Alain Juppé, le député-maire de Bordeaux et Président de l‘Union pour un Mouvement Populaire (UMP), a été applaudi à son arrivée à l’hémicycle de l’Assemblée nationale aujourd’hui en début d’après midi. Il a appelé à voter 'massivement' le texte de loi prévoyant l’interdiction à l’école du port de signes religieux ostensibles. Laurent Fabius lui a succédé, prônant l'interdiction des signes religieux 'visibles' plutôt qu''ostensible'. Au même moment, une manifestation contre le projet a eu lieu devant l'Assemblée, à l'appel d'associations musulmanes, de laïcs, de féministes mais aussi des Verts.
Juppé, Ferry et Fabius se sont exprimés
Alain Juppé et Laurent Fabius se sont succédés mercredi à la tribune de l'Assemblée pour défendre le projet de loi au deuxième jour de débat sur le texte prohibant les signes religieux à l'école.
Sous l’œil du président de séance, Jean-Louis Debré, Alain Juppé est monté le premier à la tribune pour appeler la gauche à 'dépasser les clivages partisans' afin que le texte soit voté 'massivement'.
L'intervention de Luc Ferry (Education nationale), juste après Alain Juppé et avant Laurent Fabius, a suscité quelques remous sur les bancs de la gauche, certains députés décidant même de quitter l'hémicycle, et une invective de l'UDF Maurice Leroy sur 'l'indécence' de l'attitude du ministre. M. Ferry, qui s'exprimait pour la première fois depuis le début de l'examen du projet, a rappelé que 'la seule et unique finalité de cette loi était de viser les dérives communautaires'.
Plus combatif qu'Alain Juppé, Laurent Fabius a refusé d'emblée de s'inscrire dans le consensus. Il a étrillé le texte dont 'l'appréciation approximative risque demain de conduire à des difficultés'.
Manif contre le projet antifoulard
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mercredi aux abords de l'Assemblée nationale contre le projet de loi débattu depuis la veille par les députés. Les protestataires, parmi lesquels de nombreuses jeunes filles voilées, répondaient à un appel du collectif 'Ecole pour tous et toutes contre les lois d'exclusion'.
Le collectif, créé il y a trois mois, rassemble plusieurs associations de musulmans (Citoyennes musulmanes, Jeunes musulmanes de France, Ligue française de la femme musulmane), des organisations de défense des droits de l'Homme et des associations laïques. Le mouvement est par ailleurs soutenu par des partis politiques comme Les Verts et la LCR.
Le député Noël Mamère, seule personnalité politique à s'être ralliée à la manifestation, a dénoncé une loi 'de circonstance dangereuse, qui vise à stigmatiser la deuxième religion de France', l'islam. 'Je suis contre cette loi. Je soutiens tous ceux qui dans ce pays sont attachés à une certaine conception de la laïcité, c'est-à-dire une laïcité neutre qui permette l'exercice libre des religions', a-t-il dit.
Dénonçant 'la discrimination imposée à tous ces jeunes qui sont Français, fille ou fils de l'immigration', le député a déploré une 'fracture coloniale' en France.
'Je pense que ceux qui vont voter cette loi prennent un risque', a-t-il ajouté, mettant en garde contre une montée de l'intégrisme et de l'extrême droite.
Le FSU contre le projet de loi
La fédération donne quatre raisons à sa position : 'chacun sait que dans la loi proposée, à travers les signes religieux, c'est le foulard qui est visé, alors que le port par exemple de kippas ou de croix dans les établissements scolaires ne soulève pas la même indignation'.
'En second lieu, parce que la religion musulmane apparaît la seule visée, laissant entendre que les autres religions auraient accepté le pacte laïque et républicain' (...) alors 'qu'il n'en est rien', ajoute la motion, en citant 'le statut d'Alsace Moselle', 'l'offensive du Vatican pour faire inscrire l'idée d'une Europe fille aînée de l'Eglise dans la constitution', 'les tentatives faites pour mettre en place des services religieux catholiques dans certains lycées parisiens' ou 'l'imposition de fait dans certains établissements du respect des obligations dictées par la religion juive'.
Troisième argument : 'cela fait apparaître comme prioritaire et décisive la question du port du voile au regard du respect des principes de laïcité'. Enfin, quatrième point : 'la loi proposée exonère les établissements privés de son application'.
Le vote du projet qui devra intervenir le 10 février est encadré par deux vastes mouvements de protestation, le 7 février (contre l'islamophobie) et le 14 février (contre toutes les exclusions).