Dans le film « Nos Patriotes », le comédien Marc Zinga interprète le rôle d'Addi Bâ Mamadou, un tirailleur qui fut chef du premier maquis créé dans les Vosges lors de la Seconde Guerre mondiale. © Christine Tamalet
Mamadou Addi Bâ, ce nom ne vous dit-il rien ? Il aurait pourtant mérité qu’on s’y attarde plus longuement, et ce bien avant la sortie du film « Nos Patriotes ». L'occasion est venue plus de 73 ans après sa mort. Au-delà du film, que retenir de sa vie ?
Né en 1916, au cœur du Fouta Djalon, dans le petit village guinéen de Pelli-Foulayabé, il est issu d’une famille d’éleveurs peuls. C'est dans la campagne guinéenne au milieu des troupeaux, entouré de sa famille, que Mamadou grandit. Une rencontre va donner au destin du jeune homme une trajectoire particulière. C'est celle de la famille Maurice (originaire de Langeais, une petite ville Indre-et-Loire) qui lui propose de rentrer en France à ses côtés.
C’est donc à l’âge de 19 ans que le jeune homme quitte les siens avec, pour seul bagage, une photo de sa mère et de sa sœur ainsi qu'un vieux Coran offert par son père. Ses au revoir seront en réalité des adieux : Mamadou ne verra plus jamais sa terre natale.
Né en 1916, au cœur du Fouta Djalon, dans le petit village guinéen de Pelli-Foulayabé, il est issu d’une famille d’éleveurs peuls. C'est dans la campagne guinéenne au milieu des troupeaux, entouré de sa famille, que Mamadou grandit. Une rencontre va donner au destin du jeune homme une trajectoire particulière. C'est celle de la famille Maurice (originaire de Langeais, une petite ville Indre-et-Loire) qui lui propose de rentrer en France à ses côtés.
C’est donc à l’âge de 19 ans que le jeune homme quitte les siens avec, pour seul bagage, une photo de sa mère et de sa sœur ainsi qu'un vieux Coran offert par son père. Ses au revoir seront en réalité des adieux : Mamadou ne verra plus jamais sa terre natale.
Etienne Guillermond ; Addi Bâ, Résistant des Vosges, Éditions Duboiris, 2013
Un fervent musulman qui n'en est pas moins patriote
Il découvre la France des années 1930, celle de l'entre-deux-guerres qui se reconstruit. Le jeune Guinéen mène une vie paisible auprès des Maurice qui apprécient sa compagnie. Il est choyé, chéri comme un enfant adoptif. Les Maurice voyaient peut-être en lui le fils qu'ils n'ont jamais eu. Petit par la taille (il mesurait seulement 1 m 55) mais vif par l'esprit, ses ambitions sont grandes : Mamadou aspire à découvrir la capitale. Quelques années plus tard, il quitte Langeais pour s'installer à Paris.
On connait très peu de choses sur ses activités parisiennes. On sait néanmoins qu'il fréquente la Grande Mosquée de Paris. Loin de sa terre natale, Mamadou ne néglige pas moins sa religion. Il prend soin de cultiver sa foi religieuse. Les témoignages le décrivent comme un homme très pieux, assidu dans ses prières quotidiennes.
Fervent musulman, il n'en est pas moins patriote. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, c'est du côté de la France qu'il décide de prendre part au conflit. Commence alors le début de l'épopée guerrière de celui que l’Histoire retiendra comme Addi Bâ. Le 14 novembre 1939, il s’engage dans l’armée comme volontaire. Mamadou est affecté dans le 12e régiment des tirailleurs sénégalais. Il est envoyé à Sanary-sur-Mer, dans le Var. Addi Bâ fait ses armes dans les Ardennes et dans la Meuse.
Les combats font rage et c'est avec beaucoup de courage qu'il affronte les soldats de l'armée allemande, qui n'entendent faire preuve d'aucune pitié face aux troupes noires de l'armée française. En juin 1940, il est fait prisonnier à Harréville-les-Chanteurs, en Haute-Marne, et est envoyé à Neufchâteau, dans les Vosges. Malin, le soldat parvient très vite à s’échapper de la caserne. Addi Bâ s’installe à Tollaincourt, un petit village vosgien. Aidé par la population, il est caché avec l’aide du maire.
On connait très peu de choses sur ses activités parisiennes. On sait néanmoins qu'il fréquente la Grande Mosquée de Paris. Loin de sa terre natale, Mamadou ne néglige pas moins sa religion. Il prend soin de cultiver sa foi religieuse. Les témoignages le décrivent comme un homme très pieux, assidu dans ses prières quotidiennes.
Fervent musulman, il n'en est pas moins patriote. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, c'est du côté de la France qu'il décide de prendre part au conflit. Commence alors le début de l'épopée guerrière de celui que l’Histoire retiendra comme Addi Bâ. Le 14 novembre 1939, il s’engage dans l’armée comme volontaire. Mamadou est affecté dans le 12e régiment des tirailleurs sénégalais. Il est envoyé à Sanary-sur-Mer, dans le Var. Addi Bâ fait ses armes dans les Ardennes et dans la Meuse.
Les combats font rage et c'est avec beaucoup de courage qu'il affronte les soldats de l'armée allemande, qui n'entendent faire preuve d'aucune pitié face aux troupes noires de l'armée française. En juin 1940, il est fait prisonnier à Harréville-les-Chanteurs, en Haute-Marne, et est envoyé à Neufchâteau, dans les Vosges. Malin, le soldat parvient très vite à s’échapper de la caserne. Addi Bâ s’installe à Tollaincourt, un petit village vosgien. Aidé par la population, il est caché avec l’aide du maire.
Un résistant dans l'âme et dans les actes
Son destin prend alors une nouvelle voie, celle de ceux qui refusent la défaite. A Lamarche, Addi Bâ rencontre Marcel Arburger, un artisan qui fabrique des outils en fer blanc. Ce ferblantier d'une quarantaine d'années est père de deux enfants. Depuis le début de l'Occupation, il organise la résistance avec une poignée d'hommes pour structurer un réseau dans la région.
Avec ses camarades, Marcel Arburger met en place, dès 1942, un camp-refuge au cœur des Vosges pour les réfractaires du Service du travail obligatoire (STO), instauré le 16 février 1943 par le régime de Vichy, dans le but de participer à l’effort de guerre allemand en réquisitionnant des jeunes hommes.
Le camp de la Délivrance sera le premier du département. Ce maquis, qu'Addi Bâ est amené à diriger au printemps 1942, dispose de peu de moyens et se trouve vite saturé. Eveillant les soupçons, le camp est dénoncé en juillet 1943. L’armée allemande investit rapidement le secteur. Avec Marcel Arburger, Addi Bâ est arrêté. Les deux hommes sont emprisonnés à Epinal. Torturés pendant plusieurs semaines par la Gestapo, ils sont condamnés à la peine de mort pour « acte de francs-tireurs ». Addi Bâ est fusillé le 18 décembre 1943, à l’âge de 27 ans, au plateau de la Vierge, à Epinal.
Il faudra attendre 2003 – 60 ans après sa mort – pour que les autorités françaises ne décident de délivrer la médaille de la Résistance à Addi Bâ. A l'image de l'histoire de ce vaillant résistant, celle des tirailleurs africains est souvent méconnue. Pourtant, ils ont été nombreux courageux héros anonymes à répondre à l'appel de la métropole. Présents sur tous les fronts, partout ils ont versé leur sang pour la France dans la douleur, souvent sans les honneurs qu'ils méritent. Ils ont choisi de faire des idéaux français les leurs, combattant un ennemi commun. Ils ont choisi la France et donné leur vie. Il faudra bien qu'un jour l'Histoire honore ces tirailleurs sénégalais morts pour la République.
Avec ses camarades, Marcel Arburger met en place, dès 1942, un camp-refuge au cœur des Vosges pour les réfractaires du Service du travail obligatoire (STO), instauré le 16 février 1943 par le régime de Vichy, dans le but de participer à l’effort de guerre allemand en réquisitionnant des jeunes hommes.
Le camp de la Délivrance sera le premier du département. Ce maquis, qu'Addi Bâ est amené à diriger au printemps 1942, dispose de peu de moyens et se trouve vite saturé. Eveillant les soupçons, le camp est dénoncé en juillet 1943. L’armée allemande investit rapidement le secteur. Avec Marcel Arburger, Addi Bâ est arrêté. Les deux hommes sont emprisonnés à Epinal. Torturés pendant plusieurs semaines par la Gestapo, ils sont condamnés à la peine de mort pour « acte de francs-tireurs ». Addi Bâ est fusillé le 18 décembre 1943, à l’âge de 27 ans, au plateau de la Vierge, à Epinal.
Il faudra attendre 2003 – 60 ans après sa mort – pour que les autorités françaises ne décident de délivrer la médaille de la Résistance à Addi Bâ. A l'image de l'histoire de ce vaillant résistant, celle des tirailleurs africains est souvent méconnue. Pourtant, ils ont été nombreux courageux héros anonymes à répondre à l'appel de la métropole. Présents sur tous les fronts, partout ils ont versé leur sang pour la France dans la douleur, souvent sans les honneurs qu'ils méritent. Ils ont choisi de faire des idéaux français les leurs, combattant un ennemi commun. Ils ont choisi la France et donné leur vie. Il faudra bien qu'un jour l'Histoire honore ces tirailleurs sénégalais morts pour la République.
Première parution dans le numéro 21 du journal Philanthropie, journal de l'Association des étudiants africains de la Sorbonne (ADEAS).
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