© CC BY-SA 2.0/Luiz Munhoz
Cher Monsieur Rushdie,
Je suis soulagé et heureux de vous savoir sur la voie du rétablissement. Tout être humain attaché à la liberté d’expression a ressenti dans sa chair le caractère cruel de cette tentative d’assassinat. Choqué, je le suis. Oui, cette attaque m’a d’abord plongé dans un mutisme de sidération. J’ai eu du mal à le croire. Votre agresseur n’était même pas né lorsqu’un infâme message décrétant votre mise à mort est venu nourrir nos plus grandes inquiétudes quant à l’avenir de la liberté dans le monde.
Je croyais cette lointaine abomination éteinte, passée dans l’oubli. Ce qui vous est arrivé le vendredi 12 août dernier au centre culturel de Chautauqua, aux États-Unis, a ravivé nos peurs profondes. L’annonce de cette attaque contre votre personne avait des allures cauchemardesques. Non ! Pas ça ! Pas après tant d’horreurs commises au nom de l’islam !
Je vous écris de France, le pays des écrivains et des artistes, de l’ouverture et de la conscience libre. J’ai l’honneur de diriger une de ses lanternes, la Grande Mosquée de Paris, depuis laquelle nous diffusons au monde entier un message de paix, de tolérance et de fraternité, celui de l’islam véritable.
Le respect de la vie est un principe sacré dans notre religion. Vivre, c’est aussi écrire et dialoguer avec d’autres esprits éclairés et abreuvés d’humanisme. Nous dialoguons même avec ceux qui se méfient des musulmans, les critiquent ou les ostracisent. Durant quatorze siècles, le message coranique a éclairé l’humanité sans jamais s’éteindre. Je blâme ceux qui le détournent aujourd’hui et l’entraînent vers l’ombre.
Je suis soulagé et heureux de vous savoir sur la voie du rétablissement. Tout être humain attaché à la liberté d’expression a ressenti dans sa chair le caractère cruel de cette tentative d’assassinat. Choqué, je le suis. Oui, cette attaque m’a d’abord plongé dans un mutisme de sidération. J’ai eu du mal à le croire. Votre agresseur n’était même pas né lorsqu’un infâme message décrétant votre mise à mort est venu nourrir nos plus grandes inquiétudes quant à l’avenir de la liberté dans le monde.
Je croyais cette lointaine abomination éteinte, passée dans l’oubli. Ce qui vous est arrivé le vendredi 12 août dernier au centre culturel de Chautauqua, aux États-Unis, a ravivé nos peurs profondes. L’annonce de cette attaque contre votre personne avait des allures cauchemardesques. Non ! Pas ça ! Pas après tant d’horreurs commises au nom de l’islam !
Je vous écris de France, le pays des écrivains et des artistes, de l’ouverture et de la conscience libre. J’ai l’honneur de diriger une de ses lanternes, la Grande Mosquée de Paris, depuis laquelle nous diffusons au monde entier un message de paix, de tolérance et de fraternité, celui de l’islam véritable.
Le respect de la vie est un principe sacré dans notre religion. Vivre, c’est aussi écrire et dialoguer avec d’autres esprits éclairés et abreuvés d’humanisme. Nous dialoguons même avec ceux qui se méfient des musulmans, les critiquent ou les ostracisent. Durant quatorze siècles, le message coranique a éclairé l’humanité sans jamais s’éteindre. Je blâme ceux qui le détournent aujourd’hui et l’entraînent vers l’ombre.
Le jour où nous comprendrons que la critique de l’islam n’affaiblit en rien notre foi, commencera alors une nouvelle étape vers un possible progrès
Je vous laisse imaginer, Monsieur Rushdie, le lourd sentiment de responsabilité qui pèse sur nous, les musulmans attachés aux valeurs universelles, après chaque acte violent commis par des extrémistes. Après coup, les plus irréprochables d’entre nous continueront à susciter méfiance et suspicion du simple fait d’être musulmans.
Votre histoire et celle d’autres intellectuels intimidés et menacés nous a appris la nécessité d’une irréprochable pédagogie de l’islam. Elle passe d’abord par la connaissance de nos propres faiblesses. Remettre la liberté d’opinion au centre des discussions sur l’islam est, à mon avis, l’un des chemins les plus courts menant à une prise de conscience collective. Le refus du débat est une preuve de faiblesse. Sommes-nous faibles ? Le jour où nous comprendrons que la critique de l’islam n’affaiblit en rien notre foi, commencera alors une nouvelle étape vers un possible progrès. Le caractère universel de la religion musulmane n’est plus à prouver. Mais il est à revaloriser et à inculquer de nouveau.
Monsieur Rushdie, vous n’êtes pas un ennemi de l’islam. Vous êtes un écrivain. Continuez à écrire. Écrivons. Dialoguons. Apprenons les uns des autres. Le dialogue reste notre dernier espoir pour éviter l’irréparable dans ce monde de plus en plus inquiétant.
****
Chems-Eddine Hafiz est recteur de la Grande Mosquée de Paris. Il est l'auteur du livre « N'en déplaise à certains, nous sommes les enfants de la République » (Kero, 2022).
Lire aussi :
Après l’attaque contre Salman Rushdie, l’Iran rejette la faute sur l’écrivain
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Voir aussi la vidéo de La Casa del Hikma : Le blasphème, un pousse-au-crime légitimé par l’islam ?
Et aussi la vidéo : La fatwa, une condamnation à mort ? Une mise au point s'impose
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Monsieur Rushdie, vous n’êtes pas un ennemi de l’islam. Vous êtes un écrivain. Continuez à écrire. Écrivons. Dialoguons. Apprenons les uns des autres. Le dialogue reste notre dernier espoir pour éviter l’irréparable dans ce monde de plus en plus inquiétant.
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Chems-Eddine Hafiz est recteur de la Grande Mosquée de Paris. Il est l'auteur du livre « N'en déplaise à certains, nous sommes les enfants de la République » (Kero, 2022).
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