Ce texte est le fruit de la pensée du soufi Ibn Arabi (1165-1240), couchée notamment dans son livre Al-Futuhat Al-Makkiya (Les illuminations de La Mecque) : la divinité créée par nos croyances
Ceux qui cheminent vers le divin sont de trois catégories : l’Homme de tous les jours qui se contente de ce qu’on lui demande de croire ; l’Homme qui cherche à comprendre par expérience ce qu’on lui a dit de croire ; et l’Homme qui se défait par expérience de toute croyance. Ces trois catégories d’Hommes forment une pyramide sur lequel réside au plus haut le libéré de toute croyance aveugle, et au plus bas, la masse aveugle qui suit n’importe quel agitateur.
Ceux qui cheminent vers le divin sont de trois catégories : l’Homme de tous les jours qui se contente de ce qu’on lui demande de croire ; l’Homme qui cherche à comprendre par expérience ce qu’on lui a dit de croire ; et l’Homme qui se défait par expérience de toute croyance. Ces trois catégories d’Hommes forment une pyramide sur lequel réside au plus haut le libéré de toute croyance aveugle, et au plus bas, la masse aveugle qui suit n’importe quel agitateur.
L’Homme aveugle se pense libre alors qu’il est esclave de ses propres pensées
Lorsqu’une personne se contente de la nourriture qu’on lui donne, alors se forge en lui une certaine idée de Dieu laquelle devient sa propre divinité personnelle. Conséquemment, toute personne qui irait contre l’idée qu’il se fait de Dieu se voit rentrer en conflit avec lui. C’est le royaume des aveugles qui n’ont rien expérimenté, chacun bataille pour la divinité qu’il s’est lui-même forgé dans son propre psychisme. En un mot, il s’adore lui-même tout en croyant servir Dieu, tel est notre triste sort actuellement. Guerre de dogmes, conflits entre divinité créée par le système de pensée de chaque Homme. Tous les conflits extérieurs sont avant tout des guerres intérieures exposées sur la scène du monde.
Dès lors, si je critique l’image que l’Homme se fait de Dieu, c’est dans le but de déconstruire cette pensée divinisée et non dans le but de blesser ! Au Diable l’image que l’on se fait de Dieu, du Christ, du Bouddha ou encore de Mohammed ! L’Homme aveugle se pense libre alors qu’il est esclave de ses propres pensées, de ses propres désirs et de ses propres émotions. Il s’aime tellement lui-même qu’il se condamne lui-même à l’errance. Notons que nous sommes en train de parler de la base de la pyramide, c’est-à-dire une surface très large et très étendue.
Dès lors, si je critique l’image que l’Homme se fait de Dieu, c’est dans le but de déconstruire cette pensée divinisée et non dans le but de blesser ! Au Diable l’image que l’on se fait de Dieu, du Christ, du Bouddha ou encore de Mohammed ! L’Homme aveugle se pense libre alors qu’il est esclave de ses propres pensées, de ses propres désirs et de ses propres émotions. Il s’aime tellement lui-même qu’il se condamne lui-même à l’errance. Notons que nous sommes en train de parler de la base de la pyramide, c’est-à-dire une surface très large et très étendue.
Sculpter une image mentale de Dieu
Au deuxième stade du cheminement spirituel se tient l’Homme qui entrevoit l’objet de sa propre adoration, il oscille encore entre protéger sa propre divinité inexistante et la détruire entièrement. Il hésite à porter un coup au Christ, la forme sacrale qu’il perçoit en elle l’empêche de la toucher. Prisonnier de la forme et des images, il est toujours attiré par le culte des idoles psychiques. En un mot, il s’admire lui-même à travers le culte du moi qui sculpte une image mentale de Dieu, et des saints. Parmi eux se trouvent des Hommes qui ont saisi ce jeu de la conscience, c’est donc avec vigueur qu’ils essaient de réitérer la Geste mythique d’Abraham tel définit dans le Coran dont voici les extraits :
6:74 où Abraham dit à Azar, son père : « Prends-tu des idoles comme divinités ? Je te vois, toi et ton peuple, dans un égarement évident ! »
6:76-79 « Quand la nuit l'enveloppa, il observa une étoile, et dit : "Voilà mon Seigneur !" Puis, lorsqu'elle disparut, il dit : "Je n'aime pas les choses qui disparaissent." Lorsqu'ensuite il observa la lune se levant, il dit : "Voilà mon Seigneur !" Puis, lorsqu'elle disparut, il dit : "Si mon Seigneur ne me guide pas, je serai certes du nombre des gens égarés." Lorsqu'ensuite il observa le soleil levant, il dit : "Voilà mon Seigneur ! Celui-ci est plus grand" Puis lorsque le soleil disparut, il dit : "Ô mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah. Je tourne mon visage exclusivement vers Celui qui a créé les cieux et la terre ; et je ne suis point de ceux qui Lui donnent des associés." »
21:58 « Il (Abraham) les mit en pièces (les divinités), hormis (la statue) la plus grande. Peut-être qu'ils reviendraient vers elle. »
21:59-60 « Ils dirent : "Qui a fait cela a nos divinités ? Il est certes parmi les injustes". (Certains) dirent : "Nous avons entendu un jeune homme médire d'elles ; il s'appelle Abraham." »
21:61-67 « Ils dirent : "Amenez-le sous les yeux des gens afin qu'ils puissent témoigner". (Alors) ils dirent : "Est-ce toi qui as fait cela a nos divinités, Abraham ? " Il dit : "C'est la plus grande d'entre elles que voici, qui l'a fait. Demandez-leur donc, si elles peuvent parler". Se ravisant alors, ils se dirent entre eux : "C'est vous qui êtes les vrais injustes". Puis ils firent volte-face et dirent : "Tu sais bien que celles-ci ne parlent pas." Il dit : "Adorez-vous donc, en dehors d'Allah, ce qui ne saurait en rien vous être utile ni vous nuire non plus. Fi de vous et de ce que vous adorez en dehors d'Allah ! Ne raisonnez-vous pas ?" »
Sur ce, ce dévot commence à comprendre que les archétypes s’expriment de manière symbolique à travers le Coran, car en fait le texte sacré ne parle que de lui-même et de ses propres conflits intérieurs. Le texte est en fait un dialogue entre son Soi et ses propres pensées, lequel apparaît également advenir sur la scène du monde dans un second temps. Il se met alors à agir de manière inversée par rapport à la masse, masse qui le juge selon leur propre lourde masse psychique et qui se révèle très pesante. Il a compris, cependant il n’a pas encore vu de ses propres yeux cette haute réalité.
6:74 où Abraham dit à Azar, son père : « Prends-tu des idoles comme divinités ? Je te vois, toi et ton peuple, dans un égarement évident ! »
6:76-79 « Quand la nuit l'enveloppa, il observa une étoile, et dit : "Voilà mon Seigneur !" Puis, lorsqu'elle disparut, il dit : "Je n'aime pas les choses qui disparaissent." Lorsqu'ensuite il observa la lune se levant, il dit : "Voilà mon Seigneur !" Puis, lorsqu'elle disparut, il dit : "Si mon Seigneur ne me guide pas, je serai certes du nombre des gens égarés." Lorsqu'ensuite il observa le soleil levant, il dit : "Voilà mon Seigneur ! Celui-ci est plus grand" Puis lorsque le soleil disparut, il dit : "Ô mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah. Je tourne mon visage exclusivement vers Celui qui a créé les cieux et la terre ; et je ne suis point de ceux qui Lui donnent des associés." »
21:58 « Il (Abraham) les mit en pièces (les divinités), hormis (la statue) la plus grande. Peut-être qu'ils reviendraient vers elle. »
21:59-60 « Ils dirent : "Qui a fait cela a nos divinités ? Il est certes parmi les injustes". (Certains) dirent : "Nous avons entendu un jeune homme médire d'elles ; il s'appelle Abraham." »
21:61-67 « Ils dirent : "Amenez-le sous les yeux des gens afin qu'ils puissent témoigner". (Alors) ils dirent : "Est-ce toi qui as fait cela a nos divinités, Abraham ? " Il dit : "C'est la plus grande d'entre elles que voici, qui l'a fait. Demandez-leur donc, si elles peuvent parler". Se ravisant alors, ils se dirent entre eux : "C'est vous qui êtes les vrais injustes". Puis ils firent volte-face et dirent : "Tu sais bien que celles-ci ne parlent pas." Il dit : "Adorez-vous donc, en dehors d'Allah, ce qui ne saurait en rien vous être utile ni vous nuire non plus. Fi de vous et de ce que vous adorez en dehors d'Allah ! Ne raisonnez-vous pas ?" »
Sur ce, ce dévot commence à comprendre que les archétypes s’expriment de manière symbolique à travers le Coran, car en fait le texte sacré ne parle que de lui-même et de ses propres conflits intérieurs. Le texte est en fait un dialogue entre son Soi et ses propres pensées, lequel apparaît également advenir sur la scène du monde dans un second temps. Il se met alors à agir de manière inversée par rapport à la masse, masse qui le juge selon leur propre lourde masse psychique et qui se révèle très pesante. Il a compris, cependant il n’a pas encore vu de ses propres yeux cette haute réalité.
Le savoir humain est le support de toute Connaissance, d’ouverture de soi
Les libérés sont affranchis du culte des idoles psychiques, peu importe ce qu’on dit d’eux ils voient ces mêmes idoles démoniaques agirent à travers les Hommes. L’Homme est un médiateur des mondes, une interface entre le haut et le bas. Par lui, l’Enfer se dévoile, et par lui le Paradis se manifeste. Ce qu’il découvre derrière la matière psychique est une essence polymorphe, amorphe et insondable. Chercher à la définir revient à la cloisonner et à la trahir. Paradoxalement, elle/il se manifeste à travers une image pour se faire voir mais elle/il n’est pas cette image qu’il perçoit en lui-même de manière limpide.
Dès lors, cette ultime réalité se révèle comme Christ pour les uns, Bouddha pour les autres et Horus pour d’autres encore. Il a ouvert les yeux grâce à son expérience spirituelle, appuyée par un solide savoir. Le savoir humain est le support de toute Connaissance, d’ouverture de soi. À ce stade, cet Homme n’a nul besoin de savoir car il voit. Cependant, il use du savoir pour transmettre sa propre expérience indicible aux Hommes aveugles. Quant à ces derniers, ils s’agglutinent sur ce savoir pour se l’accaparer et pour mieux forger leur propre idole psychique.
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Daniel Shoushi est auteur, conférencier, thérapeute et fondateur d’Orphélya. De formation philosophique et engagé dans une démarche spirituelle, il est spécialiste de la phénoménologie de l’esprit, du symbolisme et de la pensée antique.
Du même auteur :
Archéologie d’un mythe symbolique : le Dajjal
L’islam face à la musique : l’influence oubliée mais certaine de la mythologie
Dès lors, cette ultime réalité se révèle comme Christ pour les uns, Bouddha pour les autres et Horus pour d’autres encore. Il a ouvert les yeux grâce à son expérience spirituelle, appuyée par un solide savoir. Le savoir humain est le support de toute Connaissance, d’ouverture de soi. À ce stade, cet Homme n’a nul besoin de savoir car il voit. Cependant, il use du savoir pour transmettre sa propre expérience indicible aux Hommes aveugles. Quant à ces derniers, ils s’agglutinent sur ce savoir pour se l’accaparer et pour mieux forger leur propre idole psychique.
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Daniel Shoushi est auteur, conférencier, thérapeute et fondateur d’Orphélya. De formation philosophique et engagé dans une démarche spirituelle, il est spécialiste de la phénoménologie de l’esprit, du symbolisme et de la pensée antique.
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