Ibrahim Al-Assaf, ministre des Finances de l’Arabie Saoudite, à la conférence « Supporting Syria and the Region », qui s’est tenue à Londres, en février 2016 et a permis de lever 11 milliards de dollars d’aide humanitaire pour la Syrie. (Photo : Adam Brown/Crown)
Lors de la conférence de Bruxelles, le 2 mai 2018, le président libanais, Michel Aoun, a demandé aux Emirats arabes unis, à l’Arabie Saoudite et à l’Égypte d'apporter leur aide pour un retour des réfugiés syriens du Liban dans leur pays. En effet, le Liban accueille près de 1 million de réfugiés syriens enregistrés auprès de l’ONU, soit un cinquième de ces réfugiés. Le président libanais réclame ainsi « un retour sécurisé des déplacés, notamment dans les régions stables ».
Or, la communauté internationale estime un tel retour prématuré et considère qu’une solution politique en Syrie doit précéder leur retour, comme elle l’a expliqué lors de cette conférence relative à la crise des réfugiés syriens. En Arabie Saoudite, la plupart des réfugiés sont d’ailleurs majoritairement originaires de Syrie et du Yémen. La proximité géographique ainsi que les liens culturels et religieux expliquent le choix de cette destination.
Or, la communauté internationale estime un tel retour prématuré et considère qu’une solution politique en Syrie doit précéder leur retour, comme elle l’a expliqué lors de cette conférence relative à la crise des réfugiés syriens. En Arabie Saoudite, la plupart des réfugiés sont d’ailleurs majoritairement originaires de Syrie et du Yémen. La proximité géographique ainsi que les liens culturels et religieux expliquent le choix de cette destination.
Une prise en compte mitigée de la question des réfugiés
L’Arabie Saoudite est un des premiers membres du groupe de donateurs (TMD) pour la Syrie. Le royaume participe également à des forums internationaux de coopération humanitaire tels que le groupe consultatif international de recherche et de sauvetage (INSARAG) et le groupe d’évaluation et de coordination des catastrophes des Nations unies (UNDAC).
Pour autant, lors d’un rapport intitulé « La lamentable réponse du monde à la crise des réfugiés syriens » de décembre 2014, Amnesty International soulignait déjà l’attitude des États du Golfe Persique : « L’absence totale de promesses d’accueil émanant du Golfe est particulièrement honteuse. Les liens linguistiques et religieux devraient placer les États du golfe Persique au premier rang des pays offrant l’asile aux réfugiés qui fuient la persécution et les crimes de guerre en Syrie. »
L’Arabie Saoudite et les États du golfe Persique affichent toujours une réticence à accueillir les exilés syriens sur leurs territoires. Cette réticence est légale dans la mesure où aucun de ces États n’a ratifié la Convention internationale de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés. En vertu du droit international, une demande d’asile ne peut être faite depuis l’étranger. Il n’y a donc aucune obligation pour un État d’accepter ces demandeurs tant qu’ils se trouvent hors de ses frontières.
Néanmoins, certains observateurs, à l’instar de Nicholas Mac Geehan, chercheur associé à l’ONG Human Rights Watch (HRW), estiment que « s’il existe une obligation pour les pays arabes, il s’agit plutôt d’une obligation morale. Dans la mesure où, par exemple, les Émirats ou l’Arabie Saoudite participent directement à des conflits comme au Yémen ou en Syrie, leur responsabilité est en jeu ».
Pour autant, lors d’un rapport intitulé « La lamentable réponse du monde à la crise des réfugiés syriens » de décembre 2014, Amnesty International soulignait déjà l’attitude des États du Golfe Persique : « L’absence totale de promesses d’accueil émanant du Golfe est particulièrement honteuse. Les liens linguistiques et religieux devraient placer les États du golfe Persique au premier rang des pays offrant l’asile aux réfugiés qui fuient la persécution et les crimes de guerre en Syrie. »
L’Arabie Saoudite et les États du golfe Persique affichent toujours une réticence à accueillir les exilés syriens sur leurs territoires. Cette réticence est légale dans la mesure où aucun de ces États n’a ratifié la Convention internationale de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés. En vertu du droit international, une demande d’asile ne peut être faite depuis l’étranger. Il n’y a donc aucune obligation pour un État d’accepter ces demandeurs tant qu’ils se trouvent hors de ses frontières.
Néanmoins, certains observateurs, à l’instar de Nicholas Mac Geehan, chercheur associé à l’ONG Human Rights Watch (HRW), estiment que « s’il existe une obligation pour les pays arabes, il s’agit plutôt d’une obligation morale. Dans la mesure où, par exemple, les Émirats ou l’Arabie Saoudite participent directement à des conflits comme au Yémen ou en Syrie, leur responsabilité est en jeu ».
Un engagement essentiellement humanitaire en réponse préventive à une crise des réfugiés
Les Nations unies soulignent fréquemment « l’esprit humanitaire manifesté par l'Arabie saoudite » en matière de secours aux personnes déplacées et aux réfugiés, en particulier des Syriens en Jordanie, au Liban et en Turquie, mais également au-delà du Moyen-Orient (Somalie et Myanmar). Plusieurs réalisations en témoignent.
Sur le plan institutionnel, le centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salman (KSRC), créé en mai 2015, coordonne acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux afin d’unifier les activités de secours. Le KSRC fonctionne comme un point de contact centralisé et de référence pour les flux nationaux de l'aide humanitaire à l’image de la United States Agency for International Development (USAID).
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a collaboré avec le King Salman Centre à l’élaboration de plans d'interventions humanitaires stratégiques ainsi qu'à un plan d'action conjoint sur les activités de renforcement de capacités et du partage de l'information.
De plus, sur le plan de la coopération internationale, le renouvellement du mémorandum de 1993 signé avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HRC), pour aider les personnes déplacées au Yémen, s’inscrit dans cette accentuation d'une logique humanitaire. Tout comme le KSRC, cet accord du 6 septembre 2015, de 31 millions de dollars à l’égard de 800 000 Yéménites, a pour objectif d’aider les personnes déplacées par la fourniture et la réhabilitation d'abris, la distribution de secours essentiels et de services de protection.
Pour autant, dans le contexte d'une « saoudisation du marché du travail » lancée par les réformes du prince héritier Mohammed Ben Salmane, les autorités publiques discriminent les travailleurs migrants ayant un statut irrégulier, en majorité des réfugiés, conduisant à leur arrestation, leur détention et leur déportation. En mars 2018, le ministère de l'Intérieur a lancé une campagne intitulée « une Nation sans délits et crimes », donnant aux travailleurs migrants 90 jours pour régulariser leur statut ou quitter le pays sans pénalités.
Sur le plan institutionnel, le centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salman (KSRC), créé en mai 2015, coordonne acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux afin d’unifier les activités de secours. Le KSRC fonctionne comme un point de contact centralisé et de référence pour les flux nationaux de l'aide humanitaire à l’image de la United States Agency for International Development (USAID).
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a collaboré avec le King Salman Centre à l’élaboration de plans d'interventions humanitaires stratégiques ainsi qu'à un plan d'action conjoint sur les activités de renforcement de capacités et du partage de l'information.
De plus, sur le plan de la coopération internationale, le renouvellement du mémorandum de 1993 signé avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HRC), pour aider les personnes déplacées au Yémen, s’inscrit dans cette accentuation d'une logique humanitaire. Tout comme le KSRC, cet accord du 6 septembre 2015, de 31 millions de dollars à l’égard de 800 000 Yéménites, a pour objectif d’aider les personnes déplacées par la fourniture et la réhabilitation d'abris, la distribution de secours essentiels et de services de protection.
Pour autant, dans le contexte d'une « saoudisation du marché du travail » lancée par les réformes du prince héritier Mohammed Ben Salmane, les autorités publiques discriminent les travailleurs migrants ayant un statut irrégulier, en majorité des réfugiés, conduisant à leur arrestation, leur détention et leur déportation. En mars 2018, le ministère de l'Intérieur a lancé une campagne intitulée « une Nation sans délits et crimes », donnant aux travailleurs migrants 90 jours pour régulariser leur statut ou quitter le pays sans pénalités.
Instaurer un véritable cadre juridique sur la question des réfugiés pour une modernisation de l’Etat saoudien
Selon l’UNHCR, l’adhésion à la Convention sur les réfugiés de 1951, et son protocole de 1967, ainsi que la mise en place d'un cadre juridique national fourniraient une base légale claire pour une véritable protection internationale des réfugiés. En effet, cela permettrait au gouvernement saoudien de traiter les questions relatives à l'asile de manière structurée. Les obligations saoudiennes en matière constitutionnelle, et notamment de respect des droits de l’homme, en sortiraient renforcées.
En outre, sur le plan d’un « soft-power saoudien », les retombées seraient majeures. D’une part, cela reconnaîtrait formellement la solidarité du royaume à l'égard des réfugiés, réaffirmant ainsi sa position de chef de file du monde sunnite. D’autre part, cela soulignerait l'importance de l'Arabie Saoudite de coopérer avec la communauté internationale dans ses efforts pour trouver des solutions aux réfugiés, solidairement des États d’accueil, à l’instar de la Turquie, de la Jordanie et du Liban.
En outre, sur le plan d’un « soft-power saoudien », les retombées seraient majeures. D’une part, cela reconnaîtrait formellement la solidarité du royaume à l'égard des réfugiés, réaffirmant ainsi sa position de chef de file du monde sunnite. D’autre part, cela soulignerait l'importance de l'Arabie Saoudite de coopérer avec la communauté internationale dans ses efforts pour trouver des solutions aux réfugiés, solidairement des États d’accueil, à l’instar de la Turquie, de la Jordanie et du Liban.
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Étudiante en master à Sciences Po Bordeaux, Mhia Rawnak est passionnée par les enjeux de cette région complexe qu'est le Moyen-Orient. Observatrice junior sur l'Arabie Saoudite depuis 2018 au sein de l’Observatoire Pharos, elle souhaite éclairer sur les nouvelles perspectives qui s'offrent ou s'imposent à cette théocratie, pilier du monde arabe en pleine mutation.
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