Présentation de l'éditeur
Rouvrir des débats que les docteurs de la loi avaient clos au Moyen Âge : qu’est-ce que l’islam ? Quel est son rapport à l’universel ? Comment apprendre à vivre sur un pied d’égalité avec les autres religions ? Quel est le statut du Texte sacré ? Comment faire vivre la charia pour qu’elle ne soit pas momifiée en une interprétation figée ?
Autant de questions qui sont la clef d’un islam de la vie. A travers la condamnation du rapport des oulémas à l’esclavage, l’auteur nous entraîne vers un islam des possibles, pour en finir avec une vision moyennageuse.
Autant de questions qui sont la clef d’un islam de la vie. A travers la condamnation du rapport des oulémas à l’esclavage, l’auteur nous entraîne vers un islam des possibles, pour en finir avec une vision moyennageuse.
L'auteur
Omero Marongiu-Perria est sociologue, spécialiste de l’islam français. Passé par la mouvance des Frères musulmans, il est aujourd’hui l’un des piliers du courant réformiste dans l’Islam de France.
Extraits choisis de l'introduction
Et si Daesh avait raison lorsqu'il prétend appliquer de manière stricte les dispositions de la charia, telles qu'elles ont été codifiées dans le droit musulman classique ? L'idée, affirmée de manière aussi abrupte, peut paraître assez saugrenue. C'est pourtant la conclusion à laquelle je suis parvenu au terme d'une recherche sur les références doctrinales, en comparaison avec la vaste production du droit musulman. Celui-ci, en effet, est demeuré confiné dans le même paradigme général de « domination » depuis les débuts de l'empire omeyyade jusqu'à aujourd'hui. Sur le plan doctrinal, le groupe « Etat islamique » est loin de former un amalgame confus de personnes désœuvrées ou folles. Sa création est certes le fuit d'un contexte géopolitique spécifique, mais sa vision du monde puise dans des références précises de l'orthodoxie musulmane sunnite.
(...) Le présent ouvrage n'est pas consacré à discuter de l'appartenance ou non de l'EI à l'islam, ni même à exprimer un jugement de valeur sur ses références doctrinales Après une analyse approfondie de ses écrits, mais surtout du corpus exégétique et juridique musulman, du Moyen-Age jusqu'à aujourd'hui, je suis parvenu à la conviction que le problème fondamental, dans la lutte contre l'EI, est plutôt de mettre à jour et de rompre avec le paradigme hégémonique dans lequel sont enfermés les leaders religieux musulmans. Celui-ci, en effet, gangrène l'ancrage de l'islam contemporain dans un monde en pleine mutation, notamment parce qu'il renvoie à tous l'image d'une religion incapable de sortir de son Moyen Age.
(...) La thèse de cet ouvrage est au fond très simple, et je la présente sans ambages : trop de leaders religieux musulmans partagent une vision du monde ancrée dans le même paradigme que celle du groupe qu'ils combattent. Il est donc vain de crier à tue-tête que l'EI est une émanation du salafisme ou du wahhabisme, ou bien le fruit d'une simple collusion entre les salafistes et les Frères musulmans. Tout se passe comme si l'ont voulait se dédouaner d'une nécessaire réflexion sur les mécanismes qui ont conduit une grande partie des acteurs de l'islam contemporain dans une impasse - j'entends par là leur enfermement dans une théologie dogmatique et une théologie morale centrée sur le rapport de domination au monde, jusqu'au-boutiste avec un Occident présenté sous les traits foncièrement corrompus.
(...) Ce livre n'est pas un écrit à charge accusant les musulmans : je suis en effet persuadé que la majorité d'entre eux, de par le monde, vivent leur religiosité de façon sécularisée, et surtout apaisée. Aussi, prétendre que les adeptes de l'islam seraient majoritairement des fanatiques prêts à en découdre pour soumette le monde à « l'ordre de droit divin » est une accusation dénuée de tout sérieux au regard de la réalité des pays d'islam et des musulmans vivant dans les sociétés occidentales. Par contre, je m'inscris clairement dans la remise en cause du primat des clercs, et à leurs prétentions à guider la société musulmans « pure » avec leur interprétation de la charia : je m'oppose à l'idée qu'il faut suivre les dispositions pratiques de la charia édictées au Moyen Age.
(...) Le présent ouvrage n'est pas consacré à discuter de l'appartenance ou non de l'EI à l'islam, ni même à exprimer un jugement de valeur sur ses références doctrinales Après une analyse approfondie de ses écrits, mais surtout du corpus exégétique et juridique musulman, du Moyen-Age jusqu'à aujourd'hui, je suis parvenu à la conviction que le problème fondamental, dans la lutte contre l'EI, est plutôt de mettre à jour et de rompre avec le paradigme hégémonique dans lequel sont enfermés les leaders religieux musulmans. Celui-ci, en effet, gangrène l'ancrage de l'islam contemporain dans un monde en pleine mutation, notamment parce qu'il renvoie à tous l'image d'une religion incapable de sortir de son Moyen Age.
(...) La thèse de cet ouvrage est au fond très simple, et je la présente sans ambages : trop de leaders religieux musulmans partagent une vision du monde ancrée dans le même paradigme que celle du groupe qu'ils combattent. Il est donc vain de crier à tue-tête que l'EI est une émanation du salafisme ou du wahhabisme, ou bien le fruit d'une simple collusion entre les salafistes et les Frères musulmans. Tout se passe comme si l'ont voulait se dédouaner d'une nécessaire réflexion sur les mécanismes qui ont conduit une grande partie des acteurs de l'islam contemporain dans une impasse - j'entends par là leur enfermement dans une théologie dogmatique et une théologie morale centrée sur le rapport de domination au monde, jusqu'au-boutiste avec un Occident présenté sous les traits foncièrement corrompus.
(...) Ce livre n'est pas un écrit à charge accusant les musulmans : je suis en effet persuadé que la majorité d'entre eux, de par le monde, vivent leur religiosité de façon sécularisée, et surtout apaisée. Aussi, prétendre que les adeptes de l'islam seraient majoritairement des fanatiques prêts à en découdre pour soumette le monde à « l'ordre de droit divin » est une accusation dénuée de tout sérieux au regard de la réalité des pays d'islam et des musulmans vivant dans les sociétés occidentales. Par contre, je m'inscris clairement dans la remise en cause du primat des clercs, et à leurs prétentions à guider la société musulmans « pure » avec leur interprétation de la charia : je m'oppose à l'idée qu'il faut suivre les dispositions pratiques de la charia édictées au Moyen Age.
Omero Marongiu-Perria, Rouvrir les portes de l’islam, Atlande, mars 2017, 252 p., 15 €.
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