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Points de vue

Muhammad Hamidullah : une vie consacrée à la diffusion de l’islam

Rédigé par Seyfeddine Ben Mansour | Mardi 21 Août 2012 à 00:00

           


Muhammad Hamidullah : une vie consacrée à la diffusion de l’islam
Le 5 août dernier, l’émission dominicale « Lumières d’Islam » sur France 2 était consacrée à l’éminent érudit musulman Muhammad Hamidullah.

Décédé en 2002 à Jacksonville, en Floride, à l’âge de 95 ans, c’est un intellectuel connu tant en Europe et en Amérique du Nord que dans le sous-continent indien. Il aura ainsi marqué de son empreinte l’islam d’Occident, et particulièrement l’islam de France, dont il a été l’un des initiateurs.

On lui doit notamment la création du premier Centre culturel islamique en 1952, et, dix ans plus tard, celle de l’AEIF, l’Association des étudiants islamiques de France.

Sa traduction du Coran en français, la première du genre due à un musulman (1959), est une référence. Elle est de fait la plus utilisée en France et plus généralement dans le monde francophone. On lui doit également deux autres traductions du texte coranique, l’une en anglais, l’autre en allemand. Il est ainsi la seule personne à avoir jamais traduit le Coran dans trois langues.

Le professeur Hamidullah publiait d’ailleurs, de manière quasi indifférente, dans l’une de ces trois langues, mais aussi en arabe, turc, persan ou ourdou.

La conscience de l’unité culturelle de l’islam

Il connaissait au total 22 idiomes, dont le thaï, dont il commença l’apprentissage à l’âge de 84 ans. Mais surtout, parce qu’il maîtrisait les trois langues majeures de l’islam : l’arabe, le persan, et le turc, il avait l’insigne privilège de pouvoir accéder directement à l’ensemble du savoir d’islam.

Sa conscience de l’unité profonde de la culture islamique était ainsi nourrie de ses lectures — dans le texte — des œuvres d’Ibn ‘Arabî, de Rûmî, d'al-Birûnî, d'Abou Hanifa, d'as-Sarakhsî ou de Yunus Emre.

Doué d’une capacité de travail extraordinaire (jusqu’à quinze heures par jour), il est l’auteur de plus d’une centaine d’ouvrages et d’environ 2 000 articles. Ses publications couvrent un large éventail de disciplines islamiques, dont le droit musulman (fiqh), l’Histoire de l’islam et les sciences du hadith, avec notamment une traduction du Sahîh de Boukhari qui fait autorité.

Il est par ailleurs l’auteur d’une biographie du Prophète, mais aussi de monographies dans des domaines aussi divers que l’épigraphie arabe ou la grammaire comparée du français et de l’allemand. On lui doit enfin d’avoir exhumé quantité de manuscrits islamiques aussi rares que d’un grand intérêt scientifique, manuscrits dont il a assuré l’édition critique et la traduction, ainsi la Sahîfa de Hammâm Ibn Munabbah, le plus ancien manuscrit de hadiths découvert à ce jour.

Pour autant, l’éminent professeur n’a pas négligé le grand public : son Introduction à l’islam, publiée en 1957 et plusieurs fois rééditée depuis, a été traduite en 22 langues.

Né en 1908 à Hyderâbâd, dans le sud de l’Inde, au sein d’une famille de savants de lointaine ascendance arabe, Muhammad Hamidullah a étudié les sciences islamiques à la Jâmi’a Nidhâmiyya, l’équivalent indien de l’université d’al-Azhar au Caire. Titulaire d’un diplôme en droit musulman international de l’université d’Osmania en Inde, il poursuivra ses études en Allemagne, où il obtient en 1932 un doctorat en philosophie à l’université de Bonn. Puis en France, où il obtient trois ans plus tard un doctorat en lettres à la Sorbonne.

Exilé en France après l’invasion indienne de sa ville en 1948, il sera de 1954 à 1978 chercheur au CNRS.
Il assurera en parallèle ses enseignements d’histoire de l’islam à l’université d’Ankara et à l’université Atatürk d’Erzurum.
Parmi ses étudiants, on compte notamment le professeur Ekmeleddin Ihsanoglu, l’actuel secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).






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