Le vocable islam est anxiogène en France et génère beaucoup trop de fantasmes. Face à des débats réducteurs et biaisés sur les questions entourant l’islam et les musulmans, il est nécessaire d’offrir des réflexions dépassionnées qui vont à rebours du brouhaha médiatico-politique, émaillé à intervalles réguliers de polémiques souvent nuisibles pour la société. C’est ce constat qui a guidé Romain Icard dans la réalisation de Nous, Français musulmans, dont la diffusion est prévue sur Arte dès mardi 14 janvier.*
« Il y a des réalisateurs de documentaires qui creusent un sillon sur une thématique, un sujet, et qui se spécialisent. Je suis diamétralement à l’opposé. Dès lors que j’estime qu’un sujet en vaut la peine et qu’il peut intéresser le grand public, je le réalise », confie le réalisateur touche-à-tout à Saphirnews, qui déclare déplorer l'état des débats médiatiques, biaisés, sur l’islam. Après trois ans d’un travail méthodique, le résultat n’en est pas moins réussi : le challenge de la réalisation Nous, Français musulmans est relevé avec brio.
« Il y a des réalisateurs de documentaires qui creusent un sillon sur une thématique, un sujet, et qui se spécialisent. Je suis diamétralement à l’opposé. Dès lors que j’estime qu’un sujet en vaut la peine et qu’il peut intéresser le grand public, je le réalise », confie le réalisateur touche-à-tout à Saphirnews, qui déclare déplorer l'état des débats médiatiques, biaisés, sur l’islam. Après trois ans d’un travail méthodique, le résultat n’en est pas moins réussi : le challenge de la réalisation Nous, Français musulmans est relevé avec brio.
Sortir d’un traitement « manichéen » de l’islam en France
Les résultats de l’étude réalisée par l’institut IPSOS pour ce documentaire auprès de 1 513 personnes représentatives de la société française – musulmans et non-musulmans – constituent la trame de ce documentaire en deux volets (2 x 52 minutes), qui entend dresser une large photographie des réalités vécues par des Français de confession musulmane, de leur rapport à leur nation, sans éluder les questions liées aux discriminations, au voile ou encore à la représentativité.
« Nous avons mis longtemps à trouver le dispositif car, dès lors qu'on parle de l'islam et des Français musulmans, qu'on le veuille ou non, on a tous immédiatement des idées, parfois même des préconçus, juste ou erronées. Bien malin celui qui sait que ce qu'il dit est vrai sur ce sujet. A partir de là, il nous est donc venu cette idée de faire un sondage d’opinion auprès d’un échantillon représentatif de la population globale et de personnes qui se déclarent musulmans », explique-t-il, « avec la précaution importante, pour nous, de se dire qu'un sondage ne reflète pas la vérité absolue mais qu’il apporte un éclairage ».
Ainsi, déclare-t-il, « je n'ai jamais considéré les résultats (du sondage) comme suffisants mais ils m'ont orienté » dans la construction du documentaire. Une idée directrice a guidé Romain Icard : la volonté de sortir d’un traitement « manichéen » de l’islam en France, ce qui implique de rappeler l'extrême diversité des Français musulmans dans leurs pratiques et leurs vécus.
A noter, le choix a aussi été fait de faire des impasses sur plusieurs résultats du sondage « parce qu'il y avait énormément de questions (75 au total, ndlr), qu’il ratissait large et que nous, en deux heures, ne pouvons pas tout dire sous peine de faire un gloubi-boulga auquel personne ne comprend rien, ce qui n'a pas d'intérêt. L'intérêt était de creuser des sillons, de chercher des choses en profondeur ».
« Nous avons mis longtemps à trouver le dispositif car, dès lors qu'on parle de l'islam et des Français musulmans, qu'on le veuille ou non, on a tous immédiatement des idées, parfois même des préconçus, juste ou erronées. Bien malin celui qui sait que ce qu'il dit est vrai sur ce sujet. A partir de là, il nous est donc venu cette idée de faire un sondage d’opinion auprès d’un échantillon représentatif de la population globale et de personnes qui se déclarent musulmans », explique-t-il, « avec la précaution importante, pour nous, de se dire qu'un sondage ne reflète pas la vérité absolue mais qu’il apporte un éclairage ».
Ainsi, déclare-t-il, « je n'ai jamais considéré les résultats (du sondage) comme suffisants mais ils m'ont orienté » dans la construction du documentaire. Une idée directrice a guidé Romain Icard : la volonté de sortir d’un traitement « manichéen » de l’islam en France, ce qui implique de rappeler l'extrême diversité des Français musulmans dans leurs pratiques et leurs vécus.
A noter, le choix a aussi été fait de faire des impasses sur plusieurs résultats du sondage « parce qu'il y avait énormément de questions (75 au total, ndlr), qu’il ratissait large et que nous, en deux heures, ne pouvons pas tout dire sous peine de faire un gloubi-boulga auquel personne ne comprend rien, ce qui n'a pas d'intérêt. L'intérêt était de creuser des sillons, de chercher des choses en profondeur ».
Un recueil de paroles face caméra pour éclairer le grand public
Le documentaire se concentre principalement sur le rapport des Français musulmans à leur nation. Sont-ils vraiment tiraillés entre leur identité religieuse et l’adhésion aux valeurs de la République, entre l’islam et la France ? Pour ce faire, et « loin des fantasmes d’un débat irrationnel » que génère malheureusement le vocable islam en France, Romain Icard a recueilli la parole d’intellectuels, de penseurs, de cadres religieux et associatifs, musulmans ou non, qui apportent chacun un éclairage intéressant pour le grand public sur la situation à partir de leurs expériences personnelles, associatives, professionnelles ou encore universitaires, en faisant « le choix d’écarter ceux qui, d’ordinaire, monopolisent et parasitent le débat ».
On y retrouve, pêle-mêle, l’imam Mohamed Bajrafil, le président de la Fondation de l’islam de France Ghaleb Bencheikh, le président de l’Institut Hozes Yacine Hilmi, le président de l'Institut européen en sciences des religions (IESR) Didier Leschi, l’avocate Hayette Hamidi, le fondateur de l’AMIF Hakim El Karoui, la cofondatrice de l’association Voix d’un islam éclairé Eva Janadin, les philosophes Abdennour Bidar et Marcel Gauchet, l’humoriste Yassine Belattar ou encore le jihadiste répenti David Vallat.
On y retrouve, pêle-mêle, l’imam Mohamed Bajrafil, le président de la Fondation de l’islam de France Ghaleb Bencheikh, le président de l’Institut Hozes Yacine Hilmi, le président de l'Institut européen en sciences des religions (IESR) Didier Leschi, l’avocate Hayette Hamidi, le fondateur de l’AMIF Hakim El Karoui, la cofondatrice de l’association Voix d’un islam éclairé Eva Janadin, les philosophes Abdennour Bidar et Marcel Gauchet, l’humoriste Yassine Belattar ou encore le jihadiste répenti David Vallat.
Lutter contre l’hystérisation des débats sur l’islam
« Pour construire un propos intellectuel, audible et intelligible, il faut commencer par déconstruire des discours comme ceux d’Eric Zemmour, et c’est là où les paroles de philosophes et de penseurs sont intéressantes », de même que celles des principaux intéressés, « sans faire de l’angélisme », indique Romain Icard. « C’est compliqué car il existe beaucoup d’avis mais l’essentiel est de ne pas hystériser le débat », de « ne pas céder à une logique conflictuelle faite de diatribes et de haine de tous côtés », mais aussi de « ne pas essentialiser l’identité des Français musulmans » en les réduisant à leur seule facette religieuse.
« Sur ce terrain, j'entends que le travail n'est pas très bien fait médiatiquement alors que des chercheurs travaillent beaucoup sur ses questions, sans même parler des acteurs de terrain », déclare Romain Icard. « Les médias ont un tort considérable (dans le traitement de l’islam) mais la responsabilité est très largement partagée » entre divers acteurs de la société, y compris des pouvoirs publics, qui devraient « se pencher sur la question autrement que sur le plan sécuritaire ».
Pour le documentariste, qui dit ne pas se poser non plus en « donneur de leçons », « il est nécessaire de mettre en avant des personnes positives dans leur rapport au religieux, à la foi, à la société, à leur pays, d’autant que les énergies sont là, il n’est pas compliqué de trouver des gens de talents et fabuleux... C’est plus compliqué de les mettre devant une caméra mais c’est un autre débat ! »
Lire aussi : Unis dans la diversité, agissons avec responsabilité!
Cinq ans après les attentats contre Charlie Hebdo, « j'ai l'impression qu'il n'y a jamais eu autant d'initiatives, plutôt positives, qui ont été prises (sur les questions d'islam) en France. (...) Il faut espérer que de ce ground zéro hyper sombre, des choses plus positives en sortent et c’est le sentiment que j’ai eu en parlant avec tous mes interlocuteurs », signifie Romain Icard.
S’il ne fallait, pour lui, ne retenir qu’un chiffre du sondage réalisé pour le documentaire, et pour « rester dans une démarche positive » : 90 % des Français dit musulmans aiment leur pays, un chiffre similaire à celui de la population globale.
Nous, Français musulmans fait l’impasse sur les polémiques stériles pour privilégier la voie de l’apaisement. Une démarche salutaire qu'il faut encourager dans l’espace médiatique.
* « Nous, Français musulmans », diffusion mardi 14 janvier 2020 sur Arte à 20h50 et en replay sur le site Arte.tv jusqu’au 24 novembre 2020
« Sur ce terrain, j'entends que le travail n'est pas très bien fait médiatiquement alors que des chercheurs travaillent beaucoup sur ses questions, sans même parler des acteurs de terrain », déclare Romain Icard. « Les médias ont un tort considérable (dans le traitement de l’islam) mais la responsabilité est très largement partagée » entre divers acteurs de la société, y compris des pouvoirs publics, qui devraient « se pencher sur la question autrement que sur le plan sécuritaire ».
Pour le documentariste, qui dit ne pas se poser non plus en « donneur de leçons », « il est nécessaire de mettre en avant des personnes positives dans leur rapport au religieux, à la foi, à la société, à leur pays, d’autant que les énergies sont là, il n’est pas compliqué de trouver des gens de talents et fabuleux... C’est plus compliqué de les mettre devant une caméra mais c’est un autre débat ! »
Lire aussi : Unis dans la diversité, agissons avec responsabilité!
Cinq ans après les attentats contre Charlie Hebdo, « j'ai l'impression qu'il n'y a jamais eu autant d'initiatives, plutôt positives, qui ont été prises (sur les questions d'islam) en France. (...) Il faut espérer que de ce ground zéro hyper sombre, des choses plus positives en sortent et c’est le sentiment que j’ai eu en parlant avec tous mes interlocuteurs », signifie Romain Icard.
S’il ne fallait, pour lui, ne retenir qu’un chiffre du sondage réalisé pour le documentaire, et pour « rester dans une démarche positive » : 90 % des Français dit musulmans aiment leur pays, un chiffre similaire à celui de la population globale.
Nous, Français musulmans fait l’impasse sur les polémiques stériles pour privilégier la voie de l’apaisement. Une démarche salutaire qu'il faut encourager dans l’espace médiatique.
* « Nous, Français musulmans », diffusion mardi 14 janvier 2020 sur Arte à 20h50 et en replay sur le site Arte.tv jusqu’au 24 novembre 2020