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Société

Belgique : les actes islamophobes en baisse en 2020 mais « une réalité très préoccupante »

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 22 Septembre 2021 à 13:55

           

La crise de la Covid-19 a fait baisser le nombre d'actes antimusulmans en Belgique, sauf dans le monde virtuel, signale le Collectif pour l'inclusion et contre l'islamophobie en Belgique (CIIB). « Nous avons tou.te.s à gagner à vivre dans une société plus inclusive », plaide l'association dans son quatrième rapport publié mardi 21 septembre.



Belgique : les actes islamophobes en baisse en 2020 mais « une réalité très préoccupante »
« L’islamophobie, l’autre virus – de la haine – en ces temps de Covid. » Le Collectif pour l'inclusion et contre l'islamophobie en Belgique (CIIB), anciennement appelé Collectif contre l’islamophobie en Belgique (CCIB), a dévoilé, mardi 21 septembre, un nouveau rapport – son quatrième depuis sa création en 2014 – dressant un état de la situation sur le front de la lutte contre le racisme antimusulman, « une réalité très préoccupante » dans le plat pays, « même si en 2020, les chiffres montrent globalement une diminution du nombre de dossiers "islamophobie" ».

Le CIIB a enregistré 48 actes antimusulmans en 2020 contre 79 en 2019 ; une baisse que l’association, créée en 2014, attribue à la limitation des interactions sociales liée à l’épidémie de la Covid19, qui se traduit de facto par une diminution du nombre de signalements et de dossiers.

« La crise du Covid a eu des effets de transfert perceptibles : il y a eu d’une part une diminution des actes islamophobes à travers des relations interpersonnelles ; ceux-ci étant liés à la diminution des contacts réels entre les gens », explique l’association. En revanche, « la haine islamophobe a augmenté dans l’espace virtuel d’Internet avec des propos incitant à la haine et des menaces ». 44 % des dossiers (21) sont ainsi relatifs à des menaces et à des propos incitant à la haine via la Toile.

Le caractère genré des actes islamophobes toujours confirmé

Sur les 119 requêtes déclarées au CIIB en 2020, 73 dossiers ont été ouverts parmi lesquels 48 dossiers sont relatifs à des faits à caractère islamophobe. Cette année encore, « 9 victimes sur 10 sont des femmes, ce qui est exceptionnel et confirme le caractère particulièrement genré des actes islamophobes qui sont rapportés au CIIB ».

Du côté du Centre interfédéral pour l’égalité et la lutte contre les discriminations (Unia) avec lequel le CIIB collabore, 230 nouveaux dossiers « islamophobie » en Belgique ont été enregistrés en 2020, sur un total de 261 dossiers liés à la conviction religieuse et philosophique. « Cela signifie plus précisément que 88,1 % des actes concernent des personnes de confession musulmane (contre 86,3 % en 2019). Depuis plusieurs années, une tendance générale indique que 9 dossiers sur 10 en matière de conviction religieuse et philosophique concernent l’islam et les musulmans, ce qui est en soi un indicateur d’une situation interpellante et inquiétante », signifie l’organisation, qui déclare avoir confié 30 dossiers à Unia.

Etre « ensemble sans attendre »

Le CIIB constate aussi que « l’auteur du rejet ou de la violence envers des personnes musulmanes ou perçues comme telles est la puissance publique (violences institutionnelles) dans 25 % des cas », qui comprend, entre autres, des cas de violences policières ou encore d’exclusion liés à une interdiction du foulard dans l’accès à l’enseignement, dans les hôpitaux ou dans l’accès aux biens et services.

Or « l’État est le garant de la Constitution, de la justice et de l’égalité réelle. Constater que celui-ci soit à l’origine d’actes de rejet ou discriminatoires alors qu’il joue un rôle fondamental pour faire respecter les lois et montrer l’exemple est profondément choquant », lit-on dans le rapport, qui valorise, « dans une optique constructive », des initiatives « visant à promouvoir le respect mutuel et la déconstruction des préjugés envers les personnes musulmanes ». « Ces actions peuvent sembler mineures face au défi de la lutte contre les discriminations et la xénophobie. Il est important que chacun.e prenne conscience que la lutte contre l’islamophobie nous concerne tou.te.s et que chacun.e peut agir à son niveau pour promouvoir une société du respect », appuie le CCIB.

L’association appelle à « créer et (à) renforcer les espaces d’écoute et de paroles des personnes qui s’estiment victime d’actes de rejet, de discrimination ou de haine », à « travailler avec les milieux académiques et institutionnels de manière à développer des méthodes harmonisées de collecte de données pertinentes pour mesurer les cas de discriminations, de harcèlements, de délits de haine » ou encore à « mettre en place une cellule veille islamophobie en partenariat avec Unia, les acteurs du monde de la justice et de la police afin d’assurer une meilleure communication et coordination en matière de lutte contre les délits de haine et crimes islamophobes ».

« À défaut de pouvoir développer un vaccin contre les simplismes et la xénophobie, nous devons continuer à agir ensemble pour faire reculer la bêtise humaine et la haine, car en fin de compte, nous avons tou.te.s à gagner à vivre dans une société plus inclusive. Quand l’islamophobie se nourrit des extrémismes, l’inclusion se nourrit des solutions », conclut le CIIB.

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