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Points de vue

Islam de France : quarante personnalités musulmanes en soutien à la création de l'AMIF

Rédigé par Collectif de signataires du manifeste de l'AMIF | Mercredi 5 Décembre 2018 à 15:14

           

Une semaine après la réunion de travail inaugurale visant à structurer l'Association musulmane pour l’islam de France (AMIF), quarante personnalités de la société civile, imams et militants associatifs ont signé cette semaine une tribune valorisant cette initiative comme une future organisation qui pourrait permettre de « résoudre l’éternel problème du financement du culte musulman ». Un manifeste initialement paru dans Le Monde et que reproduit ici Saphirnews.



Islam de France : quarante personnalités musulmanes en soutien à la création de l'AMIF
Le débat est relancé sur l’organisation du culte musulman. A rebours des partisans de l’immobilisme, nous pensons que c’est une bonne nouvelle. Quels sont les objectifs de cette réorganisation ? Le bien-être des fidèles et des ministres du culte (imams) mais aussi la concorde nationale et la paisible installation de l’islam dans la République.

Pour y parvenir, la réorganisation doit donner des moyens aux religieux de se faire entendre par les fidèles et aux fidèles de se faire entendre par les religieux. Jusqu’aux années 1990, la plupart des fidèles qui fréquentaient les mosquées étaient arabophones. La pratique religieuse s’est ensuite développée et transformée, avec,notamment, un essor considérable auprès d’un public devenu exclusivement francophone.

C’est ainsi que la jeunesse s’est mise à puiser des réponses à ses multiples questions dans les profondeurs de Facebook et de YouTube, où des prédicateurs autoproclamés prônent un discours simple, voire simpliste, donnant à des jeunes peu cultivés sur le plan religieux des réponses prêtes à consommer qui visent à les séparer du reste de la société française présentée comme corrompue et corruptrice.

Au service des musulmans de France

Aujourd’hui, il y a urgence. Les luttes à mener sont en effet nombreuses : contre l’extrémisme ou l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques et/ou terroristes mais aussi contre les discriminations dont souffrent les musulmans. Il faut aussi donner toute leur place aux femmes dans l’organisation du culte musulman et la gestion de ses institutions islamiques. Il nous faut enfin lutter contre les nombreux abus liés à la désorganisation actuelle et ceux qui en profitent pour fournir des prestations médiocres. Peut-on tolérer plus longtemps les prix exorbitants du pèlerinage quand la qualité du service se dégrade ? Pourquoi certains fidèles doivent-ils encore réclamer plus de transparence en matière de gestion administrative et financière ? Pourquoi dans le domaine du halal tant d’acteurs vendent-ils une prestation qu’ils ne réalisent pas ?

Il faut réguler ces différents marchés et aider les mosquées à se mettre au niveau d’exigence des fidèles. Comme cela existe pour d’autres cultes, ce sera l’occasion de prélever une très légère redevance sur les différents marchés. L’argent ainsi collecté sera mis au service des musulmans de France. Cette régulation se fera par le biais d’une nouvelle organisation dont nous avons posé les fondements le 25 novembre, lors d’une réunion qui a rassemblé plus de 80 personnes. Etaient présents, dans une certaine allégresse, des imams, des théologiens et des médecins, des intellectuels et des artistes, des cadres et des acteurs associatifs, des entrepreneurs et des avocats, des hommes et des femmes, des Parisiens et des provinciaux, des musulmans de toutes origines géographiques, réunis autour du même objectif.

Nous appelons à ce jour l’AMIF, l’Association musulmane pour l’islam de France, cette organisation que nous allons créer. Elle sera chargée de travailler pour les fidèles et les consommateurs musulmans. Elle collectera de l’argent en organisant mieux le recueil des dons, la gestion du pèlerinage et toute la chaîne du halal. Elle réinvestira l’argent collecté pour permettre aux religieux de mener leur travail, pour améliorer la réflexion théologique, pour aider à la formation des imams, pour les financer, pour lutter aussi contre les discriminations faites aux musulmans, l’islamophobie, la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme.

Sans soumission ni rébellion, dans le strict respect de la loi de 1905

La structure sera neutre et portée par des personnes n’ayant aucun conflit d’intérêts. On ne pourra pas, par exemple, être membre du conseil d’administration de l’AMIF et en même temps être un acteur de l’économie du halal et du pèlerinage.

L’AMIF fonctionnera grâce au financement le plus indépendant qui soit, celui des musulmans de France. Elle travaillera en étroite collaboration avec les institutions, notamment l’Etat, au même titre que les autres cultes. Sans soumission ni rébellion, dans le strict respect de la loi de 1905. L’AMIF permettra ainsi de résoudre l’éternel problème du financement du culte musulman. Un conseil théologique tout aussi indépendant accompagnera l’AMIF, dont les travaux concourront à formuler des avis sur les différents projets à financer.

Professionnels religieux ou acteurs de la société civile, femmes et hommes, les fondateurs de l’AMIF veulent rassembler et mettre en réseau les bonnes volontés. Cette organisation œuvrera à la diffusion d’un discours théologique islamique éclairé. Pour ce faire, elle s’emploiera énergiquement à fédérer toutes les voix de cet islam respectueux de notre République laïque pour qui « liberté, égalité, fraternité » sont des idéaux universels, qui permettent de concilier citoyenneté républicaine et foi individuelle.

Signataires de la tribune

Farid Abdelkrim, comédien ; Mourad Aissaoui, membre de l’Amea ; Bernard Arman, président de l’association Amea ; Abdelkader Arbi, ingénieur ; Lalla Ayatillah, militante associative ; Taoufik Barboucha, président de Renovo ; Mohamed Bajrafil, linguiste, imam d’Ivry-sur-Seine ; Nordine Baziz, artisan taxi ; Abdelghani Benali, professeur à l'INALCO, imam de Saint-Ouen ; Sadek Beloucif, chef du service d’anesthésie-réanimation à l’hôpital Avicenne de Bobigny ; Tahar Ben Jelloun, écrivain ; Malik Bezouh, physicien et essayiste ; Houari Bouissa, historien ; Aziza Bouster, conseil en communication ; Abderrahim Braihim, imam ; Mickaël Abdelghafour Buquet, cadre et responsable associatif ; Abdelnor Chehlaoui, banquier d’affaires ; Mohammed Chirani, essayiste ; Omar Dakir, président association ACEF ; Moussa Diambele, président d’association ; Hakim El Karoui, chef d’entreprise ; Najoua Elatfani, cadre d’entreprise, ancienne présidente du Club du XXIe siècle ; Azzedine Gaci, imam, recteur de la mosquée de Villeurbanne ; Nordine Ghilli, chef d’entreprise ; Farid Grine, aumônier de la prison de Fleury-Merogis ; Faker Korchane, président association pour la Renaissance d’un Islam mutazilite ; Nafissa Kerbadou, militante associative ; Hayette Hamidi, avocate, présidente de France Fière ; Yacine Hilmi, directeur de l’association Hozes ; Hassan Izzaoui, recteur et imam de la mosquée de Limoges ; Mahmoud Hussein, écrivains, nom de plume d’Adel Rifaat et Bahgat Elnadi ; Rachid Lahlou, fondateur et président du Secours islamique ; Hosni Maati, avocat ; Abdelali Mamoun, imam ; Anne-Sophie Monsinay et Eve Janadin, cofondatrices des Voix d’un islam éclairé ; Abdelhaq Nabaoui, aumônier national des hôpitaux ; Souad El Ouazzani, consultante ; Tareq Oubrou, imam, recteur de la mosquée de Bordeaux ; Ibrahim Sorel Keita, professeur de droit à l’IRFASE, militant associatif.

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