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Monde

L’éducation des filles dans les communautés musulmanes, un combat essentiel au cœur d'un sommet au Pakistan

Rédigé par Lina Farelli | Mardi 14 Janvier 2025 à 08:00

           

Un sommet international portant sur l’accès à l’éducation des filles dans les communautés musulmanes s’est tenu les 11 et 12 janvier au Pakistan, voisin de l’Afghanistan. Un défi immense dans un monde où plus de 122 millions de filles sont privées d’école.



Un sommet international portant sur l’accès à l’éducation des filles dans les communautés musulmanes a été organisé les 11 et 12 janvier au Pakistan, en présence de la lauréate du prix Nobel de la paix Malala Yousafzai. © MWL
Un sommet international portant sur l’accès à l’éducation des filles dans les communautés musulmanes a été organisé les 11 et 12 janvier au Pakistan, en présence de la lauréate du prix Nobel de la paix Malala Yousafzai. © MWL
Une conférence internationale pour l'éducation des filles dans les communautés musulmanes, sous l’égide de la Ligue islamique mondiale (LIM) et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a été organisée samedi 11 et dimanche 12 janvier à Islamabad, capitale du Pakistan. L’événement, inauguré par le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, a vu la présence de la lauréate du prix Nobel de la paix en 2014, la Pakistanaise Malala Yousafzai, de dignitaires religieux ainsi que de ministres et représentants d’une quarantaine de pays et d’institutions. Le sommet vise à sensibiliser les sociétés musulmanes dans leur ensemble à l’importance de l’éducation des filles à travers la mise en œuvre de divers programmes et partenariats.

L’Afghanistan, convié pour l’occasion, ne s’est pas joint à l’initiative au cours de laquelle les politiques discriminatoires envers les filles et les femmes dans l’accès à l’éducation sont dénoncées. L’ONU a récemment dénoncé un « apartheid de genre » en cours en Afghanistan, ce dont se défendent les Talibans qui brandissent la charia – selon une version rétrograde appliquée nulle part ailleurs dans le monde musulman – pour taire toute critique. En vain.

Malala Yousafzai, qui ne revient que rarement au Pakistan depuis son exil forcé vers la Grande-Bretagne en 2012, a appelé, dimanche 12 janvier, les dirigeants des pays musulmans à ne donner aucune « légitimité » au régime taliban et à dénoncer ouvertement leurs lois répressives. « Leur cruauté ne connaît pas de limites. Pour le dire simplement, les Talibans ne considèrent pas les femmes comme des êtres humains. Ils dissimulent leurs crimes sous couvert de justifications culturelles et religieuses », a-t-elle signifié, soulignant qu'une centaine de lois violent actuellement les droits des femmes afghanes.

« En Afghanistan, une génération entière de filles sera privée de son avenir », a déploré l'activiste, qui a également dénoncé, au passage, l'offensive israélienne contre Gaza, qui a détruit la quasi intégralité des infrastructures éducatives.

© MWL
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Une « Déclaration d’Islamabad sur l’éducation des filles » signée

« Le monde musulman, dont le Pakistan, est confronté à de grands défis lorsqu'il s'agit d'assurer un accès équitable des filles à l'éducation », a reconnu le chef du gouvernement pakistanais à l'ouverture du sommet. « Refuser l'éducation aux filles équivaut à rejeter leurs voix et leurs choix, tout en les privant du droit d'avoir un futur brillant. »

Le sommet s’est achevé par la publication de la « Déclaration d’Islamabad sur l’éducation des filles », un document s’adressant aussi bien aux individus qu’aux institutions publiques et privées, religieuses ou non, dans lequel un appel à établir une journée internationale dédiée à ses principaux objectifs a été lancé. « L’initiative comprend également le lancement d’une plateforme des partenariats Internationaux, qui facilitera la signature de plusieurs accords entre des organisations régionales et internationales axées sur l’autonomisation des femmes, le droit à l’éducation des filles et la mise en œuvre d’initiatives pratiques dans ce domaine », signale l’OCI.

Cette déclaration « souligne le consensus des savants du monde musulman sur ce sujet, aussi bien hier qu’aujourd’hui », a indiqué le secrétaire général de la LIM, Mohammad Abdul Karim Al-Issa, pour qui l’initiative n’est pas une « simple expression de position » mais une étape transformative visant une défense pleine et entière de l’éducation des filles dans le monde musulman.

Pour le secrétaire général de l’OCI, Hussein Ibrahim Taha, « le savoir est la base de la construction de la société, c’est un devoir commun qui contribue à la réalisation du progrès et de la prospérité. Nous rejetons fermement, au sein de l’Organisation de la coopération islamique, toute politique ou pratique contraire aux enseignements bienveillants de l’Islam qui honorent la femme ».

Près de 250 millions d’enfants dont quelque 122 millions de filles ne sont pas scolarisés à travers le monde selon l’UNESCO.

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