L’avis de Saphirnews
Chaque 4e weekend du mois de juillet se tient le pèlerinage islamo-chrétien des Sept Dormants.
Le mythe des Sept Dormants raconte comment, au IIIe siècle, sept jeunes chrétiens de la ville d’Éphèse refusèrent de renier leur foi. Ils furent emmurés vivants dans une grotte par l’empereur romain Dèce, avant de se réveiller plusieurs siècles plus tard.
Ce récit n’est pas sans rappeler celui que l’on lit dans la sourate 18 du Coran (Al-Kahf, La Caverne, s. 18, v. 9-25).Il est fait mention des « gens de la Caverne », qui après s’être enfuis pour préserver leur foi, sont plongés dans un profond sommeil de 309 années jusqu’à ce que Dieu les réveille au moment où la religion est instaurée. Une sourate qu’il est particulièrement recommandé de réciter le vendredi.
Dans le but d’« œuvrer pour une paix sereine en Algérie », le pèlerinage des Sept Dormants est initié en 1954 par l’islamologue catholique Louis Massignon qui le greffe sur une fête catholique traditionnelle du hameau des Sept-Saints, dans les Côtes-d’Armor, en Bretagne. Une tradition qui se perpétue chaque année.
L’année 2018 n’y a pas dérogé. Les 21 et 22 juillet, dans le bourg du Vieux-Marché, des tables rondes sur le thème « Inventer, faire, donner l’hospitalité » réunissaient, notamment, Bérengère Massignon, sociologue des religions et petite-fille de Louis Massignon, Manoël Pénicaud, ethnologue et commissaire de l’exposition « Lieux saints partagés », Antoine Paumart, directeur de Jésuites pour les réfugiés, et Khaled Roumo, membre du Groupe d’amitié islamo-chrétienne (GAIC) qui vient de célébrer ses 25 ans. Une messe du pardon a été célébrée par Mgr Michel Dubost, évêque émérite d’Évry et membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. S’est ensuivie une marche vers la fontaine faisant converger, à travers prises de parole et prières communes, les trois « sources héritées de Louis Massignon : la source chrétienne, la source musulmane et la source humaniste ».
Tiré d’un colloque organisé à Tours en 2016, l’ouvrage Les Sept Dormants ou les Gens de la Caverne : héritage spirituel commun aux chrétiens et aux musulmans (Saint-Léger Éditions, 2018) est riche d’enseignements. Corédigé par une quinzaine d’auteurs (historien des religions, sociologue, anthropologue, spécialiste de l’exégèse, acteurs de l’interreligieux… ; voir la liste des auteurs et la table des matières ici), il présente la richesse tout à la fois symbolique et spirituelle de ce récit, à la jonction des deux traditions religieuses.
Surtout le décryptage de la légende des Sept Dormants versus Gens de la Caverne fait entrer en résonance des notions comme celles de la fidélité à la foi et du témoignage, du salut et de la retraite mystique, de la mort et de la résurrection. De la sorte, il permet d’entrer en dialogue en soi-même et avec les autres.
Le mythe des Sept Dormants raconte comment, au IIIe siècle, sept jeunes chrétiens de la ville d’Éphèse refusèrent de renier leur foi. Ils furent emmurés vivants dans une grotte par l’empereur romain Dèce, avant de se réveiller plusieurs siècles plus tard.
Ce récit n’est pas sans rappeler celui que l’on lit dans la sourate 18 du Coran (Al-Kahf, La Caverne, s. 18, v. 9-25).Il est fait mention des « gens de la Caverne », qui après s’être enfuis pour préserver leur foi, sont plongés dans un profond sommeil de 309 années jusqu’à ce que Dieu les réveille au moment où la religion est instaurée. Une sourate qu’il est particulièrement recommandé de réciter le vendredi.
Dans le but d’« œuvrer pour une paix sereine en Algérie », le pèlerinage des Sept Dormants est initié en 1954 par l’islamologue catholique Louis Massignon qui le greffe sur une fête catholique traditionnelle du hameau des Sept-Saints, dans les Côtes-d’Armor, en Bretagne. Une tradition qui se perpétue chaque année.
L’année 2018 n’y a pas dérogé. Les 21 et 22 juillet, dans le bourg du Vieux-Marché, des tables rondes sur le thème « Inventer, faire, donner l’hospitalité » réunissaient, notamment, Bérengère Massignon, sociologue des religions et petite-fille de Louis Massignon, Manoël Pénicaud, ethnologue et commissaire de l’exposition « Lieux saints partagés », Antoine Paumart, directeur de Jésuites pour les réfugiés, et Khaled Roumo, membre du Groupe d’amitié islamo-chrétienne (GAIC) qui vient de célébrer ses 25 ans. Une messe du pardon a été célébrée par Mgr Michel Dubost, évêque émérite d’Évry et membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. S’est ensuivie une marche vers la fontaine faisant converger, à travers prises de parole et prières communes, les trois « sources héritées de Louis Massignon : la source chrétienne, la source musulmane et la source humaniste ».
Tiré d’un colloque organisé à Tours en 2016, l’ouvrage Les Sept Dormants ou les Gens de la Caverne : héritage spirituel commun aux chrétiens et aux musulmans (Saint-Léger Éditions, 2018) est riche d’enseignements. Corédigé par une quinzaine d’auteurs (historien des religions, sociologue, anthropologue, spécialiste de l’exégèse, acteurs de l’interreligieux… ; voir la liste des auteurs et la table des matières ici), il présente la richesse tout à la fois symbolique et spirituelle de ce récit, à la jonction des deux traditions religieuses.
Surtout le décryptage de la légende des Sept Dormants versus Gens de la Caverne fait entrer en résonance des notions comme celles de la fidélité à la foi et du témoignage, du salut et de la retraite mystique, de la mort et de la résurrection. De la sorte, il permet d’entrer en dialogue en soi-même et avec les autres.
Extrait de l'ouvrage
[p. 28] Nous avons vu comment cette tradition, par les influences croisées de ses sources, appartient aux chrétiens et aux musulmans. Ces quelques regards sur le symbolisme des Sept Dormants dans les deux religions et le sens des thèmes nous montrent combien il parle aux uns et aux autres, et combien la tradition est porteuse de sens aujourd’hui encore. L’expansion du culte qui a voyagé dans le temps et à travers les continents témoigne de sa portée spirituelle. Il a contribué au dialogue qui l’a imprégné, et qui, malgré les relations parfois difficiles entre les croyants des deux religions, l’a enrichi.
[p. 29] Il nous invite à vivre le dialogue entre chrétiens et musulmans comme un chemin sur lequel nous nous mettons en route ensemble. Lorsque nous prenons le temps de nous écouter mutuellement pour que chacun apprenne de l’autre, croyant, comment cette tradition participe pour lui à la connaissance du divin, nous écrivons, les uns avec les autres et les uns par les autres, une nouvelle page de cette tradition vivante. Elle peut parler aux hommes d’aujourd’hui, chrétiens et musulmans, dans ses sources, comme dans son symbolisme si riche ; elle est une tradition à vivre autant qu’à penser.
[p. 29] Il nous invite à vivre le dialogue entre chrétiens et musulmans comme un chemin sur lequel nous nous mettons en route ensemble. Lorsque nous prenons le temps de nous écouter mutuellement pour que chacun apprenne de l’autre, croyant, comment cette tradition participe pour lui à la connaissance du divin, nous écrivons, les uns avec les autres et les uns par les autres, une nouvelle page de cette tradition vivante. Elle peut parler aux hommes d’aujourd’hui, chrétiens et musulmans, dans ses sources, comme dans son symbolisme si riche ; elle est une tradition à vivre autant qu’à penser.
Collectif, Les Sept Dormants ou les Gens de la Caverne : héritage spirituel commun aux chrétiens et aux musulmans, Saint-Léger Éditions, 2018, 200 p., 20 €.
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