Connectez-vous S'inscrire

Sur le vif

Laïcité : un collège de Pau faussement accusé d’avoir cédé à la « pression » d’un collectif de parents musulmans

Rédigé par Lina Farelli | Lundi 2 Octobre 2023 à 16:55

           


Le collège Clermont de Pau. © Google Maps
Le collège Clermont de Pau. © Google Maps
Un collège de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, a été la cible d’une fake news bien typique de l’extrême droite, dans laquelle les musulmans sont de nouveau mis en cause. L’établissement a été accusé d’avoir mis en place « des salles de prière », « sous la pression d’un collectif de parents d’élèves de confession musulmane », dans le cadre d’un voyage scolaire à Arette, un village située dans le même département. Ces parents auraient « conditionné la participation de leurs enfants à cette sortie en exigeant la mise à disposition de salles réservées aux prières islamiques ».

La fausse information, débunkée par la presse régionale, s'est rapidement propagée sur les réseaux sociaux après la diffusion, mercredi 27 septembre, d’une lettre signée Annick Pillot, qui se trouve être une déléguée départementale du parti d’Eric Zemmour, Reconquête. Dans le courrier adressé à la principale du collège Clermont, l’ex-candidate aux élections législatives en 2022 écrit que le collège aurait cédé à « une évidente intimidation d’une communauté religieuse qui impose sa propre pratique cultuelle à l’ensemble des élèves de 4e ».

D’abord relayée par Valeurs actuelles où l’on fait le « récit d’une reddition », l’information a ensuite été reprise par la chaîne CNews et la radio RMC, sans émettre du conditionnel. Sur TPMP, un débat est également organisé vendredi 29 septembre en partant du postulat que l’information est « vraie ». « Et personne ne remet en question la véracité de cette anecdote qui, je le rappelle, je suis désolé de le dire, vient de Valeurs actuelles », s'était attristé le chroniqueur Hugo Manos. Il avait alors été tancé par Cyril Hanouna.

Le rectorat de Bordeaux a fait une mise au point et on est très loin d'une « pression » d'un « collectif » constitué de parents d’élèves musulmans. Seules « deux familles » ont fait part de leur souhait que leur enfant continue à pratiquer leur culte durant le voyage, « de manière individuelle et isolée », a-t-on expliqué au Parisien. Ces deux familles sont par ailleurs « de confession religieuse différente ». Un espace dédié « en dehors de la vue des autres enfants et de façon individuelle » a été mis à disposition par le lieu d’hébergement, mais cela ne relève pas d’une demande de l’établissement scolaire ni ne constitue une atteinte à la laïcité.

Si aucun exercice de culte ne peut avoir lieu dans un établissement ou durant les heures de cours, une tolérance est appliquée dans le cadre des voyages scolaires avec nuitées ou en internat, rappelle-t-on. « Aucune mise à disposition de lieu de culte collectif lors de ces activités n’est possible. Néanmoins, chaque élève pourra bénéficier d’un temps dédié relevant de sa sphère privée, en dehors des activités communes », précise le vademecum Laïcité du ministère de l’Éducation nationale. « Les conditions de la liberté de culte doivent être assurées, mais ne doivent pas heurter la liberté de conscience des autres élèves. »

Lire aussi :
Et Dieu dans tout ça ? Un livre pour parler religions et laïcité sans se fâcher
En finir avec les idées fausses sur la laïcité, par Nicolas Cadène
Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « laïcité »





SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !