Avec plus de 4 millions de chômeurs, soit un peu plus de 11% de la population active, et une croissance économique gravement ralentie, l’Allemagne constitue le principal point noir de l’Europe. Les quelques 450 000 nouveaux demandeurs d’emploi de ces derniers mois et l’état désastreux du secteur bancaire qui annonce de nombreuses faillites ne vont pas arranger les choses. Le pays qui était il y a quelques années le fleuron européen et l’exemple à suivre semble être au bord de la récession. Très mauvaise nouvelle pour ses partenaires économique comme la France …
La machine allemande a pris de l’âge et les politique menées jusqu’ici n’ont su arrêter la rouille. La compétitivité allemande qui était hier encore le fer de lance de l’économie, notamment dans le secteur industriel, perd de plus en plus de terrain et la compression du revenu des ménages freine la consommation. D’où la perte de vitesse de la croissance.
Le prix de la réunification
Il semble que l’Allemagne ne soit toujours pas parvenue à sortir du sillage houleux laisser par la réunification. Cette dernière ainsi que l’effort de reconstruction ont nécessité la mobilisation de ressources qui ont pesé énormément sur l’économie. Ainsi jusqu’au milieu des années 90, la reconstruction a engagé jusqu’à 15 % de la production intérieure brute (PIB). D’autre part, les évolutions salariales qu’a suscité la réunification continuent de peser sur l’économie intérieure. Les salaires ont grimpé plus vite que l’inflation et les gains de productivité n’ont pas suffi à éviter la hausse notable des coûts salariaux. On a de plus décider à l’époque de maintenir en marks de l’Ouest les rémunérations des Allemands de l’Est qui étaient certes inférieures. Cependant la productivité des Allemands de l’Est était encore plus faible que celle de Allemands de l’Ouest. Ainsi, les coûts salariaux allemands ont considérablement augmenté par rapport à la moyenne européenne, atténuant encore plus la compétitivité allemande. C’est pourquoi aujourd’hui la demande intérieure est largement freinée par une consommation très faible due à la contraction des salaires.
Le secteur bancaire en crise
Compliquant d’avantage la situation, le secteur bancaire est en grande difficulté. En effet, pendant la période d’euphorie financière de la fin de la dernière décennie, les banques allemandes ont contracté beaucoup de valeurs boursières qui étaient à l’époque très rentables. Cependant avec l’éclatement de la bulle en mars 2000 ces actions ont perdu énormément de valeur. De plus les banques ont largement ouvert les crédits à des entreprises qui, depuis la crise financière, sont en crise de solvabilité. Les banques les plus importantes ont ainsi annoncé ces derniers mois près de 50 000 suppressions d’emplois afin de réduire leurs coûts. Du fait de la crise de solvabilité de leurs entreprises clientes, les banques ont augmenté les provisions pour risques 1 dans des proportions peu communes. Ainsi, la n°2 allemande HYPOVEREINSBANK envisage de provisionner plus de 3 milliards d’euros en 2003 en supplément de près de 3,8 milliards déjà inscrits dans les comptes de 2002. Quant à la n°1 DEUTCSHE BANK, elle a multiplié par 4 ses provisions entre 2000 et 2002. Enfin, les portefeuilles de prêts sont passés au crible pour se débarrasser des clients les plus exposés aux aléas de la conjoncture. Au total, il en résulte 2 risques majeur. Le 1er est de voir l’offre de prêts être contraint par le manque de fonds propres (c’est à dire les fonds non empruntés). Ceci représente un risque dans le sens où en pareil cas les investissement seraient freinés, donc le développement des entreprises, donc la croissance. Le second est de voir le gouvernement allemand recourir à l’argent des contribuables pour refinancer les banques en faillites (rappelons que c’est ce qu’a fait le gouvernement français suite à la faillite du Crédit Lyonnais).
La situation des banques allemandes est tellement catastrophique que des rumeurs sérieuses annoncent la mise en place d’un plan de sauvetage du secteur bancaire par le gouvernement Allemand. Ce constat a de quoi inquiéter les grands partenaires économiques de l’Allemagne qui sont déjà affaiblis par une conjoncture mondiale très morose. L’économie allemande va tellement mal qu’il ne serait pas infondé d’y voir un nouveau Japon.