Ce qui frappe au prime abord, dans ce livre de format carré, en feuilletant ces pages si semblables dans leur présentation, mais si particulières dans la monstration de chaque personnage, ce qui frappe, c’est l’Humanité de ces « jdûd », photographiés par Ahmed Bouyerdene dans la région de Tlemcen et d'Oran. Humains plus qu’humains dans leurs corps et dans leurs âmes qui affleurent dans les expressions impénétrables, et les regards scrutateurs ou perdus…
Ces portraits « documentaires » en noir et blanc sont le témoignage d’un monde traditionnel disparu ou en voie de disparition, un monde de valeurs d’autant plus fortes que l’existence est rude. Un monde où les Anciens représentent une richesse et une sagesse que seuls l’âge et l’expérience procurent.
Admirer ces portraits comme on le ferait de paysages, c’est pénétrer dans le secret de vies à demi voilées que nous révèlent la nudité des visages ravinés, les mains noueuses, les pieds couverts de poussière. Quelle ont été leurs épreuves et leurs joies, dans le long déroulement de la vie simple sous le soleil, tandis que se lit sur les visages le reflet de grands espaces rudes ?
Ces portraits « documentaires » en noir et blanc sont le témoignage d’un monde traditionnel disparu ou en voie de disparition, un monde de valeurs d’autant plus fortes que l’existence est rude. Un monde où les Anciens représentent une richesse et une sagesse que seuls l’âge et l’expérience procurent.
Admirer ces portraits comme on le ferait de paysages, c’est pénétrer dans le secret de vies à demi voilées que nous révèlent la nudité des visages ravinés, les mains noueuses, les pieds couverts de poussière. Quelle ont été leurs épreuves et leurs joies, dans le long déroulement de la vie simple sous le soleil, tandis que se lit sur les visages le reflet de grands espaces rudes ?
Un livre pour savourer chaque rencontre
Chaque attitude, chaque regard, chaque expression muette, en dit long de ce que le temps révèle de secrets à ces Anciens déjà presque étrangers au monde. On mesure la fragilité de cette richesse humaine, donnée à voir in extremis. A l’instar du photographe, on savoure chaque rencontre avec « son parfum, sa charge d’émotions, ses anecdotes ». On voudrait mieux les connaître, mais c’est comme dans la vie : avec les grands-parents, c’est souvent trop tard.
Autant de femmes que d’hommes dans cette galerie de portraits, voilés ou non, toujours enveloppés de noblesse, de fierté et de dignité. Figures hiératiques de grands-mères qui ont beaucoup donné et beaucoup passé aux jeunes générations un art de vivre et d’être soi-même, avec les devoirs d’une vie exigeante, dans l’acceptation de tout bien comme de tout mal, comme le veut l’islam.
« Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », disait le sage malien Amadou Hampaté Ba. Qu’est-ce qui disparaît à jamais avec le départ de ces belles personnes ? Qu’est-ce-qui manque à nos existences mécanisées et bien souvent dé-spiritualisées ? Peut-être une jouissance de l’âme qui se reconnaît dans le miroir des « jdûd ».
Autant de femmes que d’hommes dans cette galerie de portraits, voilés ou non, toujours enveloppés de noblesse, de fierté et de dignité. Figures hiératiques de grands-mères qui ont beaucoup donné et beaucoup passé aux jeunes générations un art de vivre et d’être soi-même, avec les devoirs d’une vie exigeante, dans l’acceptation de tout bien comme de tout mal, comme le veut l’islam.
« Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », disait le sage malien Amadou Hampaté Ba. Qu’est-ce qui disparaît à jamais avec le départ de ces belles personnes ? Qu’est-ce-qui manque à nos existences mécanisées et bien souvent dé-spiritualisées ? Peut-être une jouissance de l’âme qui se reconnaît dans le miroir des « jdûd ».
Jdûd, Portraits d’une génération, texte et photographies d’Ahmed Bouyerdene, préface de Brigitte Ollier, Edition Le Message, 2018, 110 p., 15 €.