Oui, je jeûne ! Comme tous les musulmans ou presque ! J’en suis content, et je ne le vis pas comme un fardeau, mais plutôt comme une libération annuelle, une bouffée d’oxygène dans la lassante succession des jours qui se ressemblent.
Que mes amis non musulmans ne s’y trompent pas : il m’arrive d’avoir le ventre qui gargouille, la tête qui réclame, et le corps qui se lasse mais c’est bien là l’intérêt ! Le jeûne est l’école de la patience. Celle qui nous fait découvrir une force insoupçonnable, et qui nous rend productif, efficace là où d’aucuns nous regardent avec condescendance : « Le pauvre ! Il jeûne... »
J’aime ce moment au milieu de la nuit où la maison s’agite comme pour un repas du midi en dehors du Ramadan, la joie de la famille de manger autour d’une table, le regard vif des plus jeunes qui se lancent le défi de tenter l’expérience et qui, souvent, la poursuivent devant l’incrédulité de ceux qui ignorent cette fascination qu’exerce sur eux la tentation de « tenir ».
Beaucoup ignorent que les enfants sont demandeurs et j’ai vu plein de familles qui négocient avec leurs enfants qui n’ont pas encore l’âge de « jeûner » (la puberté) pour les empêcher de jeûner tout le mois !
J’aime ces lectures du Coran, de nuit et de jour, ces prières nocturnes du tarawih qui nous rappellent à nous, musulmans, l’Essentiel, et fait reprendre à beaucoup d’entre nous le lien avec la mosquée. J'aime cette sensation qu'au milieu des autres on se sent porté, au-dessus des vacarmes de la vie terrestre, tout en y prenant part.
La joie de se retrouver à la rupture du jeûne, avec ce sentiment d’être privilégié, et de se rendre compte que nous l’oublions. Cette joie qui donne un autre sens à la liberté : celui d’assumer les privations que l’on choisit et de prendre conscience que nous baignons dans tant de bienfaits, que nous oublions si facilement…
J’aime cette prise de conscience que nous ne pouvons manger à notre faim, boire dès que l’on en sent le besoin alors que tant de pauvres dans le monde ne trouvent rien à manger, ou trop peu et boivent une eau moins pure que celle qui, chez nous, est jetée aux égouts…
Le Ramadan, cette expérience puissante, répétée, inégalable, à travers laquelle le Créateur nous élève, nous purifie, nous réconcilie.
Cette pratique mérite de nous tout notre engagement, non seulement pour en parfaire l’exécution, mais aussi pour en récolter les fruits et pour poursuivre nos combats. Le combat contre notre avarice, notre oubli, notre rudesse, nos petitesses, nos suffisances et insuffisances. Le combat de redonner sens à notre vie.
Bon et joyeux Ramadan !
****
Hassan Safoui est secrétaire général du Comité 15 mars et Libertés.
Que mes amis non musulmans ne s’y trompent pas : il m’arrive d’avoir le ventre qui gargouille, la tête qui réclame, et le corps qui se lasse mais c’est bien là l’intérêt ! Le jeûne est l’école de la patience. Celle qui nous fait découvrir une force insoupçonnable, et qui nous rend productif, efficace là où d’aucuns nous regardent avec condescendance : « Le pauvre ! Il jeûne... »
J’aime ce moment au milieu de la nuit où la maison s’agite comme pour un repas du midi en dehors du Ramadan, la joie de la famille de manger autour d’une table, le regard vif des plus jeunes qui se lancent le défi de tenter l’expérience et qui, souvent, la poursuivent devant l’incrédulité de ceux qui ignorent cette fascination qu’exerce sur eux la tentation de « tenir ».
Beaucoup ignorent que les enfants sont demandeurs et j’ai vu plein de familles qui négocient avec leurs enfants qui n’ont pas encore l’âge de « jeûner » (la puberté) pour les empêcher de jeûner tout le mois !
J’aime ces lectures du Coran, de nuit et de jour, ces prières nocturnes du tarawih qui nous rappellent à nous, musulmans, l’Essentiel, et fait reprendre à beaucoup d’entre nous le lien avec la mosquée. J'aime cette sensation qu'au milieu des autres on se sent porté, au-dessus des vacarmes de la vie terrestre, tout en y prenant part.
La joie de se retrouver à la rupture du jeûne, avec ce sentiment d’être privilégié, et de se rendre compte que nous l’oublions. Cette joie qui donne un autre sens à la liberté : celui d’assumer les privations que l’on choisit et de prendre conscience que nous baignons dans tant de bienfaits, que nous oublions si facilement…
J’aime cette prise de conscience que nous ne pouvons manger à notre faim, boire dès que l’on en sent le besoin alors que tant de pauvres dans le monde ne trouvent rien à manger, ou trop peu et boivent une eau moins pure que celle qui, chez nous, est jetée aux égouts…
Le Ramadan, cette expérience puissante, répétée, inégalable, à travers laquelle le Créateur nous élève, nous purifie, nous réconcilie.
Cette pratique mérite de nous tout notre engagement, non seulement pour en parfaire l’exécution, mais aussi pour en récolter les fruits et pour poursuivre nos combats. Le combat contre notre avarice, notre oubli, notre rudesse, nos petitesses, nos suffisances et insuffisances. Le combat de redonner sens à notre vie.
Bon et joyeux Ramadan !
****
Hassan Safoui est secrétaire général du Comité 15 mars et Libertés.