Le bal est ouvert et les alliances vont bon train en vue des élections municipales à Paris les 15 et 22 mars prochains. Alors que la majorité actuelle conduite par Anne Hidalgo semble attaquée de toute part, cette dernière caracole en tête des sondages d’intention de vote, talonnée par les frères ennemis LREM, Cédric Villani et Benjamin Griveaux.
Les Verts seraient disposés à conclure un accord avec le premier d’entre eux, à l’intérieur d’une vaste coalition allant du centre-droit... jusqu’aux Insoumis de Danielle Simonnet et de Vikash Dhorasoo ! L’outsider Gaspard Gantzer semble distancé – alors que ses propositions font les choux gras des médias télévisuels, et sont reprises un peu partout.
Le trublion Marcel Campion joue un jeu trouble, en tentant lui aussi de faire obstacle aux partis traditionnels, tandis qu’à droite, les Républicains sont plus divisés que jamais, en raison notamment des défections de nombreux élu-e-s, par exemple dans le 9e et le 5e arrondissements.
Il n’est pas certain cependant que les militantes et les militants de ces partis s’y retrouvent, et encore moins les électrices et les électeurs. Tous les candidats évoquent leur volonté depuis le début de faire participer les citoyennes et les citoyens, mais personne n’est dupe : la grande majorité des Parisiennes et des Parisiens ont largement boudé ces consultations. Seuls comptent désormais les effets de manche et d’annonce, dans un jeu qui ne fait pas l’affaire de la démocratie locale.
Les Verts seraient disposés à conclure un accord avec le premier d’entre eux, à l’intérieur d’une vaste coalition allant du centre-droit... jusqu’aux Insoumis de Danielle Simonnet et de Vikash Dhorasoo ! L’outsider Gaspard Gantzer semble distancé – alors que ses propositions font les choux gras des médias télévisuels, et sont reprises un peu partout.
Le trublion Marcel Campion joue un jeu trouble, en tentant lui aussi de faire obstacle aux partis traditionnels, tandis qu’à droite, les Républicains sont plus divisés que jamais, en raison notamment des défections de nombreux élu-e-s, par exemple dans le 9e et le 5e arrondissements.
Il n’est pas certain cependant que les militantes et les militants de ces partis s’y retrouvent, et encore moins les électrices et les électeurs. Tous les candidats évoquent leur volonté depuis le début de faire participer les citoyennes et les citoyens, mais personne n’est dupe : la grande majorité des Parisiennes et des Parisiens ont largement boudé ces consultations. Seuls comptent désormais les effets de manche et d’annonce, dans un jeu qui ne fait pas l’affaire de la démocratie locale.
Les résultats des élections semblent brouillés à l’avenir, à l’avance, à distance
Certes, la société civile et, en particulier, les populations issues de l’immigration, semblent mieux représentées sur les listes, notamment dans les 10e, le 18e et 19e arrondissements. Mais le débat est vicié par la volonté des appareils nationaux de peser dans le débat actuel. L’allégeance ou non au gouvernement et au président de la République ressemble fort à une ingérence, nuisible à l’exposé des propositions et à l’intérêt local.
La course à l’échalote concernant l’écologie semble faire oublier le sort des quartiers populaires, où le taux de pauvreté et le nombre de SDF n’ont jamais été aussi élevés. Ce sont pourtant dans ces quartiers que l’urgence environnementale, la vitalité économique et la question sociale sont le plus intimement liées, où les services publics sont plus que jamais nécessaires… Sans parler de la situation des réfugié-e-s, qui est largement ignorée dans les programmes respectifs, excepté peut-être en ce qui concerne les enfants des rues de Paris et le consensus pour les reloger ailleurs, loin, très loin !
Les militantes et les militants ont-ils été consultés sur le jeu des alliances et des défections qui se font jour ici ou là ? N’est-ce pas la volonté présidentielle qui permet de trancher et de contourner la base ? Quelle légitimité accorder par exemple à Sandrine Mazetier dans le 12e arrondissement ou à Frédérique Calandra dans le 20e arrondissement, côté PS, qui ont bafoué le vote de leurs électrices et de leurs électeurs, pour rejoindre Benjamin Griveaux et, ainsi, s’offrir aux puissants du moment ?
Seuls les communistes, et leur récent vote, quasiment à l’unanimité, en faveur de l’alliance avec le micro-parti d’Anne Hidalgo, « Paris en Commun », mais aussi Génération-s et autres, semblent tirer leur épingle du jeu dans cette mascarade de campagne. Pas sûr cependant que leurs idées pèsent autant que leurs positions au sein de l’ensemble des forces de gauche… Et encore moins certain que ces idées pèsent aujourd’hui suffisamment dans l’opinion publique pour faire changer le cours des élections.
Si bien que désormais, les résultats des élections semblent brouillés à l’avenir, à l’avance, à distance. Le Rassemblement national ne pourra en profiter, dans une ville cosmopolite, largement étanche aux idées de l’extrême droite. Mais ailleurs, en province, ces jeux d’appareil font sourire toutes celles et toux ceux qui ont adopté une ligne claire dès le départ. Gageons que les « chefs d’état-major » qui auront pris soin de faire voter leur ligne politique disposeront d’un avantage certain dans la bagarre.
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Mehdi Thomas Allal est maître de conférences à Sciences Po et responsable du pôle « Vivre ensemble » au sein du think tank le Jour d’après (JDA).
La course à l’échalote concernant l’écologie semble faire oublier le sort des quartiers populaires, où le taux de pauvreté et le nombre de SDF n’ont jamais été aussi élevés. Ce sont pourtant dans ces quartiers que l’urgence environnementale, la vitalité économique et la question sociale sont le plus intimement liées, où les services publics sont plus que jamais nécessaires… Sans parler de la situation des réfugié-e-s, qui est largement ignorée dans les programmes respectifs, excepté peut-être en ce qui concerne les enfants des rues de Paris et le consensus pour les reloger ailleurs, loin, très loin !
Les militantes et les militants ont-ils été consultés sur le jeu des alliances et des défections qui se font jour ici ou là ? N’est-ce pas la volonté présidentielle qui permet de trancher et de contourner la base ? Quelle légitimité accorder par exemple à Sandrine Mazetier dans le 12e arrondissement ou à Frédérique Calandra dans le 20e arrondissement, côté PS, qui ont bafoué le vote de leurs électrices et de leurs électeurs, pour rejoindre Benjamin Griveaux et, ainsi, s’offrir aux puissants du moment ?
Seuls les communistes, et leur récent vote, quasiment à l’unanimité, en faveur de l’alliance avec le micro-parti d’Anne Hidalgo, « Paris en Commun », mais aussi Génération-s et autres, semblent tirer leur épingle du jeu dans cette mascarade de campagne. Pas sûr cependant que leurs idées pèsent autant que leurs positions au sein de l’ensemble des forces de gauche… Et encore moins certain que ces idées pèsent aujourd’hui suffisamment dans l’opinion publique pour faire changer le cours des élections.
Si bien que désormais, les résultats des élections semblent brouillés à l’avenir, à l’avance, à distance. Le Rassemblement national ne pourra en profiter, dans une ville cosmopolite, largement étanche aux idées de l’extrême droite. Mais ailleurs, en province, ces jeux d’appareil font sourire toutes celles et toux ceux qui ont adopté une ligne claire dès le départ. Gageons que les « chefs d’état-major » qui auront pris soin de faire voter leur ligne politique disposeront d’un avantage certain dans la bagarre.
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Mehdi Thomas Allal est maître de conférences à Sciences Po et responsable du pôle « Vivre ensemble » au sein du think tank le Jour d’après (JDA).