Redonner une pleine place aux drames humains entourant la traite et l’esclavage dans l’Histoire de France, c’est l’objectif du Mois des mémoires, organisé chaque année par la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME). L'initiative qui se tient du 27 avril, date anniversaire du décret d’abolition définitive de l’esclavage en France et dans ses colonies, au 10 juin, rassemble toutes les dates nationales et locales de la mémoire de l’esclavage, les Journées nationales des 10 et 23 mai, et les Journées de l’abolition en Martinique (22 mai), en Guadeloupe (27 mai), à Saint-Martin (28 mai), en Guyane (10 juin), sans oublier les 9 octobre à Saint-Barthélémy et 20 décembre à La Réunion.
Ce temps fort, qui se veut être « un grand moment national, républicain et populaire » pour Jean-Marc Ayrault, président de la FME, est marqué cette année par les 20 ans de la loi Taubira. Votée définitivement le 21 mai 2001 à l’unanimité au Sénat, elle tend à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’Humanité par la France, qui devient ainsi le premier pays au monde à qualifier ces drames comme tels. Elle est aujourd'hui « le socle de la politique mémorielle de notre pays depuis 20 ans et dont l’utilité et l’importance n’ont jamais été plus actuelles », soutient l'ancien Premier ministre sous François Hollande.
Ce texte historique, adopté deux ans plus tôt à l’Assemblée nationale, prescrit également l’intégration de l'esclavage dans les programmes scolaires et au sein des unités de recherches universitaires, et encourage la reconnaissance de ces crimes à l’international. L’initiative législative de l’ancienne Garde des Sceaux est également à l’origine des deux Journées de commémoration nationales organisée les 10 et 23 mai ainsi que la création d’un comité pour la mémoire de l’esclavage, remplacé par la FME en 2019.
Un extrait de son discours prononcé en février 1999 devant l’Assemblée nationale a été lu, lundi 10 mai, face à Emmanuel Macron, présent à la cérémonie annuelle organisée aux Jardins du Luxembourg, avec un public très réduit cette année en raison de la crise sanitaire.
Ce temps fort, qui se veut être « un grand moment national, républicain et populaire » pour Jean-Marc Ayrault, président de la FME, est marqué cette année par les 20 ans de la loi Taubira. Votée définitivement le 21 mai 2001 à l’unanimité au Sénat, elle tend à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’Humanité par la France, qui devient ainsi le premier pays au monde à qualifier ces drames comme tels. Elle est aujourd'hui « le socle de la politique mémorielle de notre pays depuis 20 ans et dont l’utilité et l’importance n’ont jamais été plus actuelles », soutient l'ancien Premier ministre sous François Hollande.
Ce texte historique, adopté deux ans plus tôt à l’Assemblée nationale, prescrit également l’intégration de l'esclavage dans les programmes scolaires et au sein des unités de recherches universitaires, et encourage la reconnaissance de ces crimes à l’international. L’initiative législative de l’ancienne Garde des Sceaux est également à l’origine des deux Journées de commémoration nationales organisée les 10 et 23 mai ainsi que la création d’un comité pour la mémoire de l’esclavage, remplacé par la FME en 2019.
Un extrait de son discours prononcé en février 1999 devant l’Assemblée nationale a été lu, lundi 10 mai, face à Emmanuel Macron, présent à la cérémonie annuelle organisée aux Jardins du Luxembourg, avec un public très réduit cette année en raison de la crise sanitaire.
Faire du Mois des mémoires un rendez-vous « qui rassemble, qui transmette, qui inspire »
« Cette date d’anniversaire permet de donner un ton nouveau aux cérémonies nationales », estime la FME. « Le 10 mai 2021 doit impulser une nouvelle dynamique en élargissant le public au-delà des militants et des institutionnels pour y associer tous les Français. »
Projections de films, ateliers, conférences… Près de 130 évènements se tiennent principalement en métropole mais aussi dans les Outre-Mer pour sensibiliser la population à des drames historiques qui, aujourd’hui encore, laissent des traces. Pour marquer le coup, un spot télévisé réalisé par Leila Sy (ici dans sa version longue pour les réseaux sociaux) est aussi diffusé sur les chaines du groupe France Télévisions, qui participe lui aussi à ce Mois des Mémoires en proposant jusqu’au 10 juin des émissions thématiques. « Parce que c'est notre histoire », clame-t-on.
Projections de films, ateliers, conférences… Près de 130 évènements se tiennent principalement en métropole mais aussi dans les Outre-Mer pour sensibiliser la population à des drames historiques qui, aujourd’hui encore, laissent des traces. Pour marquer le coup, un spot télévisé réalisé par Leila Sy (ici dans sa version longue pour les réseaux sociaux) est aussi diffusé sur les chaines du groupe France Télévisions, qui participe lui aussi à ce Mois des Mémoires en proposant jusqu’au 10 juin des émissions thématiques. « Parce que c'est notre histoire », clame-t-on.
Le débat sur les réparations plus que jamais d'actualité
C’est dans ce contexte qu'a été rendue publique, vendredi 7 mai, une base de données réalisée par une équipe de chercheurs du CNRS dans le cadre du projet « Repairs ». Elle répertorie tous les propriétaires d’esclaves ayant touché des indemnités au moment de l’abolition de l’esclavage en 1848.
A l'époque, « l'État tente de préserver ses grands intérêts économiques dans les colonies dont la possession se trouve menacée. D'un côté, les colons menacent de quitter les territoires, de l'autre, la menace d'une révolte inspirée par l'exemple haïtien pousse les législateurs à adopter cette mesure d'indemnisation permettant la mise à l'oeuvre du processus d'abolition. L'indemnité coloniale apparaît comme une condition sine qua non à l'abolition », expliquent les chercheurs. En face, les quelque 250 000 esclaves que comptait l'Empire colonial à la veille du décret d’abolition n'ont absolument rien touché.
L’outil, qui permet aux particuliers, aux entreprises et aux institutions de faire des recherches sur leurs ancêtres en lien avec cette part de l’Histoire française, révèle ainsi, rapporte 20 Minutes, que nombre de propriétaires d’esclaves étaient des femmes blanches mais aussi, fait troublant, des descendants d’esclaves.
L'existence de cette base de données vient relancer le débat sur les réparations de l'esclavage et de la traite à laquelle la France a participé durant des siècles. Si cette question est régulièrement soulevée par des associations, elle n'a jamais été concrétisée. Emmanuel Macron n'a jusqu'ici, pas exprimé une position officielle sur le sujet. Le chef de l'Etat ne s'est pas non plus exprimé lors de la cérémonie du 10 mai, ce qui n'a pas manqué de susciter des mécontentements, son silence tranchant avec son grand discours commémorant cinq jours plus tôt le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier qui avait... rétabli l'esclavage en 1802. Un fait historique très bien expliqué par la FME, qui veut plus que jamais faire du Mois des Mémoires, « un rendez-vous qui rassemble, qui transmette, qui inspire ».
A l'époque, « l'État tente de préserver ses grands intérêts économiques dans les colonies dont la possession se trouve menacée. D'un côté, les colons menacent de quitter les territoires, de l'autre, la menace d'une révolte inspirée par l'exemple haïtien pousse les législateurs à adopter cette mesure d'indemnisation permettant la mise à l'oeuvre du processus d'abolition. L'indemnité coloniale apparaît comme une condition sine qua non à l'abolition », expliquent les chercheurs. En face, les quelque 250 000 esclaves que comptait l'Empire colonial à la veille du décret d’abolition n'ont absolument rien touché.
L’outil, qui permet aux particuliers, aux entreprises et aux institutions de faire des recherches sur leurs ancêtres en lien avec cette part de l’Histoire française, révèle ainsi, rapporte 20 Minutes, que nombre de propriétaires d’esclaves étaient des femmes blanches mais aussi, fait troublant, des descendants d’esclaves.
L'existence de cette base de données vient relancer le débat sur les réparations de l'esclavage et de la traite à laquelle la France a participé durant des siècles. Si cette question est régulièrement soulevée par des associations, elle n'a jamais été concrétisée. Emmanuel Macron n'a jusqu'ici, pas exprimé une position officielle sur le sujet. Le chef de l'Etat ne s'est pas non plus exprimé lors de la cérémonie du 10 mai, ce qui n'a pas manqué de susciter des mécontentements, son silence tranchant avec son grand discours commémorant cinq jours plus tôt le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier qui avait... rétabli l'esclavage en 1802. Un fait historique très bien expliqué par la FME, qui veut plus que jamais faire du Mois des Mémoires, « un rendez-vous qui rassemble, qui transmette, qui inspire ».
« L’histoire de l’esclavage et de la traite négrière n’est pas uniquement celle des Noirs ; elle nous concerne tous. Elle n’appartient pas qu’au passé puisqu’elle imprègne notre présent. » Pour accompagner ce Mois des Mémoires, L’Esclavage et la Traite négrière : 10 chapitres pour déconstruire les idées reçues, un ouvrage collectif coordonné par Marc Cheb Sun, est paru aux éditions Flammarion.
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