Clap de fin pour France Ô. Ainsi en a décidé le gouvernement, par la voix du ministère de la Culture, qui a confirmé sa fermeture définitive pour dimanche 23 août. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a fixé sa date de fin d’émission au 1er septembre.
C’est en 2005 que le groupe France Télévisions décide de remplacer l’ancienne chaîne d’informations généraliste RFO Sat par France Ô. Son objectif ? « Favoriser les échanges entre les différents pays des Outre-mer et valoriser sa culture », rappelle l’historien et spécialiste des médias Fabrice d’Almeida auprès de Saphirnews. Une mission qu’elle remplissait jusqu'ici auprès de trois millions d’Ultramarins.
C’est en 2005 que le groupe France Télévisions décide de remplacer l’ancienne chaîne d’informations généraliste RFO Sat par France Ô. Son objectif ? « Favoriser les échanges entre les différents pays des Outre-mer et valoriser sa culture », rappelle l’historien et spécialiste des médias Fabrice d’Almeida auprès de Saphirnews. Une mission qu’elle remplissait jusqu'ici auprès de trois millions d’Ultramarins.
Un pacte de visibilité des Outre-mers adopté
La suppression de la chaîne, pointée pour ses faibles audiences par la direction de France Télévisions, s'inscrit dans le cadre d'un plan d'économies de 190 millions d'euros réclamées par le gouvernement pour le groupe d'ici à 2022.
Emmanuel Macron, qui avait pourtant promis le maintien de la chaîne pendant la présidentielle de 2017, affirmait deux ans plus tard qu'« avoir une chaîne sur les Outre-mers n’était pas indispensable car cela revenait à justifier qu’elles n’avaient pas droit de cité au cœur de France Télévisions ».
En contre-partie de cette décision, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et le prédécesseur de Roselyne Bachelot à la Culture, Franck Riester, ont ainsi signé en juillet 2019 un « pacte de visibilité des Outre-mers ». Parmi les 25 mesures figurent, entre autres, la mise en place d’un soutien financier à la production de documentaires locaux et la dotation, pour la rédaction nationale, d’une équipe de coordination dédiée à l’actualité ultramarine. La disparition de France Ô sera ainsi compensée par la présence de sujets dédiés aux DOM-TOM dans les journaux, magazines et émissions du service public.
France Télévisions entend aussi pallier la disparition de la chaîne en assurant un plus grand développement numérique. Dans le cadre du pacte, le groupe a mis à disposition de son public le portail Outre-mer La 1ère, regroupant entre autres, journaux, magazines, documentaires mais aussi podcasts dédiés à l'actualité ultramarine.
Emmanuel Macron, qui avait pourtant promis le maintien de la chaîne pendant la présidentielle de 2017, affirmait deux ans plus tard qu'« avoir une chaîne sur les Outre-mers n’était pas indispensable car cela revenait à justifier qu’elles n’avaient pas droit de cité au cœur de France Télévisions ».
En contre-partie de cette décision, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et le prédécesseur de Roselyne Bachelot à la Culture, Franck Riester, ont ainsi signé en juillet 2019 un « pacte de visibilité des Outre-mers ». Parmi les 25 mesures figurent, entre autres, la mise en place d’un soutien financier à la production de documentaires locaux et la dotation, pour la rédaction nationale, d’une équipe de coordination dédiée à l’actualité ultramarine. La disparition de France Ô sera ainsi compensée par la présence de sujets dédiés aux DOM-TOM dans les journaux, magazines et émissions du service public.
France Télévisions entend aussi pallier la disparition de la chaîne en assurant un plus grand développement numérique. Dans le cadre du pacte, le groupe a mis à disposition de son public le portail Outre-mer La 1ère, regroupant entre autres, journaux, magazines, documentaires mais aussi podcasts dédiés à l'actualité ultramarine.
Une décision qui fait grincer des dents
Le but de la patronne de France Télévisions ? Faire en sorte que les rédactions adoptent « le réflexe Outre-mer ». Mais cette décision n'est pas pour plaire à tous.
« Un instrument de lutte contre les discriminations », c’est ainsi que les 125 personnalités signataires d’une tribune contre la suppression de France Ô, parue fin juillet dans les colonnes de Libération décrivent la chaîne, présentée comme un pygmalion d'une diversité sous-représentée.
« France Ô contribue fortement à soutenir la filière économique culturelle des Outre-mers en soutenant les artistes, les producteurs d’émissions, les cinéastes et les producteurs de fictions des Outre-mers à qui elle offre une diffusion nationale et internationale en plus des diffusions locales assurées par les chaînes Première. Supprimer France Ô en ce moment reviendrait à priver les artistes et les acteurs culturels de ressources », font-ils valoir.
Un constat partagé par Fabrice d'Almeida : « France Ô a été une véritable pépinière. Elle a permis l’émergence de tout un tas de journalistes, producteurs et réalisateurs par exemple. (…) Elle a montré d’autres visages à l’écran. »
« Un instrument de lutte contre les discriminations », c’est ainsi que les 125 personnalités signataires d’une tribune contre la suppression de France Ô, parue fin juillet dans les colonnes de Libération décrivent la chaîne, présentée comme un pygmalion d'une diversité sous-représentée.
« France Ô contribue fortement à soutenir la filière économique culturelle des Outre-mers en soutenant les artistes, les producteurs d’émissions, les cinéastes et les producteurs de fictions des Outre-mers à qui elle offre une diffusion nationale et internationale en plus des diffusions locales assurées par les chaînes Première. Supprimer France Ô en ce moment reviendrait à priver les artistes et les acteurs culturels de ressources », font-ils valoir.
Un constat partagé par Fabrice d'Almeida : « France Ô a été une véritable pépinière. Elle a permis l’émergence de tout un tas de journalistes, producteurs et réalisateurs par exemple. (…) Elle a montré d’autres visages à l’écran. »
L'avenir de la représentation médiatique des Outre-mers en jeu
France Ô, qui représentait 0, 3 % des parts d’audience de France Télévisions en 2019, était « relativement peu regardée par rapport aux autres chaînes du réseau La Première », tient à préciser Fabrice d’Almeida pour qui cette faible audience est à relativiser au vu du public que la chaîne cible. Néanmoins, « réunir 200 à 250 000 téléspectateurs quand on vise on un public de trois millions d’habitants, ce n’est pas mauvais. France Ô était une chaîne sur les Outre-mers pour les Outre-mers », indique-t-il.
Ces audiences seront boostées par le changement de cap de France Télévisions, espère le spécialiste : « Il faut voir la fin de cette chaîne comme une opportunité. Des diffusions sur France 2, France 3 ou France 5 auront plus d’impact en termes d’audience. Les acteurs des Outre-mers auront plus de visibilité. »
Plus de visibilité, certes, mais toujours est-il que la chaîne est perçue comme un canal indispensable pour les opposants à sa fermeture. « Supprimer France Ô, c’est aussi ôter aux téléspectateurs des départements et territoires une chaîne qu’ils apprécient », estiment-ils. « Si son audience atteint 0,6 % en 2018 dans l’Hexagone, elle y est multipliée par deux en Guadeloupe et se monte à 6,4 % à Mayotte, 6 % en Guyane, et 5,4 % en Polynésie (Mediamétrie 2019-2020). Dans les Outre-mers, elle devance régulièrement les chaînes France 5 ou France Info. C’est dire si elle est appréciée. Viendrait-il à l’idée d’un décideur de supprimer France 5 au prétexte qu’elle ne réalise pas de bons scores d’audience en outre-mer ? Evidemment non. »
Garantir une juste représentation des Outre-mers sera sans doute le plus grand défi du service public, qui ne devra pas tomber dans le piège du stéréotype, estime Fabrice d’Almeida : « De Sébastien Folin à Daniel Picouly, les acteurs de la chaîne ont toujours démontré qu’il y avait d’autres façons de regarder, de vivre, de sentir et que ces expressions étaient toutes Françaises. France Télévisions a un défi d'informations à relever mais également un défi culturel : elle doit ouvrir le champ des possibles au jeune Martiniquais ou Guadeloupéen qui suivra son contenu. Lui montrer que, lui aussi, il peut devenir écrivain, réalisateur ou rédacteur en chef. »
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Médias et diversité : difficile évidence
Ces audiences seront boostées par le changement de cap de France Télévisions, espère le spécialiste : « Il faut voir la fin de cette chaîne comme une opportunité. Des diffusions sur France 2, France 3 ou France 5 auront plus d’impact en termes d’audience. Les acteurs des Outre-mers auront plus de visibilité. »
Plus de visibilité, certes, mais toujours est-il que la chaîne est perçue comme un canal indispensable pour les opposants à sa fermeture. « Supprimer France Ô, c’est aussi ôter aux téléspectateurs des départements et territoires une chaîne qu’ils apprécient », estiment-ils. « Si son audience atteint 0,6 % en 2018 dans l’Hexagone, elle y est multipliée par deux en Guadeloupe et se monte à 6,4 % à Mayotte, 6 % en Guyane, et 5,4 % en Polynésie (Mediamétrie 2019-2020). Dans les Outre-mers, elle devance régulièrement les chaînes France 5 ou France Info. C’est dire si elle est appréciée. Viendrait-il à l’idée d’un décideur de supprimer France 5 au prétexte qu’elle ne réalise pas de bons scores d’audience en outre-mer ? Evidemment non. »
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