Connectez-vous S'inscrire

Points de vue

La révolution biomimétique, solution pour un avenir soutenable ?

Rédigé par Nawfal Jorio | Lundi 27 Février 2017 à 11:40

           


La révolution biomimétique, solution pour un avenir soutenable ?
« Les curaderos considèrent les plantes comme de véritables entités vivantes, et ils entretiennent avec elles une relation intime. Ils ont la conviction que les plantes sont des professeurs capables de leur transmettre toutes sortes de connaissances. » (Extrait de Schizophrénie quantique)

L’imitation consciente de mère-nature par l’homme est une stratégie de survie prometteuse pour l’espèce humaine.

Depuis 3,8 milliard d’années, les animaux, les plantes et les micro-organismes « œuvrent » sans cesse à « imaginer » et « créer » des solutions leur permettant de survivre. Tout ce qui nous entoure aujourd’hui possède donc le secret de la survie. Plus notre monde fonctionnera comme le monde naturel, plus nous pourrions nous assurer de sa durabilité.

Qu’est-ce que le biomimétisme ?

Le terme biomimétisme provient de bio (vie) et de mimesis (imiter). Il s’agit d’une science qui étudie exclusivement la nature pour apprendre à l’imiter. Un exemple d’application bien connu : l’imitation de l’oiseau par l’homme pour construire le premier avion.

Janine M. Benyus, auteur du livre Biomimétisme : quand la nature inspire des innovations durables, affirme qu’il existe un besoin fondamental et urgent d’imiter la nature dans plusieurs domaines. Elle estime que la nature est un réservoir à idées inépuisable et qu’une révolution biomimétique est nécessaire pour garantir l’avenir de l’humanité. Voici quelques exemples qu’elle utilise pour soutenir cette idée :

> Les libellules sont plus manœuvrables que n’importe quel hélicoptère.

> Les systèmes de chauffage et de climatisation des nids de termites sont supérieurs à ceux inventés par l’homme en termes de consommation d’énergie et d’équipement.

> Les poissons de l’océan Arctique et les grenouilles des zones tempérées reviennent à la vie après avoir été gelés sans que leurs organes subissent de dommages.

> L’algue fluorescente combine différentes substances chimiques afin de produire de la lumière sans chaleur.

> Les lézards et les caméléons changent de couleur.

> Les pieuvres et les seiches changent à la fois de couleur et de forme en un instant.

> La capacité qu’ont les abeilles, les tortues et les oiseaux de se diriger sans carte.

> La capacité qu’ont les colibris de traverser le Golf du Mexique avec l’équivaleadnnt de 3 grammes de carburant.

> La double hélice d’ADN stocke l’information de chaque être humain.

> Grâce à la photosynthèse, les feuilles produisent 300 milliards de tonnes de sucre chaque année par réaction chimique.

> Le système de transmission à hautes fréquences des chauves-souris est bien plus efficace que n’importe quel radar conçu par l’homme.

Compétition et coopération: leçons de la nature

La culture de la compétition est omniprésente dans nos sociétés. Elle est saine à condition de coexister avec une réelle coopération collective.

Ainsi, dans la nature, nous pouvons observer des formes de compétition au sein de certains groupes d’animaux. Cependant, la coopération est aussi une règle naturelle. Observons l’exemple d’une chauve-souris vampire rassasiée parce qu’elle a croisé sur son chemin un cheval ou un âne dont elle vient de sucer le sang. Ensuite, elle va croiser un autre vampire amaigri dont la survie est compromise (plus que quelques heures à vivre) par manque de nourriture.

Que va-t-il se passer ? Voilà une belle leçon de coopération, parmi tant d’autres, que nous livre mère-nature : la chauve-souris repue va nourrir sa congénère d’une partie du sang qu’elle vient d’ingurgiter. Elle partagera donc sa nourriture dans le seul but altruiste de sauver une vie.

La révolution biomimétique, solution pour un avenir soutenable ?

Quelques pionniers de la biomimétique

De nombreux chercheurs et unités de recherche, sur la base de leurs observations de la nature, participent à cette révolution biomimétique. Teijin Fibers s’inspire des papillons Morpho pour produire des fibres sans colorant ni pigment. La couleur est créée à partir des variations d’épaisseur et de structure des fibres. En effet, les couleurs que nous voyons sur les ailes des papillons sont dues aux jeux de lumière dans les structures de ces écailles, plutôt qu’à la présence de pigments.

Christopher Viney (Université d’Oxford) étudie la manière dont les araignées fabriquent leur soie (qui est cinq fois plus solide que l’acier !) dans l’espoir de trouver un procédé de filage non toxique et performant.

Une équipe multidisciplinaire de Princeton suit l’ormeau dans la fabrication d’une nacre très solide et deux fois plus résistante que nos céramiques high-tech, le tout sans apport excessif d’énergie ou de toxines.

J. Herbert Waite (Université de Santa Barbara, Californie) s’intéresse à la moule bleue qui s’accroche aux rochers via une substance adhésive capable de se former et d’adhérer sous eau, contrairement à nos colles.

Richard Wrangham (Harvard) focalise sa recherche sur des substances médicinales à usage thérapeutique, qu’il a mises à jour en observant les chimpanzés se soigner avec des plantes.

Michael Conrad (Université d’Etat de Wayne) élabore de nouveaux ordinateurs calquant les cascades enzymatiques permettant aux cellules de communiquer.

J. Devens Gust (Université d’Arizona) étudie la capture de l’énergie solaire par la plante pour concevoir un nano capteur solaire (mini-pile solaire) qui imite la réaction de photosynthèse.

Des chercheurs du MIT (Massachussets Institute of Technology) sont en train de développer un prototype d’écran électronique économe en énergie. Ils se basent sur l’étude des seiches, ces mollusques qui en quelques fractions de secondes, s’adaptent à leur environnement en changeant de texture et de couleurs.

« La nature est une bibliothèque, lisez-la au lieu de la brûler ! » Idriss Aberkane

*****
Nawfal Jorio est un analyste financier dans le secteur de l'économie sociale, auteur du roman Schizophrénie quantique (Lulu, juin 2016) et du blog appelé RadiKale.

Du même auteur :
Par-delà la caricature, inchaAllah pour mieux vivre




SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !