Najib Oudghiri (à droite) et Hassam Ghancy (à gauche) sont les deux protagonistes du film « Ennemis intérieurs », de Selim Azzazi, en lice pour les Oscars 2017, dans la catégorie du meilleur court métrage.
« Dans les années 1990, le terrorisme algérien s’invite en France. Deux hommes. Deux mémoires. Deux identités. Un affrontement. » Le synopsis est bref, mais il résume bien l’intrigue. Dans une salle au départ éclairée, puis qui deviendra sombre, un homme de nationalité algérienne fait une demande de naturalisation française et se voit subir vingt longues minutes d’entretien.
L’officier de police, joué par Najib Oudghiri (Braquo, Harissa mon amour), d’origine maghrébine lui aussi, fait le sale boulot. Des questions très suspicieuses, un ton rabaissant, humiliant, un sentiment de supériorité pour faire pression sur son interlocuteur, interprété par Hassam Ghancy (L’Oranais, Douce France). Fils d’un ancien du Front de libération nationale (FLN), diplômé du baccalauréat avec mention, cet ancien enseignant va vite voir sa demande de naturalisation tourner au cauchemar. Un interrogatoire qui vire au harcèlement dans une atmosphère lourde et pesante.
L’officier de police, joué par Najib Oudghiri (Braquo, Harissa mon amour), d’origine maghrébine lui aussi, fait le sale boulot. Des questions très suspicieuses, un ton rabaissant, humiliant, un sentiment de supériorité pour faire pression sur son interlocuteur, interprété par Hassam Ghancy (L’Oranais, Douce France). Fils d’un ancien du Front de libération nationale (FLN), diplômé du baccalauréat avec mention, cet ancien enseignant va vite voir sa demande de naturalisation tourner au cauchemar. Un interrogatoire qui vire au harcèlement dans une atmosphère lourde et pesante.
Un film politique, avec le terrorisme en toile de fond
A travers son film, Selim Azzazi contextualise cette demande de nationalité française faite par un Algérien, à une époque où le terrorisme en Algérie fait trembler tout un pays. Le « demandeur » se voit suspecté de terrorisme, de radicalisme – une situation toujours d’actualité d’ailleurs.
Le réalisateur questionne deux générations. Une plus ancienne qui a connu l’immigration en France dans les années 1970 et la difficulté de s’intégrer. Et l’autre, beaucoup plus jeune, incarné par Najib Oudghiri, celle qui est née en Hexagone, incarné par un personnage imbu de sa personne, qui lui-même oublie presque d’où il vient, notamment lorsqu’il demande à son aîné ce qu’il peut « apporter à la France ».
La suspicion, sentiment pesant tout au long du film, est en phase avec le titre du court métrage « Ennemis intérieurs ». Une notion que Sélim Azzazi expliquait dans les colonnes de Cineseries-Mag : « Mon père était algérien, j’ai très vite compris que ce qui m’intéressait dans cette histoire de suspicion, et d’appartenance ou pas à la nation, c’était la notion d’ennemis intérieurs, développée au cours de la guerre d’Algérie, pas que d’ailleurs. »
Le propos du film n’est en effet pas sans rappeler les interrogatoires effectués pendant la « chasse aux sorcières » du maccarthysme américain des années 1950. Le jeu des acteurs est saisissant, on se sent impliqué du début à la fin. L’interrogatoire, un poil poussé, ne gâche pas la crédibilité du scénario. Car ce qui est, au fond, traité, c’est bien la question de l’identité. Collabo ou résistant ? Droit du sol ou droit du sang ? Qu’est-ce qu’être « réintégré » dans la nation française alors que ses aïeux ont combattu pour l’indépendance de son pays d'origine ?
Le film a déjà reçu le Prix étudiant de la Jeunesse et le Prix du public lors du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand en 2015. Il concourt dans la catégorie du meilleur court-métrage de fiction pour les Oscars 2017, dont la cérémonie a lieu le 26 février au Dolby Theatre de Los Angeles.
Mise à jour lundi 27 février : L'Oscar dans cette catégorie a été remporté par le court-métrage hongrois Sing, de Kristóf Deák et Anna Udvardy, qui plonge le spectateur dans les années 1990 au sein d'une prestigieuse chorale dont une jeune fille va découvrir le sombre secret.
Le réalisateur questionne deux générations. Une plus ancienne qui a connu l’immigration en France dans les années 1970 et la difficulté de s’intégrer. Et l’autre, beaucoup plus jeune, incarné par Najib Oudghiri, celle qui est née en Hexagone, incarné par un personnage imbu de sa personne, qui lui-même oublie presque d’où il vient, notamment lorsqu’il demande à son aîné ce qu’il peut « apporter à la France ».
La suspicion, sentiment pesant tout au long du film, est en phase avec le titre du court métrage « Ennemis intérieurs ». Une notion que Sélim Azzazi expliquait dans les colonnes de Cineseries-Mag : « Mon père était algérien, j’ai très vite compris que ce qui m’intéressait dans cette histoire de suspicion, et d’appartenance ou pas à la nation, c’était la notion d’ennemis intérieurs, développée au cours de la guerre d’Algérie, pas que d’ailleurs. »
Le propos du film n’est en effet pas sans rappeler les interrogatoires effectués pendant la « chasse aux sorcières » du maccarthysme américain des années 1950. Le jeu des acteurs est saisissant, on se sent impliqué du début à la fin. L’interrogatoire, un poil poussé, ne gâche pas la crédibilité du scénario. Car ce qui est, au fond, traité, c’est bien la question de l’identité. Collabo ou résistant ? Droit du sol ou droit du sang ? Qu’est-ce qu’être « réintégré » dans la nation française alors que ses aïeux ont combattu pour l’indépendance de son pays d'origine ?
Le film a déjà reçu le Prix étudiant de la Jeunesse et le Prix du public lors du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand en 2015. Il concourt dans la catégorie du meilleur court-métrage de fiction pour les Oscars 2017, dont la cérémonie a lieu le 26 février au Dolby Theatre de Los Angeles.
Mise à jour lundi 27 février : L'Oscar dans cette catégorie a été remporté par le court-métrage hongrois Sing, de Kristóf Deák et Anna Udvardy, qui plonge le spectateur dans les années 1990 au sein d'une prestigieuse chorale dont une jeune fille va découvrir le sombre secret.