Pour beaucoup d’entre nous, voyager signifie partir, sortir de son quotidien et s’en aller loin de chez soi.
Au premier abord, c’est tout simple. Et pourtant, les retombées de tout voyage entrepris sont énormes, mais pour qui se donne la peine de les analyser et de les exploiter bien sûr!
Au premier abord, c’est tout simple. Et pourtant, les retombées de tout voyage entrepris sont énormes, mais pour qui se donne la peine de les analyser et de les exploiter bien sûr!
Partir, pourquoi ?
Il arrive toujours un moment où son train-train quotidien devient ordinaire, vraiment trop ordinaire et donc se manifeste la volonté voire la nécessité de mettre « un peu de voyage dans sa vie ». Nous éprouvons le besoin prononcé de changer d’air, de voir du pays.
Il est vrai que les attentes de chacun sont diverses et variées : le repos, la détente, la découverte, l’ouverture, la soif d’apprendre, la rencontre avec Autrui, etc. Hélas, de nos jours, nous sommes aussi devenus dans ce domaine des « consommateurs » de voyage. Nous essayons d’en faire un maximum, d’emmagasiner des destinations, d’accumuler des noms de pays visités. Et nous ne prenons pas toujours le temps d’examiner les impacts qu’un voyage peut produire en nous.
On pense faire un voyage mais en réalité c’est ce voyage qui nous fait ou nous défait. Il nous construit, nous déconstruit, nous change, il nous ouvre vers d’autres horizons. C’est d’ailleurs, à ce titre, que Dieu, dans le Coran, nous enjoint à plusieurs reprises d’explorer Sa Terre, son immensité, ce grand Livre ouvert… notamment à travers un verset, lourd de sens, qui se trouve dans la sourate « Le pèlerinage », et ce n’est peut-être pas un hasard si l’on trouve ce verset dans ce chapitre, lorsque l’on sait à quel point la visite de ces lieux saints laisse bien souvent des traces indélébiles sur le cœur et l’esprit.
« Ne parcourent-ils pas la Terre afin d’avoir des cœurs par lesquels ils raisonnent, ou des oreilles par lesquelles ils écoutent ? Car ce ne sont pas les regards qui s’aveuglent, mais s’aveuglent les cœurs qui sont dans les poitrines. » (Coran 22/46)
A travers cette interrogation oratoire, on comprend de fait les innombrables bienfaits que le voyage peut produire en nous. Le voyage est une expérience riche et complexe. La vue, l’ouïe, le toucher, le goût, l’odorat, tous nos sens sont en ébullition, ils s’unissent pour que l’on comprenne et que l’on se place en témoin de cette Terre vaste et riche, signe du Créateur…
L’ouverture d’esprit, la rencontre avec Autrui, la découverte d’endroits différents, l’exploration de l’immensité de la création… sont autant, et la liste est loin d’être exhaustive, de bénéfices qu’apporte le voyage.
Ici, ce qui m’interpelle tout particulièrement est cette rencontre avec Autrui mais surtout comprendre en quoi cette rencontre de l’autre influe sur la découverte de soi.
Il est vrai que les attentes de chacun sont diverses et variées : le repos, la détente, la découverte, l’ouverture, la soif d’apprendre, la rencontre avec Autrui, etc. Hélas, de nos jours, nous sommes aussi devenus dans ce domaine des « consommateurs » de voyage. Nous essayons d’en faire un maximum, d’emmagasiner des destinations, d’accumuler des noms de pays visités. Et nous ne prenons pas toujours le temps d’examiner les impacts qu’un voyage peut produire en nous.
On pense faire un voyage mais en réalité c’est ce voyage qui nous fait ou nous défait. Il nous construit, nous déconstruit, nous change, il nous ouvre vers d’autres horizons. C’est d’ailleurs, à ce titre, que Dieu, dans le Coran, nous enjoint à plusieurs reprises d’explorer Sa Terre, son immensité, ce grand Livre ouvert… notamment à travers un verset, lourd de sens, qui se trouve dans la sourate « Le pèlerinage », et ce n’est peut-être pas un hasard si l’on trouve ce verset dans ce chapitre, lorsque l’on sait à quel point la visite de ces lieux saints laisse bien souvent des traces indélébiles sur le cœur et l’esprit.
« Ne parcourent-ils pas la Terre afin d’avoir des cœurs par lesquels ils raisonnent, ou des oreilles par lesquelles ils écoutent ? Car ce ne sont pas les regards qui s’aveuglent, mais s’aveuglent les cœurs qui sont dans les poitrines. » (Coran 22/46)
A travers cette interrogation oratoire, on comprend de fait les innombrables bienfaits que le voyage peut produire en nous. Le voyage est une expérience riche et complexe. La vue, l’ouïe, le toucher, le goût, l’odorat, tous nos sens sont en ébullition, ils s’unissent pour que l’on comprenne et que l’on se place en témoin de cette Terre vaste et riche, signe du Créateur…
L’ouverture d’esprit, la rencontre avec Autrui, la découverte d’endroits différents, l’exploration de l’immensité de la création… sont autant, et la liste est loin d’être exhaustive, de bénéfices qu’apporte le voyage.
Ici, ce qui m’interpelle tout particulièrement est cette rencontre avec Autrui mais surtout comprendre en quoi cette rencontre de l’autre influe sur la découverte de soi.
De l’Autre à soi
C’est peut-être une banalité que d’affirmer que la rencontre de l’Autre est avant tout une rencontre de soi. En effet, c’est comme si, parallèlement au périple extérieur se déroulait un voyage plus intime, plus profond : un voyage dans son moi intérieur. Oui, mais comment s’opère-t-il ?
La rencontre interculturelle qui va se produire va forcément remuer, interroger, secouer l’univers de représentations du voyageur. Il perçoit d’autres manières de faire, de s’exprimer, de se nourrir, en somme une autre manière de vivre, et prend ainsi conscience des différences mais aussi des similitudes.
Bien entendu, ce n’est pas toujours simple. Il faut parfois se faire violence pour découvrir certains mets pour le moins étranges, d’autres coutumes, d’autres pratiques que l’on désigne sous le concept de culture.
Cette initiation à la diversité, à la différence, à l’altérité va tout naturellement venir questionner notre voyageur et le pousser à admettre, dans son for intérieur qu’il est différent, autre que son autre…
Se découvrir autre, c’est reconnaître l’altérité en soi et comme le disait le philosophe et sociologue Edgar Morin : « C‘est parce que le sujet porte l’altérité en lui-même qu’il peut communiquer avec autrui. »
La rencontre interculturelle qui va se produire va forcément remuer, interroger, secouer l’univers de représentations du voyageur. Il perçoit d’autres manières de faire, de s’exprimer, de se nourrir, en somme une autre manière de vivre, et prend ainsi conscience des différences mais aussi des similitudes.
Bien entendu, ce n’est pas toujours simple. Il faut parfois se faire violence pour découvrir certains mets pour le moins étranges, d’autres coutumes, d’autres pratiques que l’on désigne sous le concept de culture.
Cette initiation à la diversité, à la différence, à l’altérité va tout naturellement venir questionner notre voyageur et le pousser à admettre, dans son for intérieur qu’il est différent, autre que son autre…
Se découvrir autre, c’est reconnaître l’altérité en soi et comme le disait le philosophe et sociologue Edgar Morin : « C‘est parce que le sujet porte l’altérité en lui-même qu’il peut communiquer avec autrui. »
Surtout une découverte de soi-même
Le voyage possède cette excellente faculté de permettre quelque part une métamorphose au voyageur. En effet, un voyageur qui rentrerait de voyage en se trouvant être psychiquement, moralement, intérieurement le même qu’il était avant de partir aura, indéniablement, raté son voyage.
Le voyage s’inscrit dans une quête personnelle, une découverte de soi, comme le disait le poète : « Le voyage: un départ de moi, un infini de distances infinies et une arrivée à moi. » Quelque part, le voyage permet cette transformation de soi en trois temps, avant/pendant/après.
Avant le voyage, on se prépare à partir, à la découverte d’un ailleurs.
Pendant, le voyage devient une expérience concrète et non plus imaginée. La transformation de soi opère progressivement. Préjugés et malentendus sont mis à rude épreuve. Par exemple, l’exotisme attribué à l’Autre disparaît peu à peu, pour devenir un exotisme inversé, on est soi-même l’exotique. L’étrangeté n’est plus chez l’Autre mais en soi. Un remaniement identitaire s’impose, car une nouvelle identité commence à voir le jour.
Après, c’est le retour, un nouveau départ, un nouveau voyage. On a changé et le retour peut être difficile voire parfois douloureux. Le retour est un sentiment étrange aux mille facettes.
Ainsi, le voyage ne saurait se réduire à un déplacement dans l’espace et le temps. Bien au contraire, il est la manifestation de la découverte d’une connaissance plus large, plus universelle et plus personnelle de soi.
« Le plus court chemin qui mène à soi-même, vous conduit autour du monde. » Le voyage est une école de la vie. Nous ne voyageons, surtout pas pour voyager, sinon c’est de l’errance. Voyager, pour quoi faire? Pour (é)changer…
*****
Myriam Amrani est psychologue. Première parution sur le site de Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM).
Lire aussi :
Pensées estivales : le temps de nourrir son cœur
Le voyage s’inscrit dans une quête personnelle, une découverte de soi, comme le disait le poète : « Le voyage: un départ de moi, un infini de distances infinies et une arrivée à moi. » Quelque part, le voyage permet cette transformation de soi en trois temps, avant/pendant/après.
Avant le voyage, on se prépare à partir, à la découverte d’un ailleurs.
Pendant, le voyage devient une expérience concrète et non plus imaginée. La transformation de soi opère progressivement. Préjugés et malentendus sont mis à rude épreuve. Par exemple, l’exotisme attribué à l’Autre disparaît peu à peu, pour devenir un exotisme inversé, on est soi-même l’exotique. L’étrangeté n’est plus chez l’Autre mais en soi. Un remaniement identitaire s’impose, car une nouvelle identité commence à voir le jour.
Après, c’est le retour, un nouveau départ, un nouveau voyage. On a changé et le retour peut être difficile voire parfois douloureux. Le retour est un sentiment étrange aux mille facettes.
Ainsi, le voyage ne saurait se réduire à un déplacement dans l’espace et le temps. Bien au contraire, il est la manifestation de la découverte d’une connaissance plus large, plus universelle et plus personnelle de soi.
« Le plus court chemin qui mène à soi-même, vous conduit autour du monde. » Le voyage est une école de la vie. Nous ne voyageons, surtout pas pour voyager, sinon c’est de l’errance. Voyager, pour quoi faire? Pour (é)changer…
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Myriam Amrani est psychologue. Première parution sur le site de Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM).
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