Que le Coran soit descendu sur le Prophète est une image paranormale qui oublie une bonne partie de l'histoire parce qu'on connaît aussi le Coran comme « livre », c'est à dire un objet. Une liasse de feuilles imprimées qui sont reliées ou brochées dans un certain ordre. Ce n'est pas sous cette forme que le Coran se présente au Prophète. Il ne l'a d'ailleurs jamais vu ainsi.
La culture du livre n'existait pas encore en son temps ; le premier livre en langue arabe est le Coran. Il existait des feuillets et des supports variés, assez rudimentaires pour envisager la reliure sous forme d'ouvrage. Malgré ce contexte, le génie du Prophète fut de veiller à faire écrire chaque révélation. À la coder et à demander qu'on l'apprenne par cœur et qu'on en fasse des copies de diffusion.
On ignore à partir de quel moment précis le Prophète commence cette édition sommaire de ce qui allait devenir le Coran. Mais il commence à La Mecque, s'entoure de secrétaires et poursuit cette tâche de préservation à Médine, soit durant une bonne vingtaine d'années. Une activité de secours car, dans une société de l'oral où l'écrit est naissant, où l'on se fie plus à la mémoire qu'à l'écrit.
La culture du livre n'existait pas encore en son temps ; le premier livre en langue arabe est le Coran. Il existait des feuillets et des supports variés, assez rudimentaires pour envisager la reliure sous forme d'ouvrage. Malgré ce contexte, le génie du Prophète fut de veiller à faire écrire chaque révélation. À la coder et à demander qu'on l'apprenne par cœur et qu'on en fasse des copies de diffusion.
On ignore à partir de quel moment précis le Prophète commence cette édition sommaire de ce qui allait devenir le Coran. Mais il commence à La Mecque, s'entoure de secrétaires et poursuit cette tâche de préservation à Médine, soit durant une bonne vingtaine d'années. Une activité de secours car, dans une société de l'oral où l'écrit est naissant, où l'on se fie plus à la mémoire qu'à l'écrit.
Quand la nécessité fait loi
L'édition du Coran n'est pas une nécessité du vivant du Prophète. Il connaît tout le texte par cœur et des centaines de compagnons aussi, notamment ceux que l'on nomme les scribes du Coran. Ils sont les gardiens, les hafiz, de la Parole de Dieu. Ce besoin apparaît peu après la mort du Prophète.
A la bataille d'al-Yamama, en l’an 633, 70 gardiens tombèrent en martyrs. La possibilité que le Coran soit en danger fut débattue et après hésitations, le calife Abu Bakr changea d'idée. Compiler les feuillets de Coran est une innovation car le Prophète aurait pu le faire et il ne l'a pas fait. Il n'en a même pas parlé. Il n'y avait pas d'urgence, mais la nécessité fit loi et les feuillets furent compilés.
Zaïd ibn Thabit fut désigné à la tête d'une équipe pour mener ce travail. Il était reconnu pour ses compétences analytiques et son intégrité. Il a voulu se battre aux côté des musulmans à la bataille de Badr. Certes, le Prophète manquait d'hommes mais il refusa sa demande en raison de son âge ; il avait 11 ans. Le jeune garçon fut très déçu et sa mère tenta en vain de le consoler.
Elle se rendit auprès du Prophète pour plaider le cas de son fils. Il est jeune mais vaillant, sérieux et très brillant parce qu'à son âge, il sait déjà lire et écrire. Et il apprend vite les langues. Le Prophète ne résista pas à la charge et finit par céder en prenant Zaïd à son service parmi les scribes du Coran. Un bonheur pour un jeune militant de l'islam de servir, aux premières loges, aux côtés du Prophète. En plus de la fonction de scribe du Coran, Zaïd dû apprendre des langues étrangères pour écrire des lettres diplomatiques du Prophète. En un mot, c’était un jeune intellectuel brillant qui a la confiance du Prophète.
A la bataille d'al-Yamama, en l’an 633, 70 gardiens tombèrent en martyrs. La possibilité que le Coran soit en danger fut débattue et après hésitations, le calife Abu Bakr changea d'idée. Compiler les feuillets de Coran est une innovation car le Prophète aurait pu le faire et il ne l'a pas fait. Il n'en a même pas parlé. Il n'y avait pas d'urgence, mais la nécessité fit loi et les feuillets furent compilés.
Zaïd ibn Thabit fut désigné à la tête d'une équipe pour mener ce travail. Il était reconnu pour ses compétences analytiques et son intégrité. Il a voulu se battre aux côté des musulmans à la bataille de Badr. Certes, le Prophète manquait d'hommes mais il refusa sa demande en raison de son âge ; il avait 11 ans. Le jeune garçon fut très déçu et sa mère tenta en vain de le consoler.
Elle se rendit auprès du Prophète pour plaider le cas de son fils. Il est jeune mais vaillant, sérieux et très brillant parce qu'à son âge, il sait déjà lire et écrire. Et il apprend vite les langues. Le Prophète ne résista pas à la charge et finit par céder en prenant Zaïd à son service parmi les scribes du Coran. Un bonheur pour un jeune militant de l'islam de servir, aux premières loges, aux côtés du Prophète. En plus de la fonction de scribe du Coran, Zaïd dû apprendre des langues étrangères pour écrire des lettres diplomatiques du Prophète. En un mot, c’était un jeune intellectuel brillant qui a la confiance du Prophète.
Un protocole très strict pour compiler le Coran
Dans la littérature islamique, on le confond parfois avec Zaïd ibn Haritha, qui était aussi proche du Prophète, en pleine confiance puisque son esclave affranchi avant de devenir son fils adoptif. Notre mère Aïcha estime que Zaïd ibn Haritha est le compagnon que le Prophète aurait désigné comme successeur s'il devait en désigner un. Le Prophète ne désigna pas de successeur. Cependant, il considéra l'autre Zaïd, Zaïd ibn Thabit, le directeur éditorial du Coran, comme « le plus savant des obligations religieuses » d'entre ses compagnons.
Par ailleurs, Zaïd ibn Thabit participa à la révision complète du Coran par le Prophète à son dernier mois de Ramadan. Il était ainsi au fait des tout derniers ajustements de la codification des versets. Il connaissait le Coran par cœur, mais il ne s'en tenait pas à sa propre mémoire pour l'édition. Avec son équipe, Zaïd ibn Thabit a mis au point un protocole très strict. L'équipe ne travaillait qu'à partir de feuillets originaux et chaque feuillet devait être certifié par deux témoins qui certifient qu'il a été rédigé en présence du Prophète lui-même. Commence ici une enquête aux anecdotes délicieuses.
« Je rentrais dans les maisons », disait Zaïd pour expliquer sa méthode de quête de feuillets originaux. Les feuillets de Médine étaient récents pour certains. Mais d'autres feuillets étaient de La Mecque, près de 20 ans d'âge pour certains. « Par Dieu, s’ils m’avaient demandé de déplacer une montagne, cela aurait été plus facile pour moi que de rassembler le Coran », disait le brave compagnon.
Au bout d'un certain temps, toutes les révélations furent réunies et tous les versets authentifiés sauf trois : les versets 128 et 129 de la sourate Le repentir (9) et le 23 de la sourate Les Coalisés (33). Trois versets connus mais les sources produites étaient non conformes aux critères d’authentification établis. Tous les efforts de l'équipe étaient rendus vains. Zaïd ibn Thabit a dit : « Il fallait rentrer dans les maisons. »
Par ailleurs, Zaïd ibn Thabit participa à la révision complète du Coran par le Prophète à son dernier mois de Ramadan. Il était ainsi au fait des tout derniers ajustements de la codification des versets. Il connaissait le Coran par cœur, mais il ne s'en tenait pas à sa propre mémoire pour l'édition. Avec son équipe, Zaïd ibn Thabit a mis au point un protocole très strict. L'équipe ne travaillait qu'à partir de feuillets originaux et chaque feuillet devait être certifié par deux témoins qui certifient qu'il a été rédigé en présence du Prophète lui-même. Commence ici une enquête aux anecdotes délicieuses.
« Je rentrais dans les maisons », disait Zaïd pour expliquer sa méthode de quête de feuillets originaux. Les feuillets de Médine étaient récents pour certains. Mais d'autres feuillets étaient de La Mecque, près de 20 ans d'âge pour certains. « Par Dieu, s’ils m’avaient demandé de déplacer une montagne, cela aurait été plus facile pour moi que de rassembler le Coran », disait le brave compagnon.
Au bout d'un certain temps, toutes les révélations furent réunies et tous les versets authentifiés sauf trois : les versets 128 et 129 de la sourate Le repentir (9) et le 23 de la sourate Les Coalisés (33). Trois versets connus mais les sources produites étaient non conformes aux critères d’authentification établis. Tous les efforts de l'équipe étaient rendus vains. Zaïd ibn Thabit a dit : « Il fallait rentrer dans les maisons. »
Le Coran sous forme de livre n'est qu'un complément au Coran que le musulman garde en mémoire
La Tradition rapporte une anecdote que je considère comme le plus beau miracle du Prophète. Un miracle posthume qui commence par une affaire de cheval que le Prophète avait acheté. Le marché est conclu et Rassul va chercher l'argent chez lui et promet de revenir pour payer. Or, le temps qu'il revienne, le marchand trouve un meilleur preneur et il n'a pas voulu rater cette occasion.
Quand le Prophète croise le marchand, l'homme nie avoir conclu cette affaire et faute de témoin, sa parole vaut celle du Prophète selon la loi tribale. Autour de lui, le Prophète cherche un témoin pour le sortir d'affaire. Mais il n'en trouve pas. Aucun des présents n'était au courant de l'affaire. Khuzayma ibn Thabit intervient alors et témoigne en faveur du Prophète. La loi tribale exigeait bien un témoin et Rassul venait d'en produire un. Affaire réglée. Le marchand doit tenir parole.
Mais il y avait un problème que le Prophète ne manqua pas de poser. Il se tourne vers Khuzayma et lui demande pourquoi il témoigne dans une affaire dont il n'était pas témoin. Khuzayma déclara à peu près ceci : « Ô Messager de Dieu ! Quand tu dis : "Dieu m’a révélé ceci ou cela", nous te croyons. Pourquoi ne te croirai-je pas dans une affaire de canasson que tu dis avoir acheté ? » Rassul apprécia le sens logique et surtout le degré de confiance que l'homme lui accordait dans son rôle de Messager de Dieu. C'est alors qu'il dit : « Si Khuzayma témoigne dans une affaire, son seul témoignage suffit. » Cet épisode s'arrête ici et la vie reprend son cours ; des années passent.
Au moment où Zaïd ibn Thabit reprend son bâton pour « entrer dans les maisons », Khuzayma, qui était absent, est rentré à Médine. Et il possède les feuillets car il se trouve être le scribe qui a noté les révélations concernées. Et « son témoignage suffit » comme le veut le Prophète. Zaïd est son équipe pouvaient boucler la première édition du Coran à partir de sources certifiées par le Prophète.
Ce premier Coran compilé sera la référence première. L'alphabet arabe qui était naissant va évoluer avec la conquête de peuples non-arabes. Des variations de prononciations et des désaccords entre les copistes imposèrent une mise à jour alphabétique. Une équipe fut réunie pour ce travail et Zaïd ibn Thabit était de la partie. Le résultat est connu comme le Coran d'Othman ibn Affan.
Pour passer du discours à un livre imprimé, le Coran suit tout un processus éditorial. Car, en vérité, le Coran sous forme de livre n'est qu'un complément au Coran que le musulman garde en mémoire afin de pouvoir le réciter à tout moment quand il veut. Et chaque récitation du Coran commence par la même expression, la basmala, l'objet de notre prochain billet.
Que Dieu accepte notre jeûne, nous guide et nous ouvre les portes du Coran. Que Sa Miséricorde comble Ses Envoyés et ceux qui les aime. Rendez-vous dans nos dou'as à l'heure de l'iftar !
Lire aussi :
La révélation de la sourate Fatiha
L'interruption de la Révélation du Coran
Comment je lis le Coran pendant le Ramadan
Les cinq modes de la Révélation coranique
La Révélation du Coran : quand Dieu nous parle
Islam et arabité : une vision de la nation islamique
Dhikr, dou'a, salat : prier Dieu en arabe
Un Ramadan de Fatihalogie
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Mais il y avait un problème que le Prophète ne manqua pas de poser. Il se tourne vers Khuzayma et lui demande pourquoi il témoigne dans une affaire dont il n'était pas témoin. Khuzayma déclara à peu près ceci : « Ô Messager de Dieu ! Quand tu dis : "Dieu m’a révélé ceci ou cela", nous te croyons. Pourquoi ne te croirai-je pas dans une affaire de canasson que tu dis avoir acheté ? » Rassul apprécia le sens logique et surtout le degré de confiance que l'homme lui accordait dans son rôle de Messager de Dieu. C'est alors qu'il dit : « Si Khuzayma témoigne dans une affaire, son seul témoignage suffit. » Cet épisode s'arrête ici et la vie reprend son cours ; des années passent.
Au moment où Zaïd ibn Thabit reprend son bâton pour « entrer dans les maisons », Khuzayma, qui était absent, est rentré à Médine. Et il possède les feuillets car il se trouve être le scribe qui a noté les révélations concernées. Et « son témoignage suffit » comme le veut le Prophète. Zaïd est son équipe pouvaient boucler la première édition du Coran à partir de sources certifiées par le Prophète.
Ce premier Coran compilé sera la référence première. L'alphabet arabe qui était naissant va évoluer avec la conquête de peuples non-arabes. Des variations de prononciations et des désaccords entre les copistes imposèrent une mise à jour alphabétique. Une équipe fut réunie pour ce travail et Zaïd ibn Thabit était de la partie. Le résultat est connu comme le Coran d'Othman ibn Affan.
Pour passer du discours à un livre imprimé, le Coran suit tout un processus éditorial. Car, en vérité, le Coran sous forme de livre n'est qu'un complément au Coran que le musulman garde en mémoire afin de pouvoir le réciter à tout moment quand il veut. Et chaque récitation du Coran commence par la même expression, la basmala, l'objet de notre prochain billet.
Que Dieu accepte notre jeûne, nous guide et nous ouvre les portes du Coran. Que Sa Miséricorde comble Ses Envoyés et ceux qui les aime. Rendez-vous dans nos dou'as à l'heure de l'iftar !
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