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Lire aussi le premier volet de l'enquête TeO sur la diversité des origines et les unions mixtes ici.
« Il faut bien travailler à l’école pour avoir une bonne situation plus tard ! ». En France, les aspirations vis-à-vis de l’école sont traditionnellement de pouvoir s’élever dans la société et, pendant longtemps, obtenir des diplômes a été une voie royale pour choisir un « bon métier » et atteindre une position sociale enviable. Depuis une quarantaine d’années cependant, le chômage de masse a dressé des obstacles de plus en plus difficiles à franchir pour les élèves méritants. D’autant plus que le niveau général d’éducation s’élève régulièrement, avec près de 80 % d’une classe d’âge qui atteint le Baccalauréat ses dernières années.
Dans ces conditions, « les enfants réussissent-ils mieux que leurs parents et leurs ascendants ? Cette question classique des études de mobilité sociale se pose avec une acuité particulière pour les familles d’immigrés, dont le projet migratoire visait souvent à améliorer leur sort et celui de leurs descendants », écrivent les rédacteurs du numéro 602 de Population et Sociétés, la publication de l’Institut national des études démographiques (Ined).
Sans surprise, la progression de diplômes est réelle entre les parents immigrés et leurs enfants nés en France (2e génération ou G2). La proportion de diplômés du supérieur passe de 1 sur 20 à près d’un tiers (33 %). Certes, chez les descendants de natifs, cette proportion atteint 43 %, mais la progression est notable. A noter que les enfants issus de couples mixtes comptent 41 % des diplômés du supérieur, c’est-à-dire une proportion équivalente à celle des natifs.
« Il faut bien travailler à l’école pour avoir une bonne situation plus tard ! ». En France, les aspirations vis-à-vis de l’école sont traditionnellement de pouvoir s’élever dans la société et, pendant longtemps, obtenir des diplômes a été une voie royale pour choisir un « bon métier » et atteindre une position sociale enviable. Depuis une quarantaine d’années cependant, le chômage de masse a dressé des obstacles de plus en plus difficiles à franchir pour les élèves méritants. D’autant plus que le niveau général d’éducation s’élève régulièrement, avec près de 80 % d’une classe d’âge qui atteint le Baccalauréat ses dernières années.
Dans ces conditions, « les enfants réussissent-ils mieux que leurs parents et leurs ascendants ? Cette question classique des études de mobilité sociale se pose avec une acuité particulière pour les familles d’immigrés, dont le projet migratoire visait souvent à améliorer leur sort et celui de leurs descendants », écrivent les rédacteurs du numéro 602 de Population et Sociétés, la publication de l’Institut national des études démographiques (Ined).
Sans surprise, la progression de diplômes est réelle entre les parents immigrés et leurs enfants nés en France (2e génération ou G2). La proportion de diplômés du supérieur passe de 1 sur 20 à près d’un tiers (33 %). Certes, chez les descendants de natifs, cette proportion atteint 43 %, mais la progression est notable. A noter que les enfants issus de couples mixtes comptent 41 % des diplômés du supérieur, c’est-à-dire une proportion équivalente à celle des natifs.
Sélection plus intense des migrants ces dernières années
Ce sont les enfants d’immigrés qui effectuent la distance la plus importante vis-à-vis de leurs parents, ce que les auteurs appellent la « mobilité éducative ». Plus de 70 % d’entre eux obtiennent un diplôme plus élevé que celui de leurs parents. Reste que la situation varie sensiblement selon l’origine des familles.
Chez les enfants de familles originaires du Maghreb et d’Europe du Sud, les parents ont rarement un diplôme du supérieur, alors que plus d’un tiers des enfants en possède un, ce qui se traduit par un pourcentage élevé d’enfants plus diplômés que les parents (respectivement 70 % et 80 %). « Cette forte progression en une génération ne s’explique pas seulement par la faible diffusion de l’enseignement supérieur dans les pays d’origine, mais aussi par la forte mobilisation des parents immigrés en faveur de la réussite scolaire des enfants. A la troisième génération, les descendants des migrations européennes sont au même niveau que les descendants de natifs », expliquent les auteurs.
Dans les familles originaires d’Afrique subsaharienne et d’Asie, les parents sont souvent plus diplômés que les parents natifs (un tiers contre un quart respectivement), une situation « qui témoigne d’une évolution des profils des immigrés en France : la diversification des origines s’est accompagnée d’une élévation des niveaux d’instruction liée à une sélection plus intense des émigrants par rapport à la population des pays d’origine ».
Le résultat peut paraitre surprenant car il ne correspond pas aux aprioris largement acceptés : les enfants des familles africaines sont plus souvent diplômés du supérieur que les descendants de natifs (50 % contre 43 % respectivement). On trouve 54 % de diplômés chez les enfants d’un ou deux immigrés d’Asie et même 64 % chez les enfants de couples mixtes dont un parent vient d’Asie.
A l’inverse, les enfants des familles originaires de Turquie ou du Moyen-Orient ont un taux faible de diplômés (18 %). Ces familles « combinent un faible taux de diplômés du supérieur chez les parents (5 %) et un taux encore limité chez les enfants. Si ces derniers ont souvent progressé par rapport aux parents (deux fois sur trois), ils n’en constituent pas moins le groupe issu de l’immigration le moins diplômé », constatent les auteurs. A noter que chez les enfants d’immigrés aussi, la réussite scolaire des filles dépasse celle des garçons.
Chez les enfants de familles originaires du Maghreb et d’Europe du Sud, les parents ont rarement un diplôme du supérieur, alors que plus d’un tiers des enfants en possède un, ce qui se traduit par un pourcentage élevé d’enfants plus diplômés que les parents (respectivement 70 % et 80 %). « Cette forte progression en une génération ne s’explique pas seulement par la faible diffusion de l’enseignement supérieur dans les pays d’origine, mais aussi par la forte mobilisation des parents immigrés en faveur de la réussite scolaire des enfants. A la troisième génération, les descendants des migrations européennes sont au même niveau que les descendants de natifs », expliquent les auteurs.
Dans les familles originaires d’Afrique subsaharienne et d’Asie, les parents sont souvent plus diplômés que les parents natifs (un tiers contre un quart respectivement), une situation « qui témoigne d’une évolution des profils des immigrés en France : la diversification des origines s’est accompagnée d’une élévation des niveaux d’instruction liée à une sélection plus intense des émigrants par rapport à la population des pays d’origine ».
Le résultat peut paraitre surprenant car il ne correspond pas aux aprioris largement acceptés : les enfants des familles africaines sont plus souvent diplômés du supérieur que les descendants de natifs (50 % contre 43 % respectivement). On trouve 54 % de diplômés chez les enfants d’un ou deux immigrés d’Asie et même 64 % chez les enfants de couples mixtes dont un parent vient d’Asie.
A l’inverse, les enfants des familles originaires de Turquie ou du Moyen-Orient ont un taux faible de diplômés (18 %). Ces familles « combinent un faible taux de diplômés du supérieur chez les parents (5 %) et un taux encore limité chez les enfants. Si ces derniers ont souvent progressé par rapport aux parents (deux fois sur trois), ils n’en constituent pas moins le groupe issu de l’immigration le moins diplômé », constatent les auteurs. A noter que chez les enfants d’immigrés aussi, la réussite scolaire des filles dépasse celle des garçons.
Le rendement du diplôme face à la réalité des discriminations
Reste à savoir si « le rendement du diplôme » sur le marché du travail est réel. Pour le savoir, les auteurs se sont intéressés aux professions de la 2e génération. « Quelle est la part des diplômés du supérieur qui accèdent aux professions intermédiaires ou supérieures ? », s’interrogent-ils. La réponse à cette question fait apparaître la réalité des discriminations dont sont victimes les Français d’origine immigrée.
Alors que « 77 % des descendants de natifs et 75 % des petits-enfants d’immigrés européens accèdent à ces professions, les diplômés du supérieur né d’un ou de deux parents d’origine extra-européennes sont moins nombreux à accéder à des professions intermédiaires ou supérieurs : 63 % pour les originaires du Maghreb, 67 % pour ceux d’Asie et 71 % pour ceux du reste de l’Afrique. Une part de l’explication de ces écarts selon l’origine tient aux discriminations à l’embauche régulièrement mesurées ». A noter aussi que, dans tous les groupes, le rendement professionnel d’un diplôme du supérieur est moindre pour les femmes, notamment du fait de leur retrait plus fréquent du marché du travail.
Conclusion, « la détention d’un diplôme du supérieur ne garantit pas un accès égal au marché du travail selon l’origine migratoire. La mobilité éducative favorise la mobilité sociale mais ne la garantit pas », constatent les auteurs. Il ne reste qu'à espérer cette situation se modifiera favorablement dans le futur grâce notamment à des politiques plus efficaces de lutte contre les discriminations.
Lire ici le troisième volet de l'enquête consacré aux discriminations vécues par les Français d'ascendance migratoire.
Alors que « 77 % des descendants de natifs et 75 % des petits-enfants d’immigrés européens accèdent à ces professions, les diplômés du supérieur né d’un ou de deux parents d’origine extra-européennes sont moins nombreux à accéder à des professions intermédiaires ou supérieurs : 63 % pour les originaires du Maghreb, 67 % pour ceux d’Asie et 71 % pour ceux du reste de l’Afrique. Une part de l’explication de ces écarts selon l’origine tient aux discriminations à l’embauche régulièrement mesurées ». A noter aussi que, dans tous les groupes, le rendement professionnel d’un diplôme du supérieur est moindre pour les femmes, notamment du fait de leur retrait plus fréquent du marché du travail.
Conclusion, « la détention d’un diplôme du supérieur ne garantit pas un accès égal au marché du travail selon l’origine migratoire. La mobilité éducative favorise la mobilité sociale mais ne la garantit pas », constatent les auteurs. Il ne reste qu'à espérer cette situation se modifiera favorablement dans le futur grâce notamment à des politiques plus efficaces de lutte contre les discriminations.
Lire ici le troisième volet de l'enquête consacré aux discriminations vécues par les Français d'ascendance migratoire.
L’enquête statistique Trajectoires et Origines 2 a été menée entre juillet 2019 et novembre 2020 par l’Institut national d’études démographiques (Ined) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Une enquête du même type a été menée en 2008-2009. Plus de 27 200 personnes tirées au sort parmi les habitants de France métropolitaine ont été interrogées.
Elles sont âgées de 18 à 59 ans, vivent en ménage ordinaire (pas de sans domicile fixe), habitent dans toutes les régions et assurent une bonne représentativité des immigrés et des descendants d’immigrés de 2e et 3e génération. Les enquêteurs ont veillé à couvrir les différentes zones géographiques d’origine ainsi que des personnes originaires des départements et régions d'outre-mer (DROM).
Elles sont âgées de 18 à 59 ans, vivent en ménage ordinaire (pas de sans domicile fixe), habitent dans toutes les régions et assurent une bonne représentativité des immigrés et des descendants d’immigrés de 2e et 3e génération. Les enquêteurs ont veillé à couvrir les différentes zones géographiques d’origine ainsi que des personnes originaires des départements et régions d'outre-mer (DROM).
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