Des milliers de manifestants ont bravé l'interdiction de manifester pour Gaza, samedi 19 juillet à Paris. Ici, une manif à Gare du Nord.
« Israël assassin, Hollande complice ! » Complice bien plus aujourd’hui qu’hier pour les militants de la cause palestinienne depuis la décision, prise vendredi par la préfecture de police de Paris puis confirmée par la justice, d’interdire toute manifestation de solidarité pour Gaza dans la capitale. Du Tchad où le chef d'Etat entreprend un voyage officiel, il a cautionné cette décision et a prévenu « que ceux qui veulent encore manifester prendront toutes leurs responsabilités ». Ces derniers, en toute connaissance de cause, ont effectivement pris leurs responsabilités en décidant de ne pas se taire devant ce qui est une décision relevant de l’arbitraire.
Des milliers de personnes – 10 000 selon les organisateurs, 3 000 selon la police – ont rejoint avant 15h le quartier de Barbès. Non loin, à Gare du Nord, plusieurs centaines de militants, anticipant une probable fermeture de la station Barbès, ont pris la sortie principale pour s’y rendre à pied. Mais très vite, la décision de rester l’a emporté parmi les protestataires, créant de fait une seconde manifestation en plein Paris. « Grâce à votre détermination, (...) nous défendrons les droits du peuple palestinien à résister ! », lance à la foule Omar Alsoumi, du Mouvement des jeunes palestiniens (PYM), fortement applaudi.
Pour découvrir les images de cette journée, cliquez ici.
Des milliers de personnes – 10 000 selon les organisateurs, 3 000 selon la police – ont rejoint avant 15h le quartier de Barbès. Non loin, à Gare du Nord, plusieurs centaines de militants, anticipant une probable fermeture de la station Barbès, ont pris la sortie principale pour s’y rendre à pied. Mais très vite, la décision de rester l’a emporté parmi les protestataires, créant de fait une seconde manifestation en plein Paris. « Grâce à votre détermination, (...) nous défendrons les droits du peuple palestinien à résister ! », lance à la foule Omar Alsoumi, du Mouvement des jeunes palestiniens (PYM), fortement applaudi.
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« Notre droit à s’exprimer est bafoué »
« Gaza, Gaza, on est tous avec toi ! » Un sit-in, encerclé par les forces de l’ordre, s'improvise alors sous une chaleur écrasante. Pour les jeûneurs, ce jour du Ramadan ne s’oubliera pas de si tôt tant il est difficile à supporter mais on ne se plaint pas trop : « A Gaza, ce sont les bombes qui leur tombent » pendant ce mois béni, nous dit une jeune musulmane, avec l’étiquette « Boycott Israël » à l’épaule. Mais vers 16h, des groupes se sont décidés à aller à Barbès. Pour les autres, leur présence est maintenue jusque vers 17h30 avec le slogan : « Gaza bombardée, Gare du Nord occupée ! »
Aucun incident n’est relevé de ce côté, l'ambiance était même bon enfant sans perdre de l'intensité de son sérieux, dira-t-on. De l’autre coté, c’est une toute autre histoire qui s’écrit. D'ailleurs, un signe ne nous trompera pas : le rassemblement n'est pas terminé devant cette gare ultra-fréquentée qu'on assiste au départ, vers 17h, des camions de CRS partis pour renforcer l’impressionnant dispositif policier à Barbès, où la tension était palpable.
Aucun incident n’est relevé de ce côté, l'ambiance était même bon enfant sans perdre de l'intensité de son sérieux, dira-t-on. De l’autre coté, c’est une toute autre histoire qui s’écrit. D'ailleurs, un signe ne nous trompera pas : le rassemblement n'est pas terminé devant cette gare ultra-fréquentée qu'on assiste au départ, vers 17h, des camions de CRS partis pour renforcer l’impressionnant dispositif policier à Barbès, où la tension était palpable.
Du gaz lacrymo lancé à la foule
Des manifestants racontent à Saphirnews que la manifestation s'était plutôt bien passée jusqu'à ce que la police finisse, après 16h, par charger pour que la foule reste fortement encadrée. Elle « a tiré du gaz lacrymo en plein milieu des gens pour les faire reculer, sans faire attention à la présence de femmes et d'enfants », s'insurge-t-on. Des vidéos témoignent d'un gazage massif en certains endroits du quartier, ici vers Château-Rouge.
Sur le chemin qui mène de Gare du Nord à Barbès, barrée plus loin par un mur de policiers, nous rencontrons ainsi, parmi d'autres, deux touristes allemandes en pleurs : l’effet du gaz lacrymogène, très puissant, qui dissuade du monde à aller de l'avant. Venues d’outre-Rhin pour la journée à Paris, elles se sont retrouvées mêlés sans le vouloir à la manifestation pour Gaza. En apprenant qu’elle était interdite, une d'elles nous dira « Shame on France ! » (« Honte à la France ! »). A Berlin ou ailleurs en Allemagne, aucune restriction à la liberté de manifester n’a été prononcée alors même que la chancelière Angela Merkel a revendiqué un soutien « sans réserve » à Israël. Des dizaines de milliers de personnes sont aussi descendues sans problème dans les rues de grandes villes européennes ce samedi.
Gaz lacrymogène en plein Paris
Une foule trop confinée en besoin de s'indigner
Tout indique que les protestataires sont venus manifester pacifiquement. A Barbès, la masse, compacte, a été confinée dans un espace bien trop étroit, créant nécessairement pour les organisateurs des tensions. La police ayant bloqué les rues principales, des groupes de personnes – quelques dizaines à des centaines selon les témoignages - se sont formés puis éparpillés à travers des petites rues pour se rendre à divers endroits de la capitale. Une troupe sera d'ailleurs remarquée pour avoir réussi à aller jusqu’à Châtelet, au centre de Paris. La plupart, dont celui-ci, ont fini par se disperser dans le calme.
Peu avant, les affrontements entre de petits groupes de jeunes, souvent excédés de faire du sur place, et les forces de l’ordre sont survenues : ce sont jets de pierres et de mortiers contre flash-ball et gaz lacrymo. Des dégâts dans les rues et des voitures brûlées ont été constatés. « C’est la bataille de Barbès ! », nous a résumé Youssef Bousoumah, du Parti des indigènes de la République, pour qui la faute est celle de l’Etat dans la situation qui s’est présentée aux pouvoirs publics. « Il n’y avait aucun danger en autorisant cette manifestation. (…) Le gouvernement a adressé un mépris le plus absolu à cette jeunesse », dit-il.
Peu avant, les affrontements entre de petits groupes de jeunes, souvent excédés de faire du sur place, et les forces de l’ordre sont survenues : ce sont jets de pierres et de mortiers contre flash-ball et gaz lacrymo. Des dégâts dans les rues et des voitures brûlées ont été constatés. « C’est la bataille de Barbès ! », nous a résumé Youssef Bousoumah, du Parti des indigènes de la République, pour qui la faute est celle de l’Etat dans la situation qui s’est présentée aux pouvoirs publics. « Il n’y avait aucun danger en autorisant cette manifestation. (…) Le gouvernement a adressé un mépris le plus absolu à cette jeunesse », dit-il.
L'interdiction de la manif responsable des troubles
Les organisations à l’initiative de la manifestation du 13 juillet, dont le NPA (Nouveau Parti anticapitaliste), avaient prévenu les autorités du danger de réprimer la liberté d’opinion à l’heure où la bande de Gaza compte ses morts par dizaines chaque jour pour atteindre 342 samedi soir. Personne n’aurait pu empêcher à une manifestation spontanée de naître et à une population de s’indigner contre les crimes d’Israël et l’alignement de la France sur la politique israélienne. « C’est la décision politique, pour ne pas dire idéologique, du gouvernement usant d’une violence disproportionnée qui a créé les conditions des troubles à l’ordre public, dont le gouvernement porte donc la totale responsabilité », déclarent les organisateurs dans un communiqué paru tardivement dans la soirée.
Au total, plusieurs blessés ont été recensés du côté des forces de l'ordre (14) et des manifestants (20). A ce bilan, s'ajoutent 38 personnes interpellées. Parmi elles, on compte des jeunes qui n'ont aucunement participé à des affrontements avec la police. Heba - que nous connaissons - témoignent sur Facebook. Voulant échapper aux charges policières, elle s'est réfugiée dans un immeuble avec sa sœur et 14 autres personnes pour attendre que les policiers s'éloignent. « Au bout de cinq minutes, une habitante de l'immeuble, voulant rentrer chez elle, nous a aperçu et a crié en appelant les CRS pour leur signaler notre présence. Les CRS nous ont alors demandé sur un ton menaçant de sortir de l'immeuble, ils nous ont aligné et encerclé sur le trottoir » avant d'être emmenés au commissariat. Rien ne pouvait être retenu contre elles, pas de garde à vue en conséquence. D'autres auront moins de chances...
La pagaille générée par l'interdiction a perturbé pendant quelques heures plusieurs boulevards de la capitale et les lignes 2 et 4 du métro qui ont pour arrêt Barbès. La préfecture pourrait y réfléchir à deux fois avant d'interdire à nouveau une manifestation pour Gaza en cette période troublée.
Au total, plusieurs blessés ont été recensés du côté des forces de l'ordre (14) et des manifestants (20). A ce bilan, s'ajoutent 38 personnes interpellées. Parmi elles, on compte des jeunes qui n'ont aucunement participé à des affrontements avec la police. Heba - que nous connaissons - témoignent sur Facebook. Voulant échapper aux charges policières, elle s'est réfugiée dans un immeuble avec sa sœur et 14 autres personnes pour attendre que les policiers s'éloignent. « Au bout de cinq minutes, une habitante de l'immeuble, voulant rentrer chez elle, nous a aperçu et a crié en appelant les CRS pour leur signaler notre présence. Les CRS nous ont alors demandé sur un ton menaçant de sortir de l'immeuble, ils nous ont aligné et encerclé sur le trottoir » avant d'être emmenés au commissariat. Rien ne pouvait être retenu contre elles, pas de garde à vue en conséquence. D'autres auront moins de chances...
La pagaille générée par l'interdiction a perturbé pendant quelques heures plusieurs boulevards de la capitale et les lignes 2 et 4 du métro qui ont pour arrêt Barbès. La préfecture pourrait y réfléchir à deux fois avant d'interdire à nouveau une manifestation pour Gaza en cette période troublée.
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