Marwan Muhammad a annoncé, mardi 9 mai, le lancement d’une consultation des musulmans de France afin d’impulser la création d’une nouvelle instance cultuelle incluant « toutes les sensibilités présentes au sein des communautés musulmanes » et de « poser les fondations d’une relation constructive et franche avec l’Etat, fondée sur l’égalité de traitement de tous les citoyens et sur l’indépendance réciproque du politique et du religieux, conformément au principe de laïcité ».
Dans une tribune parue dans Le Monde, le statisticien, qui fut directeur jusqu’en octobre 2017 du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), explique son initiative en déplorant l’absence, « après plusieurs générations », d’une « instance représentative d’ampleur nationale qui soit à la hauteur des enjeux de notre temps ».
« J’entends depuis des années avec constance les musulmans dire qu’ils en avaient marre de la façon dont ils se faisaient déposséder leur parole, que rien n’est fait ou, pire, que ce qui est fait en notre nom est catastrophique », indique Marwan Muhammad auprès de Saphirnews, qui dit avoir été guidé par un « sentiment de frustration émanant du terrain » pour lancer la consultation, dans l’objectif de « répondre aux besoins réels des fidèles ».
Dans une tribune parue dans Le Monde, le statisticien, qui fut directeur jusqu’en octobre 2017 du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), explique son initiative en déplorant l’absence, « après plusieurs générations », d’une « instance représentative d’ampleur nationale qui soit à la hauteur des enjeux de notre temps ».
« J’entends depuis des années avec constance les musulmans dire qu’ils en avaient marre de la façon dont ils se faisaient déposséder leur parole, que rien n’est fait ou, pire, que ce qui est fait en notre nom est catastrophique », indique Marwan Muhammad auprès de Saphirnews, qui dit avoir été guidé par un « sentiment de frustration émanant du terrain » pour lancer la consultation, dans l’objectif de « répondre aux besoins réels des fidèles ».
« Traiter avec les musulmans sur un pied d’égalité »
L’initiative, qui est le fruit de quelques mois de consultation auprès d’acteurs associatifs au « constat similaire », est lancée en prévision des annonces prochaines du gouvernement autour de la « structuration de l’islam de France ».
« Les consultations avec Gilles Kepel, Hakim El Karoui et toutes ces personnes déconnectées de la réalité des musulmans au quotidien laissent présager que le gouvernement va une nouvelle fois imposer son mode de fonctionnement et que nous, (musulmans), allons être simplement spectateurs, frustrés de cet état de fait », dit-il. « Les ministres de l’intérieur successifs ont choisi leurs interlocuteurs comme un fait du prince et les musulmans, au mépris du principe de laïcité, ont dû s’en accommoder », appuie-t-il dans sa tribune.
Pour l’ex-directeur du CCIF, la consultation est « une occasion pour les musulmans de prendre en main leur destin ». Afin de « permettre aux personnes de s’exprimer puis de rendre compte de l’ensemble de la diversité des communautés musulmanes », la consultation se prétendant « au service des communautés musulmanes » prend ainsi la forme d’une série de questions auxquelles les musulmans sont invités à répondre via le site internet dédié Consultationdesmusulmans.fr.
Le plus gros du travail va être mené en ligne mais aussi sur le terrain, dans les mosquées, « jusqu’à la fin du mois du Ramadan ». Une fois l’analyse et la restitution des résultats faites « d'ici septembre », « l’attitude vis-à-vis du gouvernement va être informative » pour Marwan Muhammad. « Soit le gouvernement fait sa révolution copernicienne en étant capable de traiter avec les musulmans sur un pied d’égalité et des citoyens de plein droit, soit il continue son chemin et nous, le nôtre », ajoute-t-il.
« Les consultations avec Gilles Kepel, Hakim El Karoui et toutes ces personnes déconnectées de la réalité des musulmans au quotidien laissent présager que le gouvernement va une nouvelle fois imposer son mode de fonctionnement et que nous, (musulmans), allons être simplement spectateurs, frustrés de cet état de fait », dit-il. « Les ministres de l’intérieur successifs ont choisi leurs interlocuteurs comme un fait du prince et les musulmans, au mépris du principe de laïcité, ont dû s’en accommoder », appuie-t-il dans sa tribune.
Pour l’ex-directeur du CCIF, la consultation est « une occasion pour les musulmans de prendre en main leur destin ». Afin de « permettre aux personnes de s’exprimer puis de rendre compte de l’ensemble de la diversité des communautés musulmanes », la consultation se prétendant « au service des communautés musulmanes » prend ainsi la forme d’une série de questions auxquelles les musulmans sont invités à répondre via le site internet dédié Consultationdesmusulmans.fr.
Le plus gros du travail va être mené en ligne mais aussi sur le terrain, dans les mosquées, « jusqu’à la fin du mois du Ramadan ». Une fois l’analyse et la restitution des résultats faites « d'ici septembre », « l’attitude vis-à-vis du gouvernement va être informative » pour Marwan Muhammad. « Soit le gouvernement fait sa révolution copernicienne en étant capable de traiter avec les musulmans sur un pied d’égalité et des citoyens de plein droit, soit il continue son chemin et nous, le nôtre », ajoute-t-il.
Qu’en dit le CFCM de l’initiative ?
Marwan Muhammad ne manque pas d’égratigner le Conseil français du culte musulman (CFCM), déplorant son « interminable déshérence ». Pourtant, il assure que son initiative n’est pas dirigée contre l’organisation. « Je ne pense pas que les musulmans lambda aient des comptes à régler avec le CFCM, ils sont relativement passés à autre chose et ils sont conscients que les grandes fédérations et les gens qui les dirigent ont fait comme ils ont pu ou su, avec les moyens et l’autonomie dont ils disposaient », estime-t-il.
Ce n’est pas l’effet qu’il donne au CFCM, qui avait annoncé en avril, par la voix de son président Ahmet Ogras, sa volonté de consulter les acteurs et les fidèles musulmans dans une démarche de refondation de l’instance. Une information que Marwan Muhammad affirme auprès de Saphirnews ne pas avoir été courant. Contacté, c’est donc non sans agacement qu’Ahmet Ogras se déclare « surpris » face à « une démarche personnelle » du statisticien - point que ce dernier réfute.
Ce n’est pas l’effet qu’il donne au CFCM, qui avait annoncé en avril, par la voix de son président Ahmet Ogras, sa volonté de consulter les acteurs et les fidèles musulmans dans une démarche de refondation de l’instance. Une information que Marwan Muhammad affirme auprès de Saphirnews ne pas avoir été courant. Contacté, c’est donc non sans agacement qu’Ahmet Ogras se déclare « surpris » face à « une démarche personnelle » du statisticien - point que ce dernier réfute.
« Le dialogue doit se faire avec le CFCM »
« Nous aurions aimé que son initiative vienne insuffler un nouveau dynamisme au CFCM au lieu de pousser à la création d’une nouvelle organisation parallèle. (…) Oui, nous avons des faiblesses mais nous ouvrons la porte à tous, même à ceux qui nous critiquent pour faire mieux », déclare-t-il, affirmant vouloir toujours lancer une consultation « prochainement » malgré tout.
Quant à Abdallah Zekri, il n'est pas avare en critiques. « Je considère que ce monsieur (M. Muhammad) ne représente que lui-même. Je n’approuve pas du tout son initiative », tempête le délégué général du CFCM. « Le dialogue doit se faire avec le CFCM même si, on en est conscient, il n’a pas l’assentiment de tout le monde. Nous aussi parlons de nos insuffisances mais c’est une organisation qui a 15 ans d’âge, qui évolue et je pense qu’il faut l'aider à la mettre sur rail de sorte à construire le CFCM par la base (...) et à le renouveler avec des jeunes et des femmes », indique-t-il, voyant une forme d’opportunisme dans la démarche de l’ex-directeur du CCIF pour se positionner en tant qu’acteur de l’islam de France.
« Quoi qu’il se construit et se décide pour demain en terme de projet d’organisation, je n’ai personnellement pas l’envie d’exercer la moindre responsabilité », insiste, pour sa part, Marwan Muhammad. Sur sa page Facebook, il a annoncé fin avril, avant le lancement de la consultation, avoir « un dernier projet à mener à bien auprès des musulmans » et qu’il passera ensuite « à une autre séquence de (sa) vie ».
Lire aussi :
Marwan Muhammad : « Mon objectif : proposer un discours rationnel sur l’islamophobie »
La structure de représentation des musulmans de France doit émerger d’eux-mêmes, de la base
Quant à Abdallah Zekri, il n'est pas avare en critiques. « Je considère que ce monsieur (M. Muhammad) ne représente que lui-même. Je n’approuve pas du tout son initiative », tempête le délégué général du CFCM. « Le dialogue doit se faire avec le CFCM même si, on en est conscient, il n’a pas l’assentiment de tout le monde. Nous aussi parlons de nos insuffisances mais c’est une organisation qui a 15 ans d’âge, qui évolue et je pense qu’il faut l'aider à la mettre sur rail de sorte à construire le CFCM par la base (...) et à le renouveler avec des jeunes et des femmes », indique-t-il, voyant une forme d’opportunisme dans la démarche de l’ex-directeur du CCIF pour se positionner en tant qu’acteur de l’islam de France.
« Quoi qu’il se construit et se décide pour demain en terme de projet d’organisation, je n’ai personnellement pas l’envie d’exercer la moindre responsabilité », insiste, pour sa part, Marwan Muhammad. Sur sa page Facebook, il a annoncé fin avril, avant le lancement de la consultation, avoir « un dernier projet à mener à bien auprès des musulmans » et qu’il passera ensuite « à une autre séquence de (sa) vie ».
Lire aussi :
Marwan Muhammad : « Mon objectif : proposer un discours rationnel sur l’islamophobie »
La structure de représentation des musulmans de France doit émerger d’eux-mêmes, de la base