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Economie

Réduction du taux d’intérêt pour une reprise de la croissance économique en Europe

Rédigé par Zaïri Rachid | Mercredi 12 Mars 2003 à 00:00

           

L'Europe entière avait les yeux rivés sur Francfort jeudi dernier (6 mars), où la Banque centrale européenne (BCE) tenait sa réunion traditionnelle sur sa politique monétaire. Devant la détérioration continue de l'économie continentale, les observateurs s'attendaient, ou au moins espéraient, une baisse du taux d’intérêt de la BCE qui viendrait soutenir une croissance...



L'Europe entière avait les yeux rivés sur Francfort jeudi dernier (6 mars), où la Banque centrale européenne (BCE) tenait sa réunion traditionnelle sur sa politique monétaire. Devant la détérioration continue de l'économie continentale, les observateurs s'attendaient, ou au moins espéraient, une baisse du taux d’intérêt de la BCE qui viendrait soutenir une croissance. Lors d'une conférence de presse, Wim Duisenberg, le président de la BCE, a expliqué que les tensions géopolitiques et la hausse des cours du pétrole sapaient la confiance et les perspectives de croissance. Cela a convaincu la BCE de réduire ses taux d'un quart de point, a-t-il dit, mais il a laissé la porte ouverte à d'autres détentes…

Une croissance économique européenne en berne
Les dernières prévisions de la Commission européenne laissent espérer une maigre croissance de 1 % dans la zone euro cette année, un peu mieux que le 0,8 % de l'année dernière, mais au bas de la fourchette des prévisions de décembre qui allait de 1,1 à 2,1 %. Au quatrième trimestre, la croissance était de 0,2 % par rapport aux trois mois précédents.
De même, l'Organisation pour coopération et le développement économique (OCDE) a, de son côté, revu en forte baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro et invité la BCE à engager une 'baisse rapide et franche' de ses taux.

Une réaction de la BCE consistant à réduire le taux d’intérêt directeur de la zone
Le président de l'institution monétaire, Wim Duisenberg, a lui-même laissé entrevoir un tel geste deux semaines plus tôt lors de la réunion des ministres des Finances du G7 à Paris. 'Si nous recevons de nouvelles informations (...), nous n'hésiterons pas à agir', a-t-il indiqué.

La Banque centrale européenne (BCE) a réduit jeudi son taux d'intérêt directeur d'un quart de point de pourcentage à 2,50%, son niveau le plus bas depuis avril 1999, donnant un coup de pouce à la croissance européenne déclinante. Depuis décembre, le taux s’élevait à 2,75%, soit plus du double de celui de la Réserve fédérale américaine. Cette baisse était largement attendue, les dirigeants de la BCE ayant fourni plusieurs signaux en ce sens au cours des dernières semaines, sur fond de dégradation des perspectives économiques en zone euro.L'amélioration des perspectives d'inflation laissait une marge de manœuvre à la banque centrale. L'euro s'est apprécié de 10 % depuis la dernière baisse du taux le 5 décembre dernier, limitant ainsi la hausse de la facture pétrolière et contribuant à contenir les pressions inflationnistes. En prenant sa décision, la BCE n'a pas tenu compte d'un éventuel conflit militaire en Irak, les risques de guerre n'étant d'ailleurs pas les seuls facteurs à influer sur la confiance.


Cette réduction ne semble pas assez satisfaisante
Toutefois, les marchés financiers semblaient un peu déçus, car ils avaient espéré une baisse plus importante, d'un demi-point de pourcentage.
En effet, les perspectives d’un conflit armé en Irak, la montée spectaculaire du cours du pétrole et le niveau trop faible de la croissance européenne sont autant d’éléments d’une trop  grande importance pour espérer une reprise rapide et durable de l’investissement dans la zone. La confiance à la fois des consommateurs et des entrepreneurs concernant l’avenir est à un niveau faible, ce qui traduit un bas niveau de la consommation et de l’investissement.

Deux effets peuvent être attendus en guise de conséquence à la réduction d’un quart de point du taux d’intérêt directeur européen :

- Il y a premièrement une période de temps entre la baisse du taux d’intérêt et ses     implications,  par le crédit,  sur l’investissement pour les entrepreneurs et sur la consommation pour les consommateurs. Cet intervalle de temps est appelé en théorie économique 'effet d’hystérésis'.
        
- Deuxièmement, la réduction d’un quart de point n’est pas suffisante pour permettre de rétablir une confiance viable dans la zone euro et par la de permettre un retour rapide et durable de la croissance économique. En d’autre terme, la faible réduction du taux d’intérêt directeur ne constitue pas 'une force de rappel'.

Par ailleurs, certains experts pensent qu'une nouvelle baisse de taux est pour bientôt. Sur trente économistes interrogés par Reuters jeudi après-midi, 28 ont dit penser que la BCE assouplirait encore sa politique monétaire au deuxième trimestre, la plupart tablant sur une nouvelle réduction de 25 points de base. La prochaine réunion du conseil de la BCE relative aux taux d'intérêt est programmée le 3 avril.

Pour permettre une véritable croissance forte et durable
John M. KEYNES est un des plus grands auteurs en sciences économiques. Il a longuement travaillé sur ce qui permettrai une croissance pouvant réduire de manière significative le chômage. Parmi ses nombreuses recommandations, il insiste sur l’importance de réduire considérablement le taux d’intérêt afin de stimuler la reprise économique d’une zone. Il dit cela parce qu’il considère qu’une telle action permettrai d’une part de favoriser la consommation des ménages grâce à un crédit à la consommation bon marché et d’autre part de favoriser l’investissement toujours par un crédit attractif. Il ajoute qu’il faut pratiquer 'l’euthanasie des rentiers', qui ne sont pas favorables à ce genre d’intervention car il s’agit par la même occasion de réduire leurs rentes.

D’autres auteurs accentuent ce point de vue en disant que la véritable solution ne serait autre que de réduire les taux d’intérêt à zéro. 'Ce monde sera un jour contraint de reconnaître l’abolition de l’intérêt après que des crises violentes ne fassent leurs apparitions' (Al SHA’RAWI).





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