Elèves, enseignants, membres du personnel et de la direction du groupe scolaire Al-Kindi se sont recueillis en hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard en octobre 2023. Le groupe scolaire musulman voit aujourd’hui ses contrats d’association avec l’Etat résiliés. © Al-Kindi
La résiliation de l’ensemble des contrats d’association liant l’Etat au groupe scolaire Al-Kindi sonne comme une énième attaque en règle à l’encontre de l’enseignement privé musulman. Cette décision, prise par la préfecture de la Région Auvergne-Rhône-Alpes un an après la résiliation du contrat avec le lycée Averroès de Lille, est vécue comme l’illustration d’une « islamophobie institutionalisée » par la direction d’Al-Kindi, qui entend bien contester la décision devant la justice administrative. Si celle-ci donne raison à l’Etat, plus aucun lycée musulman ne sera sous contrat en France.
La Fédération nationale de l'enseignement privé musulman (FNEM) a déploré, lundi 13 janvier, « une nouvelle atteinte contre le réseau d'enseignement privé musulman ». La résiliation des contrats « remet en cause des années d'efforts acharnés et de succès académiques indéniables » avec un taux de « 100 % de réussite au BAC durant trois années consécutives (2020, 2021, 2022) » et « un classement parmi les meilleurs établissements de la région et de France depuis son ouverture » en 2007, indique l’instance. « Ce traitement injuste, déjà observé lors de la résiliation du contrat d'association du lycée Averroès, témoigne une fois de plus d'un acharnement administratif et politique qui va à l'encontre même des valeurs de la République », déplore-t-elle.
Même son de cloche du côté de la fédération Musulmans de France (MF), pour qui la décision prise à l’encontre d’Al-Kindi « marque une étape supplémentaire dans un processus inquiétant de marginalisation des établissements privés musulmans ».
La Fédération nationale de l'enseignement privé musulman (FNEM) a déploré, lundi 13 janvier, « une nouvelle atteinte contre le réseau d'enseignement privé musulman ». La résiliation des contrats « remet en cause des années d'efforts acharnés et de succès académiques indéniables » avec un taux de « 100 % de réussite au BAC durant trois années consécutives (2020, 2021, 2022) » et « un classement parmi les meilleurs établissements de la région et de France depuis son ouverture » en 2007, indique l’instance. « Ce traitement injuste, déjà observé lors de la résiliation du contrat d'association du lycée Averroès, témoigne une fois de plus d'un acharnement administratif et politique qui va à l'encontre même des valeurs de la République », déplore-t-elle.
Même son de cloche du côté de la fédération Musulmans de France (MF), pour qui la décision prise à l’encontre d’Al-Kindi « marque une étape supplémentaire dans un processus inquiétant de marginalisation des établissements privés musulmans ».
Que reste-t-il du réseau des écoles privées musulmanes ?
L'enseignement privé musulman en France est déjà largement sous-représenté par rapport aux autres réseaux d'enseignement, rappelle la FNEM, qui recense, à la rentrée 2024/2025, 59 établissements privés musulmans dont huit uniquement sous contrat partiel avec l'État. Sur les 13 000 élèves scolarisés dans ces établissements, seul un millier se trouvent dans des écoles sous contrat selon la FNEM.
A titre de comparaison, la France compte environ 2,2 millions d’élèves scolarisés dans quelque 12 500 établissements privés. Un peu plus de 7 500 d’entre eux sont sous contrat avec l’Etat. Selon un rapport de la Cour des comptes paru en juin 2023, l'enseignement catholique représente 96 % de l'enseignement privé sous contrat (7 220 établissements). Les écoles privées juives représentent le deuxième réseau d’enseignement privé en France avec 35 000 élèves répartis dans 300 structures éducatives. Six nouvelles écoles ont même ouvert en 2024.
En revanche, le réseau d’enseignement privé musulman voit son développement fortement ralentir ces toutes dernières années. Les multiples contrôles administratifs visant, entre autres, les écoles musulmanes depuis 2020 ont refroidi bien des porteurs de projets. L’offensive gouvernementale lancée contre les structures accusées d’être en lien avec « les Frères musulmans », et qui se manifeste aujourd’hui par des résiliations de contrats d’association, inquiète une composante musulmane qui se sent plus que jamais malmenée.
A titre de comparaison, la France compte environ 2,2 millions d’élèves scolarisés dans quelque 12 500 établissements privés. Un peu plus de 7 500 d’entre eux sont sous contrat avec l’Etat. Selon un rapport de la Cour des comptes paru en juin 2023, l'enseignement catholique représente 96 % de l'enseignement privé sous contrat (7 220 établissements). Les écoles privées juives représentent le deuxième réseau d’enseignement privé en France avec 35 000 élèves répartis dans 300 structures éducatives. Six nouvelles écoles ont même ouvert en 2024.
En revanche, le réseau d’enseignement privé musulman voit son développement fortement ralentir ces toutes dernières années. Les multiples contrôles administratifs visant, entre autres, les écoles musulmanes depuis 2020 ont refroidi bien des porteurs de projets. L’offensive gouvernementale lancée contre les structures accusées d’être en lien avec « les Frères musulmans », et qui se manifeste aujourd’hui par des résiliations de contrats d’association, inquiète une composante musulmane qui se sent plus que jamais malmenée.
Un « déséquilibre manifeste » qui envoie « un signal alarmant » aux musulmans
« Sans le réseau musulman, le système éducatif ne reflète pas la diversité de notre pays », assure la FNEM, pour qui les écoles musulmanes « offrent aux familles une alternative éducative légitime, répondant à une demande croissante de liberté de choix et de pluralisme éducatif ». Critiquant vivement « ce déséquilibre manifeste dans le traitement des réseaux d'enseignement en France », elle lance un appel aux autorités compétentes « à revoir leur position et à mettre fin à ces pratiques discriminatoires qui empêchent le développement légitime et naturel l'enseignement privé musulman ».
« Le respect des principes républicains exige un traitement égalitaire de tous les réseaux éducatifs, sans exception », ajoute la FNEM, qui envisage de saisir la justice « contre toute décision discriminante ou injuste afin de défendre les droits des établissements privés musulmans, de garantir un traitement équitable et de faire valoir leurs droits dans le respect des lois de la République ».
MF dénonce « une politique de résiliation ciblée », avec une dernière décision qui, d’une part, « s'inscrit dans une logique qui semble vouloir anéantir les réussites des projets éducatifs portés par les Français de confession musulmane, contribuant ainsi à la fragilisation de leur avenir » et, d’autre part, qui « met à l'arrêt tout effort d'institutionnalisation et d'intégration des structures musulmanes dans le paysage éducatif français, renforçant ainsi un sentiment d'exclusion ».
De telles résiliations envoient « un signal alarmant aux citoyens de confession musulmane, leur laissant entendre que, contrairement aux autres confessions établies, ils ne peuvent prétendre à des établissements scolaires sous contrat avec l'État » et font courir « un risque accru de séparatisme et de repli communautaire », prévient MF. Car « en marginalisant les initiatives légales et conformes aux valeurs républicaines, elle pousse les familles musulmanes à se tourner vers des alternatives non contrôlées ou à se sentir exclues du cadre institutionnel ».
« Le respect des principes républicains exige un traitement égalitaire de tous les réseaux éducatifs, sans exception », ajoute la FNEM, qui envisage de saisir la justice « contre toute décision discriminante ou injuste afin de défendre les droits des établissements privés musulmans, de garantir un traitement équitable et de faire valoir leurs droits dans le respect des lois de la République ».
MF dénonce « une politique de résiliation ciblée », avec une dernière décision qui, d’une part, « s'inscrit dans une logique qui semble vouloir anéantir les réussites des projets éducatifs portés par les Français de confession musulmane, contribuant ainsi à la fragilisation de leur avenir » et, d’autre part, qui « met à l'arrêt tout effort d'institutionnalisation et d'intégration des structures musulmanes dans le paysage éducatif français, renforçant ainsi un sentiment d'exclusion ».
De telles résiliations envoient « un signal alarmant aux citoyens de confession musulmane, leur laissant entendre que, contrairement aux autres confessions établies, ils ne peuvent prétendre à des établissements scolaires sous contrat avec l'État » et font courir « un risque accru de séparatisme et de repli communautaire », prévient MF. Car « en marginalisant les initiatives légales et conformes aux valeurs républicaines, elle pousse les familles musulmanes à se tourner vers des alternatives non contrôlées ou à se sentir exclues du cadre institutionnel ».
Une dynamique de « suspicion généralisée à l’égard des musulmans en France »
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a exprimé, mardi 14 janvier, « sa vive préoccupation face aux épreuves majeures que traverse actuellement l’enseignement privé musulman en France ». Les décisions administratives prises ces derniers mois ont suscité, consent l’instance, « un profond sentiment d’injustice et de discrimination parmi les élèves, leurs familles, et une grande partie de nos concitoyens » musulmans.
Evoquant le cas du lycée parisien Stanislas qui n'a pas subi de sanctions similaires à ceux des lycées Averroès et Al-Kindi malgré de graves polémiques relayées dans les médias, le CFCM déplore une « disparité de traitement, particulièrement visible », qui « alimente un sentiment d’injustice profond chez les jeunes élèves et leurs familles » et laisse « des séquelles durables sur leur perception des institutions républicaines ».
Ces décisions « s’inscrivent dans une dynamique plus large et préoccupante de suspicion généralisée à l’égard des musulmans en France », s’inquiète le CFCM, qui rejoint l’analyse faite par nombre d’observateurs et chercheurs. Il alerte « sur les dangers de cette stigmatisation croissante, encouragée par certains médias et figures influentes proches de l’extrême droite ». « Cette approche, loin de renforcer la cohésion nationale, alimente la défiance et risque de nourrir les extrêmes de tous bords », s’inquiète le CFCM, qui appelle les pouvoirs publics « à faire preuve de discernement et de pragmatisme, en veillant à respecter les principes fondamentaux de notre pacte républicain : égalité de traitement et égale dignité de tous les citoyens ».
Réaffirmant « (son) attachement aux valeurs de la République et (sa) volonté de contribuer positivement à la société française », MF appelle, pour sa part, « à un dialogue transparent avec l'État, basé sur les principes républicains d'équité et de respect », « à une mobilisation collective de tous les acteurs concernés et des familles pour défendre leurs droits » et « à une vigilance accrue contre toute discrimination qui pourrait renforcer la marginalisation des citoyens musulmans dans leur propre pays ».
« La lutte contre toute dérive doit s’appuyer sur des décisions justes, proportionnées et fondées sur des faits établis, afin d’éviter toute escalade des tensions. Des sanctions perçues comme arbitraires ou disproportionnées ne font que conforter les discours idéologiques des extrêmes, renforçant les tensions et alimentant les récits de confrontation. Ce n’est ni la République ni ses valeurs qui en sortent grandies, mais bien la haine et l’extrémisme », martèle le CFCM. Ce dernier invite dans le même temps les musulmans de France « à continuer d’emprunter exclusivement les voies de recours légales et à faire confiance dans les valeurs de justice et de paix partagées par l’immense majorité de nos concitoyens ».
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