L’avenir démographique de la population sans appartenance religieuse
Si la question de l’islam a occupé une place importante durant le colloque, une intervention de Conard Hackett a prêté attention aux perspectives démographiques pour la population sans affiliation religieuse. Après tout, à l’heure où il est beaucoup question de sorties d’Églises et de nouvel athéisme ainsi que d’autres formes de non-croyance religieuse, tout porterait à croire que cette population va connaître une forte croissance.
Or, s’il est exact que la part des personnes sans affiliation religieuse a connu une augmentation forte dans des pays occidentaux et continuera d'augmenter en Europe et en Amérique du Nord au cours des 30 prochaines années, les perspectives globales à plus long terme sont plus complexes.
Avec un certain amusement, Hackett raconte que, lors de la publication de l’importante étude démographique du Pew Research Center sur l’avenir des religions en 2050, deux principaux résultats avaient été mis en évidence à cet horizon : la croissance de la population musulmane et le déclin du pourcentage des personnes sans affiliation religieuse dans la population mondiale. Or, tandis que le premier constat fit les grands titres, le second eut beaucoup moins d’écho, en raison de son caractère contre-intuitif : la plupart des journalistes ne pouvaient tout simplement pas imaginer une évolution de ce genre.
Selon les résultats des recherches du Pew Research Center, les personnes sans affiliation religieuse vont certes augmenter en nombre, mais pas en pourcentage de la population mondiale. Les personnes sans appartenance religieuse constituaient 16,4 % de la population mondiale en 2010. Leur âge moyen était de 34 ans, comparé à un âge moyen global de 28 ans. Leur taux de fertilité est inférieur au taux de remplacement. Les zones géographiques appelées à connaître la plus forte croissance démographique sont celles où les personnes sans affiliation religieuse sont le plus faiblement présentes.
Or, s’il est exact que la part des personnes sans affiliation religieuse a connu une augmentation forte dans des pays occidentaux et continuera d'augmenter en Europe et en Amérique du Nord au cours des 30 prochaines années, les perspectives globales à plus long terme sont plus complexes.
Avec un certain amusement, Hackett raconte que, lors de la publication de l’importante étude démographique du Pew Research Center sur l’avenir des religions en 2050, deux principaux résultats avaient été mis en évidence à cet horizon : la croissance de la population musulmane et le déclin du pourcentage des personnes sans affiliation religieuse dans la population mondiale. Or, tandis que le premier constat fit les grands titres, le second eut beaucoup moins d’écho, en raison de son caractère contre-intuitif : la plupart des journalistes ne pouvaient tout simplement pas imaginer une évolution de ce genre.
Selon les résultats des recherches du Pew Research Center, les personnes sans affiliation religieuse vont certes augmenter en nombre, mais pas en pourcentage de la population mondiale. Les personnes sans appartenance religieuse constituaient 16,4 % de la population mondiale en 2010. Leur âge moyen était de 34 ans, comparé à un âge moyen global de 28 ans. Leur taux de fertilité est inférieur au taux de remplacement. Les zones géographiques appelées à connaître la plus forte croissance démographique sont celles où les personnes sans affiliation religieuse sont le plus faiblement présentes.
L’évolution du pourcentage des personnes sans appartenance religieuse dans le monde dépendra considérablement de l’évolution de cette population en Asie, puisque c’est sur ce continent que se trouvent les effectifs les plus importants, notamment en Chine. Or, même si les perspectives statistiques d’évolution du paysage religieux chinois sont difficilement estimables, les indications suggèrent plutôt une augmentation du pourcentage des personnes embrassant une appartenance religieuse en Chine (tout en restant prudent quant à certaines estimations enthousiastes sur le nombre de chrétiens dans ce pays). Les projections du Pew Research Center prévoient une sensible diminution du pourcentage des personnes sans appartenance religieuse dans cette zone géographique : l'augmentation dans d'autres régions du monde ne compensera pas cette diminution. Le pourcentage global des personnes sans appartenance pourrait descendre à 13,2 % de la population mondiale à l'horizon 2050.
Certains critiques des projections du Pew Research Center rétorquent que la part des personnes sans attache religieuse augmentera dans des pays où presque tout le monde appartient aujourd’hui à une religion, par exemple en Afrique ou dans des pays musulmans. Même si un tel scénario ne peut être totalement exclu et modifierait en effet les perspectives dessinées par le rapport du Pew Research Center, les informations dont nous disposons n’indiquent aucune probabilité d’un tel scénario pour l’instant.
Bien que les réseaux sociaux permettent, par exemple, à des athées de pays musulmans de se constituer en groupes informels, rien n’indique qu’ils soient l'annonce de mouvements de masse — et, de toute façon, des projections démographiques ne peuvent prendre en compte que les identifications d’appartenance ou de non-appartenance, et pas les convictions profondes des personnes.
De même, s’il existe de petits groupes athées en Afrique, rien ne signale une croissance massive de non-appartenance religieuse sur ce continent. Remarquons d'ailleurs au passage que les personnes sans appartenance religieuse sont loin d'être athées dans leur majorité : nombre d'entre elles disent croire en Dieu.
Cela rappelle que la situation que nous observons aujourd’hui en Europe ne saurait automatiquement être appliquée au reste du monde. Le colloque de Turku a été l’occasion d’un dialogue entre tendances globales et éléments d’analyse sur la situation européenne. Les chiffres ne disent pas tout : il faut mettre de la chair sur ceux-ci et compléter les données démographiques et autres informations statistiques par des enquêtes quantitatives. Mais les chiffres nous fournissent d'importants indicateurs, permettant de mieux discerner les transformations et cibler les sujets à étudier de plus près.
Certains critiques des projections du Pew Research Center rétorquent que la part des personnes sans attache religieuse augmentera dans des pays où presque tout le monde appartient aujourd’hui à une religion, par exemple en Afrique ou dans des pays musulmans. Même si un tel scénario ne peut être totalement exclu et modifierait en effet les perspectives dessinées par le rapport du Pew Research Center, les informations dont nous disposons n’indiquent aucune probabilité d’un tel scénario pour l’instant.
Bien que les réseaux sociaux permettent, par exemple, à des athées de pays musulmans de se constituer en groupes informels, rien n’indique qu’ils soient l'annonce de mouvements de masse — et, de toute façon, des projections démographiques ne peuvent prendre en compte que les identifications d’appartenance ou de non-appartenance, et pas les convictions profondes des personnes.
De même, s’il existe de petits groupes athées en Afrique, rien ne signale une croissance massive de non-appartenance religieuse sur ce continent. Remarquons d'ailleurs au passage que les personnes sans appartenance religieuse sont loin d'être athées dans leur majorité : nombre d'entre elles disent croire en Dieu.
Cela rappelle que la situation que nous observons aujourd’hui en Europe ne saurait automatiquement être appliquée au reste du monde. Le colloque de Turku a été l’occasion d’un dialogue entre tendances globales et éléments d’analyse sur la situation européenne. Les chiffres ne disent pas tout : il faut mettre de la chair sur ceux-ci et compléter les données démographiques et autres informations statistiques par des enquêtes quantitatives. Mais les chiffres nous fournissent d'importants indicateurs, permettant de mieux discerner les transformations et cibler les sujets à étudier de plus près.
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En partenariat avec :
Jean-François Mayer est directeur de l’institut Religioscope, qui se consacre à l’étude des faits religieux et à leur impact dans le monde contemporain. Auteur de nombreux articles, il a notamment publié Les Fondamentalismes (Éd. Georg, 2002) et Internet et religions (Éd. Religioscope, 2008). Lire l’intégralité de l’article paru le 18 juin 2017 sur Religioscope.
Du même auteur :
Religions et Internet : qui a le droit de gérer le suffixe .islam ?
Qu’est-ce que la radicalisation ?
Jihadisme et « dérives sectaires » : quelle pertinence dans l'analyse comparative ?
La Suisse des mosquées
France : ces musulmanes qui adoptent le voile intégral
Les groupes religieux impriment leurs marques sur le Web
Terrorisme en Norvège : quelle est la religion d'Anders Breivik ?
Conversions religieuses et portraits de convertis
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Jean-François Mayer est directeur de l’institut Religioscope, qui se consacre à l’étude des faits religieux et à leur impact dans le monde contemporain. Auteur de nombreux articles, il a notamment publié Les Fondamentalismes (Éd. Georg, 2002) et Internet et religions (Éd. Religioscope, 2008). Lire l’intégralité de l’article paru le 18 juin 2017 sur Religioscope.
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