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Sur le vif

Des atteintes à la laïcité à l’école stables sauf celles liées au port de signes religieux, Pap Ndiaye réagit

Rédigé par Lionel Lemonier | Jeudi 13 Octobre 2022 à 15:30

           


Des atteintes à la laïcité à l’école stables sauf celles liées au port de signes religieux, Pap Ndiaye réagit
Ce sont 313 signalements d’atteinte au principe de laïcité qui ont été recensés dans les 59 260 écoles et établissements du second degré au cours du mois de septembre 2022, indique le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse dans un communiqué présentant, jeudi 13 octobre, le premier bilan mensuel de l’action des équipes Valeurs de la République.

Jusqu’à présent, cette synthèse était présentée sur un rythme trimestriel. « Cette rentrée s’inscrit dans le niveau des signalements observé lors du précédent trimestre scolaire, qui en a recensé 904 d’avril à juillet 2022 », précise le ministère. 51 % des faits signalés se sont déroulés dans un lycée (contre 30 % le trimestre précédent) ; 36% dans un collège (contre 51 %) et 13 % dans une école (contre 19 %). Une grande majorité (82 %) de ces atteintes ont été perpétrées par des élèves, contre 8 % de la part des personnels, 5 % des parents et 5 % d’autres personnes.

Mais quels sont les faits signalés ? Il s’agit pour l’essentiel (54 %) du port de signes et tenues (contre 41 % le second trimestre 2022). Les suspicions de prosélytisme restent au même niveau (8 %). Les refus d’activités scolaire baissent (7 % contre 13%) ainsi que les contestations d’enseignement (7 % contre 10%) et les provocations verbales (5 % contre 7 %). A l’inverse, il est constaté une légère hausse des « revendications communautaires » (7 % contre 5%).

« La tendance à l’augmentation identifiée au cours de l’année 2021-2022 se poursuit », estime le ministère, qui indique que les équipes académiques Valeurs de la République (EAVR) ont reçu 221 demandes de conseils de la part des « équipes éducatives » au cours du mois de septembre (contre 493 d’avril à juillet 2022). Il s’agit d’une preuve de « l’anticipation des chefs d’établissement, directeurs d’école et IEN (inspecteurs de l’Education nationale, ndlr) en continuation de la tendance observée d’avril à juillet 2022, dans un contexte de médiatisation croissante des atteintes à la laïcité ».

Du côté du ministre, encourager le dialogue et la pédagogie

La montée de revendications identitaires dans la jeunesse lycéenne est un fait dont les raisons demanderaient à être analysées. « Il y a bel et bien une vague de port de tenues pouvant être considérées comme religieuses, notamment les abayas, les qamis et les bandanas. Depuis quelques mois, nous avons pris connaissance d’un phénomène de coordination et d’agitation d’une partie de notre jeunesse sur les réseaux sociaux », déclare au Monde le ministre Pap Ndiaye.

Cette tendance n’a pas échappé au Conseil des mosquées du Rhône (CMR), qui faisait récemment état de son inquiétude face aux « comportements provocateurs et irresponsables » d’une « frange très minoritaire de la jeunesse française musulmane ». Le CMR en profitait alors pour rappeler son « attachement au principe de laïcité, tel qu’il a été imaginé et traduit à l’origine dans la loi de 1905 ».

« Un bandana n’est pas un signe religieux en lui-même, mais il peut le devenir. Nous ne pouvons pas publier un catalogue de tous les vêtements qui pourraient être religieux. C’est pourquoi les chefs d’établissement doivent regarder précisément les signes ostensibles », indique Pap Ndiaye. « Il convient d’agir avec fermeté et discernement. Je tiens à m’adresser aux chefs d’établissement et aux professeurs afin de réaffirmer le soutien total de toute l’institution. »

« La laïcité n’est pas une chasse aux sorcières. C’est une liberté, de croire ou de ne pas croire, c’est un principe de neutralité qui s’applique au service public, et il faut la voir d’abord sous ce régime. Il faut faire de la pédagogie et défendre une laïcité positive, et non synonyme de contrainte ou d’interdiction », fait part encore le ministre. « La loi de 2004 définit un espace, celui de l’école, où le savoir et la transmission sont garantis, sans interférence, pour le bien-être des élèves. Mais je conçois que, dans une partie de la jeunesse, cela puisse apparaître différemment. Raison de plus pour faire de la pédagogie et dialoguer. »

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