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Cinéma, DVD

« Normal ! » : Plus qu’un film, un débat sur l’Algérie

Rédigé par Mounir Benali | Samedi 7 Avril 2012 à 18:14

           

Avec « Normal ! »*, le réalisateur de Harragas nous livre une œuvre insolente, véritable photographie d’une jeunesse algérienne frustrée.



« Normal ! » : Plus qu’un film, un débat sur l’Algérie
Fouzi est un jeune réalisateur algérien qui, deux ans après avoir tourné ses premiers rushs jugés insatisfaisants, convoque à nouveau ses acteurs afin de les sonder sur la direction à donner au projet final. Ce dernier aimerait leur faire jouer une dernière scène, dont le décor serait une vraie manifestation dans un Alger pris dans le tsunami du Printemps arabe ayant déjà touché les pays voisins. Et c’est à partir cette histoire-là que tout se complique et que se déclenche le film...

Par ce procédé scénaristique, le cinéaste évoque malicieusement la censure mais aussi l’autocensure que s’inflige la jeunesse algérienne, provoquant ainsi un frein à cette discipline artistique qu’est le cinéma. Une censure étatique incarné par un hélicoptère ronronnant au-dessus de la baie d’Alger,et qui nous rappelle que l’État surveille chaque fait, parole ou geste de ces jeunes Algérois, pétris de contradictions.

La scène du baiser avec la jeune immigrée qui suscite colère et jalousie de l’une des comédiennes (épouse de l’homme concerné dans la vraie vie) incarne parfaitement cette autocensure. La jeune femme confond fiction et réalité, mais, au-delà, réprouve l’amour physique montré à l’écran, une scène qui révèle ainsi le puritanisme ambiant du pays.

Si l’intention du réalisateur est louable, on aurait souhaité qu’il aille plus loin dans la dénonciation. En effet, Merzak Allouache pointe de manière évasive les dysfonctionnements d’une société, tout en se gardant de désigner nominativement les responsables politiques (on parle d’une censure, mais jamais des auteurs de celle-ci). Merzak Allouache a voulu faire « un film pour débattre », dit-il, et avoue avoir été subjugué par la violence de la presse algérienne qui n’a pas supporté de voir la réalité de son pays à travers son film.

Normal !, à travers sa mise en abyme, se veut être au final un porte-parole d’une génération opprimée dans son désir d’émancipation.


*Normal !, de Merzak Allouache. Prix du meilleur long métrage arabe au festival Doha-Tribeca 2011. En salles depuis le 28 mars.






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