



L’école nationale Ibn Badis, liée à la Grande Mosquée de Paris, a été inaugurée mardi 25 février à Vitry-sur-Seine, en région parisienne. © GMP/Omar Boulkroum
L’école nationale Ibn Badis, liée à la Grande Mosquée de Paris, a été inaugurée mardi 25 février à Vitry-sur-Seine, en région parisienne. © GMP/Omar Boulkroum
« Nous franchissons désormais une nouvelle étape. » L’école nationale Ibn Badis pour la formation des imams, des prédicateurs et des prédicatrices a été inaugurée, mardi 25 février, à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, par le recteur de la Grande Moquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz.

A quelques jours de l’arrivée du mois du Ramadan 2025, « ce moment marque une avancée capitale dans notre engagement en faveur du culte musulman en France, en faveur des hommes et des femmes qui l’organisent au quotidien, qui transmettent la voie d’un islam éclairé, fidèle à ses principes de paix, de fraternité et d’harmonie dans le monde et dans la société », a assuré le dirigeant de la GMP.

L’institut Al-Ghazali, qui assure depuis trois décennies la formation des imams, accueille aujourd’hui quelque 270 étudiants, répartis dans les locaux de la Grande Mosquée de Paris et de quatre annexes, aux Mureaux, à Lille, à Marseille et à Rive-de-Gier, dans la Loire. A l’occasion de l’inauguration, les diplômes ont été remis à 63 étudiants qui ont achevé leur parcours de formation en 2024, dans le cadre d’un programme alliant « l’apprentissage rigoureux des sciences islamiques à la compréhension approfondie des réalités de la société française ».

« À compter de ce jour, l’École nationale Ibn Badis devient le pôle central des activités de formation et d’éducation de la Grande Mosquée de Paris, comprenant l’enseignement de la langue arabe aux enfants et de la calligraphie arabe », a indiqué Chems-Eddine Hafiz. Le nouvel établissement « offrira des conditions optimales aux étudiants », « nous permettra d’augmenter leur nombre » et « nous donnera aussi la possibilité de diversifier nos formations, aux côtés de la formation principale qui restera celles des imams, des mourchidates et des aumôniers ».

L’inauguration intervient « à un moment décisif, où nous avons besoin d’avancées tangibles pour renforcer la professionnalisation des imams et des aumôniers, alors qu’un premier pas vers la reconnaissance du métier d’imam vient d’être franchi » avec la création récente du code ROME référençant le métier de ministre du culte, a-t-il affirmé, en présence notamment du maire de Vitry-sur-Seine, Pierre Bell Lloch, et de la cheffe du Bureau central des cultes (BCC) du ministère de l’Intérieur, Parvine Lacombe.

Un projet concrétisé avec l’aide de l’Algérie

La cheffe du BCC a salué la GMP qui affirme, à travers l'ouverture de l'école Ibn Badis, « son ambition de contribuer à structurer la formation des cadres religieux et des imams en France », une mission qu'elle a qualifiée de « fondamentale, plus encore avec la fin du système des imams détachés » actée fin 2023. Elle a aussi salué « une initiative porteuse de sens qui témoigne d’une vision ambitieuse pour l’avenir de l’enseignement de l’islam en France ». Et d’ajouter que « l’Etat est aux côtés de ce type d’initiative pour ancrer l’islam dans la République », en complément des diplômes universitaires formant les ministres du culte à la laïcité.

La structure a vu le jour avec l’aide de l’Algérie, qui a fait don en début d’année 2024 de l'ancien siège du consulat algérien à la GMP. Le bâtiment, laissé à l’abandon depuis des années, nécessitait des travaux de rénovation dont le coût n’a pas été dévoilé. Il comporte désormais huit classes, un amphithéâtre et une bibliothèque. C’est, pour le recteur, « une preuve des ressources investies par la Grande Mosquée de Paris pour l’avenir du culte musulman en France : nous sommes dans le concret et laissons les détracteurs à leurs fantasmes absurdes ». Une allusion à peine voilée à la récente polémique générée par ses activités portant sur le halal, à l’heure où les relations diplomatiques entre Paris et Alger sont au plus bas.

Chems-Eddine Hafiz a pris le soin de souligner que la GMP a pu mener à bien son projet « grâce à la décision, émanant de Monsieur le Président de la République Algérienne, (Abdelmadjid Tebboune, ndlr) de lui transmettre ce bâtiment, qui était un bien de l’État », un « geste décisif » qui « illustre une nouvelle fois l’engagement vertueux de l’Algérie pour le culte musulman en France et pour toute notre communauté de foi ».

Des partenariats avec des institutions universitaires et religieuses sont envisagées, notamment avec Al-Azhar. « Ce fut par exemple l’un des sujets de discussion lors de mon récent entretien avec le grand imam d’Al-Azhar, Cheikh Ahmed el-Tayeb, au Caire » le 17 février dernier, a-t-il indiqué. Avant de conclure : « Devant vous, je prends aujourd’hui un engagement : l’École nationale Ibn Badis formera les futurs imams, avec les outils et dans un esprit qui leur permettront d’accompagner leurs fidèles avec sagesse et discernement, et de renforcer le lien entre la spiritualité et la citoyenneté. »

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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