Pour faire face au coût élevé engendré par le procès que Tariq Ramadan a intenté à Lyon Mag et à Antoine Sfeir , l'association 'Juste Cause' a été crée afin que celles et ceux qui partagent les valeurs de respect et de transparence et qui se sont sentis blessés par ces diffamations puissent concrétiser ce soutien. Siham Andalouci, l'une des responsables de l'association Juste Cause, nous en dit plus sur les objectifs à la fois sur le plan humain et financier que cette association s'efforce d'atteindre.
SaphirNet.info : Quelle est l'origine de l'association Juste Cause ?
Siham Andalouci : Suite à la diffamation faite à l'encontre de Tariq Ramadan dans Lyon Mag', nous avons décidé d’engager derrière Tariq Ramadan une procédure en diffamation. Il en était plus qu'assez de voir les mensonges, les amalgames et les diffamations se multiplier à tout va, et Lyon Mag' avait dépassé les limites quant à sa subjectivité.
Il s'agissait donc de pouvoir mettre un frein à tout cela et surtout décider de ne plus se laisser faire, car ce n'était pas une seule personne, ni même une association qui étaient visées mais réellement tout un discours, une pensée, la volonté de faire de l'islam de France une réalité adaptée à la source de notre spiritualité. Tous les musulmans étaient touchés par cet acte de diffamation, mais aussi tous ceux qui portaient un discours basé sur la liberté et le droit.
Néanmoins, cette poursuite engageait des dépenses importantes que nous ne pouvions pas supporter seuls. Il fallait donc pouvoir trouver les moyens financiers pour aller jusqu'au bout de la procédure, raison pour laquelle nous avons décidé de créer 'Juste Cause' dans le but de récolter les dons des personnes qui le désiraient en lançant un appel à souscription. L'objectif premier était donc bien financier, le travail en cours actuellement est celui du développement d'une réflexion pour faire face à cette nouvelle réalité celle d'une diffamation de plus en plus récurrente contre les personnes ou les instances musulmanes. Il s'avère nécessaire de réfléchir entre autre à la manière de réagir, aux méthodes à employer et à quels médias s'adresser.
Comment l'argent est il récolté ?
Nous avons opté pour un appel à souscription très large, qui part de la 'base', afin que tous ceux qui le souhaitent puissent y prendre part. L'objectif étant également qu’à travers ce geste une prise de conscience se fasse quant aux enjeux qui sous-tendent ce procès, nous souhaitions que ce don soit un geste actif et réfléchi.
Par quel biais l'association se fait elle connaître ?
C'est un appel à souscription qui s'est fait au travers des conférences données ces derniers mois et via internet. Cet appel a reçu un écho bien au-delà des frontières françaises. Le bouche à oreille a également bien fonctionné.
Pensez vous que la communauté musulmane ou les associations après avoir longtemps encaissé sans mot dire soient aujourd'hui prêtes à répondre à ceux qui la diffament ?
En tout état de cause la communauté doit aujourd'hui avoir ce courage, je pense qu'elle en a la maturité. Cette communauté mérite la dignité et le respect au même titre que les autres sensibilités religieuses. A partir d'un moment, des journalistes ou des intellectuels doivent avoir le souci d'une certaine objectivité, cette neutralité s'avère essentielle dans le climat de suspicion qui règne autour de la communauté musulmane. Lorsque l'on entend les propos tenus par Michel Renard ou Rachid Kaci ce manque d'objectivité relève même à mon sens d'une prostitution intellectuelle qui vise uniquement à stigmatiser, sans preuve aucune.
Informez vous les donateurs des suites du procès et du développement de votre association ?
Les informations circulent, les personnes qui ont manifesté de l'intérêt pour la cause ont été et continueront a être informées des avancées. Pour ce qui est de la question financière la somme à récolter est conséquente, 36.000 euros et aujourd'hui malgré les nombreux dons le but est loin d'être atteint. Il ne faut donc pas baisser les bras.
Quel avenir pour Juste Cause, si l'association sert à terme de fond commun pour pourvoir à d'autres actions en justice pour diffamation, quels critères primeront pour le choix des causes à défendre ?
Pour le moment les moyens dont nous disposons à la fois en termes humains et économiques limitent la marge de manoeuvre. Il faut certainement se laisser le temps de l'expérience pour envisager de nouvelles actions à soutenir donc pour ce qui est des critères de sélection la question est prématurée.
Pensez vous que la communauté musulmane saisisse l'ensemble des enjeux qui sous-tendent ces actions en justice, afin que celle-ci continue l'effort financier qui s'avère essentiel au combat juridique ?
Bien entendu la barrière financière s'avère être conséquente. Et oui je pense que les musulmans et tous ceux soucieux d'une certaine équité sont conscients du processus qui est aujourd'hui en marche et dans lequel la communauté devra s'organiser pour faire face à cette islamophobie ; car jouer le jeu de la passivité pourrait avoir de graves répercussions.
Il semble que la communauté soit arrivée à une phase de maturité en terme de participation citoyenne et de présence ce qui lui offre la possibilité de s'exprimer dans la clarté et la transparence et ainsi défendre ses droits. L'humiliation et la diffamation quasi systématiques ne peuvent plus être acceptées.
Envoyez vos dons à l'Association Juste Cause
24, place de la Liberté
59100 Roubaix