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Société

La Fondation de l'islam de France à l'heure du renouvellement de sa présidence

Rédigé par | Mercredi 9 Juin 2021 à 21:45

           

Ghaleb Bencheikh sera-t-il reconduit à la présidence de la Fondation de l'islam de France ? Car l'islamologue, candidat à sa propre succession, n'est pas seul en lice : il fait face à Sadek Beloucif, médecin et président du Conseil d'orientation de l'institution culturelle. Une élection dont l'Etat est l'arbitre.



La Fondation de l'islam de France à l'heure du renouvellement de sa présidence
Vers la fin du suspense ? Après plusieurs reports successifs, la réunion du conseil d'administration de la Fondation de l’islam de France (FIF), appelée à se tenir jeudi 10 juin, verra le renouvellement du collège des personnalités qualifiées, l’étape avant laquelle un président sera élu pour les quatre prochaines années. Ghaleb Bencheikh, qui a succédé à Jean-Pierre Chevènement en décembre 2018, est candidat à sa propre succession. Avec l’islamologue, un autre candidat est sur les starting-blocks en la personne de Sadek Beloucif.*

Ce responsable du service d'anesthésie-réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, se prévaut de connaître la FIF de l'intérieur pour avoir été jusqu'ici le président du Conseil d'orientation depuis mars 2017. S'il se déclare « calme, déterminé et serein », il n’en demeure pas moins prudent dans sa prise de parole médiatique. « Adviendra que pourra », dit celui qui s'agace d’être affublé par ses détracteurs en « homme de main » du recteur de la Grande Mosquée de Paris dont il est proche. On en dira pas tant avec Ghaleb Bencheikh : l’inimitié entre lui et Chems-Eddine Hafiz est un secret de Polichinelle.

Pour une fondation « plus proche du peuple »

Prudent, Sadek Beloucif n'épargne néanmoins pas le président sortant, comme en témoigne la tribune parue mardi 8 juin sur Challenges dans laquelle il tacle l’idée d’une « banque de l’islam de France » avancée récemment par Ghaleb Bencheikh. « C’est un homme de qualité mais c’est un solitaire », déclare auprès de Saphirnews le médecin, estimant que la FIF se doit de « parler avec toutes les composantes de l’islam de France », ce qu’elle ne ferait « pas assez ». Par ailleurs, « faire de l’islamologie fondamentale, c’est très bien mais la fondation doit résolument aller vers le peuple, il faut faire de la vulgarisation scientifique », affirme Sadek Beloucif.

En réponse, Ghaleb Bencheikh met en avant l'organisation des universités populaires, devenues digitales en raison de la crise sanitaire. Toutefois, l’islamologue sait qu’il doit encore convaincre des décideurs à le maintenir à la tête de la FIF malgré son magistère intellectuel. Il rappelle ainsi n’avoir pas fait un mandat complet de quatre ans, que celui-ci a été perturbé par la crise du Covid-19 et que les moyens dont la structure dispose sont loin d'être suffisants pour réaliser toutes les ambitions affichées.

Cette difficulté, maintes fois soulignée par l'équipe sortante, rappelle combien le financement est un enjeu capital pour l’avenir de la fondation. Pour Sadek Beloucif, « il ne faut pas uniquement compter sur de gros investisseurs institutionnels. La fondation doit faire appel à la générosité populaire » grâce à la défiscalisation des dons. Et pour cela, la FIF doit aussi répondre au « défi de la notoriété » car la structure reste encore « peu connue », affirme le médecin. « Il n’est pas dans la vocation de la FIF, qui est une institution laïque de droit privé, de vivre éternellement des deniers publics », déclarait quelques mois plus tôt Ghaleb Bencheikh. Mais « nous avons aussi besoin d’une impulsion et nous l’attendons de l’Etat ».

Le dernier mot à l’Elysée

A l’heure d’une « collapsologie de l'islam institutionnel », marquée par la décomposition du Conseil français du culte musulman (CFCM), Ghaleb Bencheikh fait valoir, pour la stabilité de la FIF, l'importance d'être reconduit dans sa fonction : « Je suis prêt à endosser le sacerdoce mais adviendra ce qui est agréable à Dieu. (...) La France aura l'islam qu'elle mérite. »

Quel candidat remportera la mise ? Le choix opéré par l’Etat, représenté par les ministères de l’Intérieur, de la Culture et de l’Enseignement supérieur au sein du collège des membres de droit de la FIF, sera décisif.

Face à la difficulté pour l'exécutif de départager les deux candidats, une troisième candidature, issue de la société civile, a été un temps envisagée. Mais, sauf surprise, ce sont deux candidats déclarés qui se présenteront jeudi 10 juin, dès lors qu'une place leur sera attribuée au conseil d’administration. Rien n’est fait. Une chose est certaine : dans ce dossier, la balle est dans le camp de l'Elysée.*

*Mise à jour jeudi 10 juin : Ghaleb Bencheikh a été reconduit à la tête de la Fondation de l’islam de France. Explications

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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