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Jacques Chirac réplique après-coup à Nicolas Sarkozy 12/12/2005
Critiqué pour son mutisme durant la crise des banlieues, Jacques Chirac réplique après-coup à Nicolas Sarkozy, qui avait pris pour cibles "voyous" et "racaille", en soulignant que "le choix des mots est essentiel" et qu'il n'y a pas de "catégorie de Français".
Dans un exercice inédit, le chef de l'Etat a accordé cinquante réponses aux questions de cinquante lecteurs du Parisien-Aujourd'hui en France relatives à la crise des banlieues. Ces questions avaient été posées le 6 décembre par des habitants de la région parisienne. Les réponses paraissent mardi dans le quotidien. Nikodem Rautszko, 26 ans, agent de développement à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), interroge ainsi Jacques Chirac sur les termes de "voyous" et "racaille" employés par Nicolas Sarkozy pour qualifier les jeunes impliqués dans les violences urbaines, des termes dénoncés aujourd'hui outre-mer en marge du débat sur la colonisation française. La réponse du chef de l'Etat, qui ne s'était jamais exprimé sur la controverse née des propos du ministre de l'Intérieur, s'apparente à une sèche mise au point. "En politique, le choix des mots est évidemment essentiel. Je l'ai dit, en France, tous les citoyens sont les filles et les fils de la République", souligne-t-il. "Il n'y a pas de catégorie de Français". Il n'y a que des citoyens libres et égaux en droit. Et quand une personne commet un délit ou un crime, c'est un délinquant ou c'est un criminel. C'est la loi qui le dit. Ce sont ces termes qu'il faut employer. C'est cela la République", ajoute-t-il. Jacques Chirac revient sur un autre terrain d'affrontement avec Nicolas Sarkozy, le droit de vote des étrangers, en réaffirmant que "la nationalité et le suffrage sont liés". "C'est un principe fondamental de la République", explique-t-il. Le ministre de l'Intérieur avait relancé en octobre le débat qui court depuis les propositions électorales de François Mitterrand en 1981 en faveur du vote des immigrés. Nicolas Sarkozy avait estimé qu'il n'était "pas anormal qu'un étranger en situation régulière qui paie ses impôts et réside depuis au moins dix ans en France puisse voter aux élections municipales". Emploi des jeunes, apprentissage, action de la police dans les banlieues, sanction des mineurs délinquants, immigration, polygamie, intégration, logement : tous les sujets qui ont resurgi à la faveur de la crise des banlieues sont abordés en détails par le président de la République. Jacques Chirac se déclare pour la première fois ouvertement favorable à la pratique du CV anonyme, pour lutter contre "le poison" des discriminations, et au "testing" - vérifications à l'improviste - dans les entreprises, les agences immobilières et les boîtes de nuit. Il s'oppose à la suppression des allocations familiales pour les parents de mineurs délinquants, évoquée par des élus de la majorité, au motif que cette mesure risque d'"aggraver les dérives". Il défend toutefois le "contrat de responsabilité parentale" décidé pour le gouvernement, qui prévoit la suspension des allocations en dernier recours. Il invoque "la responsabilité des familles" et le "rôle essentiel" de l'Education nationale pour ramener dans le droit chemin les jeunes qui "commettent de plus en plus tôt des actes graves". Jacques Chirac s'inquiète du dévoiement du regroupement familial, "dont les procédures sont encore trop souvent détournées". En matière d'immigration, il estime que "les reconduites à la frontière doivent être beaucoup plus systématiques". Condamnant l'approche "biaisée" et "démesurée" de certains médias étrangers face à la crise des banlieues, le président de la République se veut positif : "Dire que la banlieue fait peur n'est pas la réalité". "Il y a des endroits où la délinquance est forte. (...) Mais les banlieues, c'est aussi, comme partout, des lieux de réussites formidables, avec un engagement, une solidarité qu'il faut saluer", assure-t-il. Il salue par ailleurs le rôle des forces de l'ordre durant les violences urbaines qui "ont su, de manière exemplaire, faire face et favoriser le retour au calme". |
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