© Abdallah Badis / 2009
« Le Chemin noir »*, c’est ce fameux trajet qui a conduit le jeune Abdallah à l’usine dans laquelle son père travaillait.
En arpentant de nouveau ce chemin, le cinéaste se remémore les conditions de travail auxquelles lui aussi a été soumis. Il se rappelle ainsi de son premier jour de travail dans une aciérie, en 1972 : « Les Arabes condamnés à rester en bas dans la crasse de l’usine, menacés par le métal en fusion qui se déversait au-dessus d’eux. »
L’enfant du pays revient donc sur ses terres, qui, au gré des rencontres, étoffe son récit personnel en recueillant des témoignages de cette époque. Le film « démarre » sur une Peugeot 404 en panne sur le bord d’une route, qui sera conduite dans un quartier où des voisins se regrouperont autour d’elle pour la réparer.
C’est à cet instant précis que les septuagénaires livreront leurs témoignages du passé sur ce désert industriel qui n’en était pas un – bien au contraire –, lorsque ces hommes ont débarqué en France, il y a un demi-siècle de cela. « Je suis arrivé à votre âge, à 17 ans », dit un ancien ouvrier à trois jeunes Lorraines incrédules, avant de poursuivre : « Y’avait pas de foyers, on vivait dans les bois ! »
Un autre se souvient : « Je suis arrivé en Moselle le 10 octobre 1958, j’avais 13 ans. » Très vite il passe de la nostalgie au fatalisme : « Un jeune d’aujourd’hui, quand il sort de l’école, il va chercher du travail, mais quand on ne travaille pas on n’a rien ! », puis poursuit : « Pendant le match Algérie-France, on a sifflé "La Marseillaise", pourquoi ? » Triste constat pour cet homme qui explique qu’à son époque l’intégration passait par le travail. Toutefois, tous ne partagent pas cet avis.
Abdallah Badis a choisi d’illustrer son film par une bande-son jazz mélancolique, qui capte ainsi toute la tristesse des habitants de cette région oubliée, sans jamais toutefois sombrer dans la nostalgie. Le réalisateur s’interroge aussi sur l’avenir de cette Lorraine à qui les politiques ont promis tant et tant de choses afin de la redynamiser. En retraçant son propre parcours, c’est une partie de l’histoire de l’immigration maghrébine dans cette région qu’il dépoussière.
Le Chemin noir résonne de façon particulière en cette année du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Ce film documentaire sort dans une unique salle parisienne et quelques autres en France. Plusieurs projections seront suivies d’un débat avec le réalisateur.
* Le Chemin noir, d’Abdallah Badis. Sortie en salles le 9 mai 2012.
En arpentant de nouveau ce chemin, le cinéaste se remémore les conditions de travail auxquelles lui aussi a été soumis. Il se rappelle ainsi de son premier jour de travail dans une aciérie, en 1972 : « Les Arabes condamnés à rester en bas dans la crasse de l’usine, menacés par le métal en fusion qui se déversait au-dessus d’eux. »
L’enfant du pays revient donc sur ses terres, qui, au gré des rencontres, étoffe son récit personnel en recueillant des témoignages de cette époque. Le film « démarre » sur une Peugeot 404 en panne sur le bord d’une route, qui sera conduite dans un quartier où des voisins se regrouperont autour d’elle pour la réparer.
C’est à cet instant précis que les septuagénaires livreront leurs témoignages du passé sur ce désert industriel qui n’en était pas un – bien au contraire –, lorsque ces hommes ont débarqué en France, il y a un demi-siècle de cela. « Je suis arrivé à votre âge, à 17 ans », dit un ancien ouvrier à trois jeunes Lorraines incrédules, avant de poursuivre : « Y’avait pas de foyers, on vivait dans les bois ! »
Un autre se souvient : « Je suis arrivé en Moselle le 10 octobre 1958, j’avais 13 ans. » Très vite il passe de la nostalgie au fatalisme : « Un jeune d’aujourd’hui, quand il sort de l’école, il va chercher du travail, mais quand on ne travaille pas on n’a rien ! », puis poursuit : « Pendant le match Algérie-France, on a sifflé "La Marseillaise", pourquoi ? » Triste constat pour cet homme qui explique qu’à son époque l’intégration passait par le travail. Toutefois, tous ne partagent pas cet avis.
Abdallah Badis a choisi d’illustrer son film par une bande-son jazz mélancolique, qui capte ainsi toute la tristesse des habitants de cette région oubliée, sans jamais toutefois sombrer dans la nostalgie. Le réalisateur s’interroge aussi sur l’avenir de cette Lorraine à qui les politiques ont promis tant et tant de choses afin de la redynamiser. En retraçant son propre parcours, c’est une partie de l’histoire de l’immigration maghrébine dans cette région qu’il dépoussière.
Le Chemin noir résonne de façon particulière en cette année du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Ce film documentaire sort dans une unique salle parisienne et quelques autres en France. Plusieurs projections seront suivies d’un débat avec le réalisateur.
* Le Chemin noir, d’Abdallah Badis. Sortie en salles le 9 mai 2012.